jeudi 31 décembre 2020

Mon avis sur "Nos silences ne sont pas des chansons d'amour" de Tom Noti

J'ai découvert l'univers de Tom Noti voici quelques semaines avec son émouvant roman Elles m'attendaient... c'était juste avant la sortie de Nos silences ne sont pas des chansons d'amour. Ayant été particulièrement touchée par la plume et l'humanisme de cet auteur, je ne pouvais passer à côté de ce nouveau roman publié par les Éditions La Trace.

« Si vous n’aviez qu’un ami, 
mais qu’il était fan de karaoké...
Si vous n’aviez qu’un frère, mais qu’il était parti vivre sa passion loin de vous...
Si vous n’aviez qu’une passion, mais que la vie l’avait mise en sourdine...
Et si vous receviez des textos de votre mère, mais qu’elle était pourtant morte depuis des années… »
Immanquable moment !
Loser résigné et tout fraîchement largué par sa copine, Aldino est hébergé par son unique pote et de surcroît collègue de bureau, qui n'a de cesse de pousser la chansonnette. Pour couronner le tout, sa mère décédée le harcèle par SMS. Une énième fois, Aldino est au fond du trou, mais ce qu'il ne sait pas encore c'est que parfois il suffit d'une rencontre, d'enchainer les petits évènements sans conséquence comme par exemple craquer pour une Volkswagen Coccinelle orange, pour prendre un nouveau départ et qui sait goûter au bien-être voire au bonheur.

Une fois de plus, Tom Noti nous plonge dans la vie un peu en marge d'un homme qui doute. Difficile d'avoir confiance en soi quand on a grandi à l'ombre d'un grand frère champion de foot adulé par toute la famille et les proches. Difficile de croire en soi lorsque l'on a manqué d'amour, quand son enfance a été bercée de non-dits, quand on a renoncé à tant de choses parce que l'on ne se sent nulle part à sa place. Aldino est ce genre d'homme. Pas franchement à l'aise dans sa peau, gauche avec les autres, subissant la vie. C'est un vrai loser. Pour autant et c'est là tout le talent de Tom Noti, sur fond musical, allant des chansons populaires en passant par le Blues pour finir sur de bons vieux Rock, son personnage va au gré de ses rencontres se libérer et vivre. Enfin.  Let's go Aldino !

Lire Nos silences ne sont pas des chansons d'amour c'est accepter de plonger avec délicatesse dans les tréfonds de l'âme des Hommes, de voir ce qui est invisible pour les yeux, mais que l'on ne voit bien qu'avec le cœur. Comme l'a si bien écrit David Zaoui en préface, "S'inviter chez Tom, s'abandonner dans ses mots, côtoyer ses personnages, plonger dans sa puissance narrative, son charme raffiné, offre la promesse de la plus belle chose qui soit en matière littéraire : celle d'un rendez-vous avec un auteur unique." Je ne peux que confirmer les propos de David Zaoui, Nos silences ne sont pas des chansons d'amour est un beau rendez-vous avec auteur unique, Tom Noti. Alors invitez-vous dans son univers et laissez-vous séduire par son touchant Aldino.

Belle lecture !

dimanche 27 décembre 2020

Mon avis sur "Zone grise" de Loulou Robert

Il y a deux ans Loulou Robert me donnait mon premier uppercut avec son intense Sujet inconnuJ'étais sonnée par sa plume, son style, son urgence à coucher ses mots/maux, la profondeur de sa réflexion, son feu intérieur. En lisant Zone grise je crois avoir compris d'où lui vient cette puissance littéraire.

« Je suis face à mon père et je raconte l’histoire de celle qui ne voulait pas. Celle qui n’a pas dit non une seule fois. Celle qui ne s’est pas débattue. Ils me diront : pourquoi tu n’as pas dit non ? Pourquoi tu n’es pas partie ? Pourquoi tu l’as revu après ? Pourquoi tu as menti ? Pourquoi tu en fais un drame ? Pourquoi tu fais toujours des drames ? Certains penseront que je fais des histoires pour rien. Pour moi, ce ne sera jamais rien. Il faut faire des histoires. Ce livre n’est pas un roman. Ce livre est un combat. »
À dix-huit ans, Loulou, alors jeune mannequin, « a une histoire » avec D, un photographe de mode. C’est ce qu’elle se raconte, parce que la réalité est trop insupportable : elle a été victime d’un prédateur, et si elle n’a pas consenti, elle n’a pas non plus résisté. Dix ans plus tard, toujours habitée par la culpabilité et la honte, elle tente de comprendre cette jeune fille qui n’a pas su, n’a pas pu dire non. Et s’attache, dans un style percutant et rageur, à effacer le gris de cette zone où rien n’est ni noir ni blanc. Au-delà de son histoire personnelle, il y a celle des filles et des garçons, de leur éducation. Parce que tout part de là.

Zone grise n'est pas un roman, c'est un récit. Le récit de ce qu'a vécu son auteure. Un photographe de renom a abusé d'elle alors qu'elle était tout juste majeure. Tout a commencé durant un week-end de shooting organisé en province, loin des siens. Quand il a commencé à la toucher, elle n'a pas dit oui, elle n'a pas su dire non. Elle s'est tue. Avant. Pendant. Après. Elle a fait comme si. Tout ce temps, son cerveau s'est mis en mode pause. Par facilité. Ça a duré des années. Vu de l'extérieur cela peut sembler incompréhensible. Mais combien de femmes ont été, sont encore victimes d'abus sexuels, de viols, dans des circonstances similaires ? Combien d'entre elles ont occulté, occultent la vérité pour survivre, ne pas sombrer tout simplement ? Parfois, il suffit d'entendre le témoignage d'une autre, pour que la vérité rejaillisse violemment. Elle vous foudroie. Vient alors le moment de mettre des mots sur ses maux. Parler. À ses proches d'abord, puis aux hommes de loi, et lorsqu'on le peut, aux journalistes. Parler pour se libérer, mais parler surtout pour que ce que l'on a à dénoncer touche le plus grand nombre et que cela ne se reproduise plus. Après la parole, est venu pour Loulou Robert le temps de l'écriture. Coucher sur papier ce qu'elle a subi. Pour que chacun reste à sa juste place. Le prédateur est le coupable. Celui ou celle qui a subi ses assauts est la victime. 

C'est donc avec beaucoup de courage et de pudeur que Loulou Robert a osé raconter son histoire. Elle apporte un témoignage fort sur ce qu'est la Zone grise cet instant où les femmes cèdent à la pression des hommes sans pour autant consentir. Pourtant c'est simple, si pas oui, et qu'on force un personne à faire ce qu'elle ne veut pas explicitement, c'est un viol. Qu'on se le dise pour qu'enfin la honte et la peur changent de camp. Zone grise est un récit percutant, poignant, il est à lire pour que plus jamais quiconque ne soit contraint de faire ce qu'il n'a pas envie de faire. Quant à Loulou Robert c'est une femme sacrément courageuse. Espérons que Zone grise lui aura permis d'abandonner cette peur et cette honte qui lui collaient à la peau. Loulou Robert a été victime d'un certain D. 

Belle lecture !

Et n'oubliez pas, le consentement c'est simple comme une tasse de thé !

dimanche 13 décembre 2020

Mon avis sur "Vivants" de Mehdi Charef

Mehdi Charef est né en Algérie. Il a dix ans lorsqu'il arrive en France en 1962. Il a connu les bidonvilles et les cités de transit de Nanterre. Fils d’ouvrier, il a travaillé près de quinze ans en usine avant de devenir écrivain, cinéaste et scénariste. Sacré parcours !
Le retour de Mehdi Charef en littérature en 2019 avec Rue des pâquerettes a été très remarqué et très bien accueilli. Il a entrepris de raconter son histoire. Vivants est le second opus de la trilogie qu'il lui consacre.

J’apprends à mon père à écrire son nom. Il tient bien le stylo entre ses trois doigts, il ne tremble pas. Est-il épaté ou troublé d’écrire pour la première fois de sa vie, à trente-six ans ?
Mon père est de cette génération qu’on a fait venir en France après la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire ce que les Américains et les Allemands avaient bombardé. Que de temps perdu, depuis les années qu’il est là. On aurait pu proposer aux ouvriers algériens des cours du soir, leur montrer ainsi un peu d’estime. Ils devraient tous savoir lire et écrire. Mon père sourit, ses yeux brillent. Il est là, surpris, ému, parce qu’il voit bien que ce n’est pas si difficile que ça de se servir d’un stylo. À côté de lui, j’entends sa respiration, son souffle.
À quoi pense-t-il ce soir dans notre baraque ? Se dit-il qu’analphabète, il est une proie facile pour ses employeurs, un animal en captivité ?
La colère monte en moi.

Dans Rue des Pâquerettes (disponible dorénavant en format poche chez Pocket), Mehdi Charef revenait sur son arrivée en France en 1962, dans le bidonville de Nanterre. Une fois celui-ci détruit, les familles ont été relogées dans une cité de transit en attendant de pouvoir accéder aux habitations à loyer modéré. Vivants est le récit de cette période. 

Vivre dans des préfabriqués constitue une vraie progression pour ces familles d'immigrés. Finie la promiscuité, l'eau coule à flot et chaque baraque dispose de ses propres toilettes. Même si tout n'est pas encore parfait, si cette avancée est cher payée et que le provisoire s'éternise, la vie s'organise. Des femmes et des hommes se marient, des enfants naissent et le progrès technologique s'invite dans les baraques. Les télévisions et les machines à laver révolutionnent le quotidien. Et puis chaque jeudi matin, parce que les enfants ne sont pas à l'école et qu'ils traduisent ses propos, une bonne sœur faisant office d'infirmière et d'assistante sociale déboule sur son Solex pour parler santé, hygiène et contraception aux mères pendant que leurs maris sont sur les chantiers ou dans les ateliers d'usine. Malgré tout ce qu'ils ont enduré, ces hommes, ces femmes et ces enfants sont Vivants. Ils connaissent de réels moments d'insouciance et de joie. Ils sont solidaires et forment une communauté soudée. 

Vivants est parsemé d’anecdotes du quotidien au sein de cette cité de transit, de souvenirs du bled et de réflexions personnelles. Oui parce que les français ne sont pas si accueillants que cela, ils font peur.  En dépit de son jeune âge, Mehdi Charef a conscience du monde qui l'entoure. Il sait que le retour en Algérie est un leurre, que seules l'école et la maîtrise du français l'émanciperont. Alors, malgré tous les obstacles, les préjugés, il fera tout pour s'intégrer.

Vivants est un témoignage à la fois touchant de sincérité et révoltant. Avec émotion et une certaine candeur, Mehdi Charef de sa plume alerte raconte cette période de sa vie à hauteur d'enfant et c'est là tout son talent. Ce n'est pas l'adulte érudit qu'il est devenu qui s'exprime, mais l'enfant qu'il était alors, tiraillé entre insouciance et crainte. Espoir et volonté de s'en sortir dominent le récit. Une vraie leçon d'humilité et de vie. On ressort de cette lecture, Vivants.

Belle lecture !

mardi 8 décembre 2020

Mon avis sur "Liv Maria" de Julia Kerninon

Julia Kerninon est écrivaine, docteure ès lettres, spécialiste de littérature américaine. Elle s’est fait remarquer dès son premier roman, Buvard, qui a reçu notamment le prix Françoise-Sagan. Trois livres vont suivre aux Éditions du Rouergue, dans lesquels elle affirme son talent et déroule son principal thème de prédilection, la complexité du sentiment amoureux. Liv Maria son cinquième roman disponible chez L'iconoclaste, ne déroge pas à la règle.

Son nom est Liv Maria Christensen. Enfant solitaire née sur une île bretonne, entre une mère tenancière de café et un père marin norvégien. Envoyée subitement à Berlin à l’âge de 17 ans, elle tombe amoureuse de son professeur d’anglais. Le temps d’un été, elle apprend tout. Le plaisir des corps, l’intensité des échanges. Mais, à peine sortie de l’adolescence, elle a déjà perdu tous ses repères. Ses parents décèdent dans un accident, la voilà orpheline. Et le professeur d’été n’était peut-être qu’un mirage. Alors, Liv Maria s’invente pendant des années une existence libre en Amérique latine. Puis, par la grâce d’un nouvel amour, elle s’ancre dans une histoire de famille paisible, en Irlande. Deux fils viennent au monde. Mais Liv Maria reste une femme insaisissable, même pour ses proches. Comment se tenir là, dans cette vie, avec le souvenir de toutes celles d’avant ?

Julia Kerninon brosse le portrait fascinant d’une femme insulaire marquée à vif par un secret qu'elle juge inavouable. Femme libre, indépendante, Liv Maria est née d'un père marin venu du froid, passionné de littérature et d'une mère îlienne au sang bouillonnant, forte mais taiseuse. Après une malencontreuse rencontre, ses parents décident de l'envoyer passer un été à Berlin. Ces quelques mois sur le continent vont définitivement bouleverser sa vie. Liv Maria va découvrir l'amour, l'abandon et la solitude. Les différentes épreuves de la vie la mèneront en Amérique du Sud où elle va s'établir et asseoir son destin jusqu'à ce qu'elle rencontre celui qui la ramènera en Europe et fera d'elle une mère et une libraire heureuse. Heureuse Liv Maria le sera jusqu'à ce que son honnêteté et son imprévisibilité la conduisent ailleurs. Femme libre, elle deviendra prisonnière de son passé.

Avec une plume sensible et lumineuse, Julia Kerninon nous propose un voyage non seulement d'une île à une autre, d'un continent à l'autre, mais surtout un voyage qui nous plonge dans l'intimité d'une femme à la fois forte et fragile, abrupte et subtile, libre et fugitive. On suit cette héroïne au gré de ses rencontres, ses aventures, ses questionnements. Et même si parfois les hasards semblent peu vraisemblables, on les épouse au même titre que les choix de Liv Maria.

Liv Maria est une pluralité de femmes, que je n'oublierai pas de sitôt et Julia Kerninon une auteure que je vais vite retrouver, son précédent roman Ma dévotion, me fait déjà de l'œil.

Belle lecture !

jeudi 3 décembre 2020

Mon avis sur "Les cœurs imparfaits" de Gaëlle Pingault

Gaëlle Pingault est novelliste, romancière, animatrice d'ateliers d'écriture, orthophoniste et bretonne. Bien qu'elle compte plusieurs livres à son actif,  Les cœurs imparfaits est son deuxième roman publié aux Éditions Eyrolles. C'est grâce aux 68 premières fois que j'ai eu l'occasion de le découvrir.

Barbara est seule. Sa solitude a des allures de refuge ou de bastion, érigé dès l'enfance, pour tenir une mère imprévisible à distance. Quand le médecin de l'EHPAD "Les genêts" la convoque, ce passé qu'elle fuit la rattrape.
Médecin en fin de carrière, Charles s'ennuie. Coincé dans sa vie, coincé dans son couple, voilà où l'ont conduit des choix par défaut. L'intransigeance de Barbara le contraint à faire face à ses propres petites lâchetés.
Lise est aide-soignante. Elle s'impose une discipline rigoureuse, tente d'offrir aux résidents des Genêts des moments de partage arrachés à la cadence minutée des soins. Mais pour combien de temps ?
Barbara, Charles, et Lise... Dans l'histoire de chacun, des empêchements sont venus enrayer la possibilité d'aimer librement. Autour de Rose, la mère absente, ces cœurs imparfaits se rencontrent et inaugurent des voies possibles de consolation.

Les cœurs imparfaits est un roman empreint d'une douce mélancolie qui évoque le temps qui passe. Vous savez, celui que l'on ne peut pas rattraper, celui qui use parfois, ou bien qui délave l'amour, qui révèle les mensonges, les incompréhensions pour finalement faire surgir les regrets. Oui, le second roman de Gaëlle Pingault réunit tout cela autour de trois destins qui se croisent dans un établissement pour personnes âgées. Ce qui les relie, une Rose qui se fane. Rose est la mère que Barbara a fui dès qu'elle a pu, cette femme que Charles doit renoncer à soigner, il ne peut malheureusement plus rien pour elle et que Lise chouchoute le temps d'une toilette ou d'une lecture. Au gré de leurs rencontres et de leurs échanges, ces trois personnages vont s'entraider. Inconsciemment mais ensemble, ils vont cheminer pour dénouer ce qui les ronge depuis tant d'années et enfin devenir acteur de leur vie.

Les cœurs imparfaits est un roman profondément humain qui incite à l'introspection sans pour autant surfer sur la vague du développement personnel. Á travers ces trois destins croisés, Gaëlle Pingault nous sensibilise à l'importance de ne pas ruminer sans cesse son passé, mais au contraire de le dépasser pour vivre et faire des choix en toute conscience, tout simplement. Elle rend hommage au dévouement du personnel soignant malgré le manque de moyens et les contraintes budgétaires. Quant à la plume de l'auteure, elle a la simplicité et la tendresse de l'élégance.

Les cœurs imparfaits est un roman à découvrir et Gaëlle Pingault une auteure à suivre.

Belle lecture !

mardi 1 décembre 2020

Mon avis sur "La fièvre" de Sébastien Spitzer

Sébastien Spitzer est traducteur et journaliste. Son premier roman Ces rêves qu’on piétine a reçu un formidable accueil critique et public. Il a été le lauréat de nombreux prix. Avec Le Cœur battant du monde, il a été finaliste du Goncourt des Lycéens 2020. La fièvre est son troisième roman, disponible chez Albin Michel. Ndlr : Toute ressemblance avec la pandémie que nous connaissons actuellement est purement fortuite. 

Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d’un mal fulgurant, un homme s’écroule et meurt. Il est la première victime d’une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours.

Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l’homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d’homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c’est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui. Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie.

À l'origine de ce troisième roman, La fièvre, il y a eut le fou rire d’Elvis Presley lors d'un concert en août 1969. Désireux de savoir pourquoi le King a éclaté de rire sur scène et ne pouvant se dépêtre de son habit de journaliste, Sébastien Spitzer a effectué des recherches. En lisant une biographie qui était consacrée au chanteur, il a découvert que Memphis avait été touchée par une épidémie qui a tué plus de cinq mille de ses habitants et complètement ruiné son économie. Une recherche en amenant une autre, l'auteur a voulu savoir précisément ce qu'il s'était passé l’été 1878. La fièvre a balayé le King. 

La fièvre nous transporte quelques années après la fin de la Guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage, à Memphis. La fièvre jaune y décima en quelques jours une grande partie de la ville. Cette épidémie va pousser les memphisiens à révéler leur véritable nature. D'aucuns vont l'affronter avec courage et rester pour aider les malades, d'autres vont s'empresser de fuir et se comporter en parfait égoïste. Les plus valeureux ne seront pas forcément ceux que l'on croit. Une petite métisse épileptique désespérément à la recherche de son père, le directeur du journal local, le Memphis Daily, raciste notoire et membre du Ku Klux Klan et la tenancière du bordel de la ville vont se battre pour sauver ce qui pourra encore l'être. Ensemble, ils transformeront ce lieu de débauche en hôpital de fortune. Ailleurs un ancien esclave qui était rejeté de tous, va organiser la défense et le sauvetage de Memphis.

Si l'épidémie est le fait générateur du troisième roman de Sébastien Spitzer, l'auteur s'attache davantage à mettre en avant le comportement des Hommes face à cet évènement dramatique. Le courage des uns contrebalance la lâcheté des autres. La fièvre est un roman admirablement documenté, la plume de Sébastien Spitzer et son talent de conteur nous transportent d'une crise sanitaire à une autre ce, pour notre plus grand plaisir.

Belle lecture !

lundi 30 novembre 2020

Mon avis sur "Le cœur synthétique" de Chloé Delaume

Chloé Delaume est une écrivaine et éditrice française, née d’une mère française et d’un père libanais. Elle a passé son enfance à Beyrouth pendant la guerre avant de revenir à Paris où elle vit. En 1983, elle n'a alors que dix ans quand un drame familial va se jouer sous ses yeux. Cet évènement sera mis en mots sous le titre Le cri du sablier. Figure de la littérature expérimentale, elle a surpris tout le milieu littéraire en publiant à la rentrée aux éditions du Seuil un roman très contemporain, Le cœur synthétique pour lequel elle a reçu le Prix Médicis.

Adélaïde vient de rompre, après des années de vie commune. Alors qu’elle s’élance sur le marché de l’amour, elle découvre avec effroi qu’avoir quarante-six ans est un puissant facteur de décote à la bourse des sentiments. Obnubilée par l’idée de rencontrer un homme et de l’épouser au plus vite, elle culpabilise de ne pas gérer sa solitude comme une vraie féministe le devrait. Entourée de ses amies elles-mêmes empêtrées dans leur crise existentielle, elle tente d’apprivoiser le célibat, tout en effectuant au mieux son travail dans une grande maison d’édition. 
En seconde partie de vie, une femme seule fait ce qu’elle peut. Les statistiques tournent dans sa tête et ne parlent pas en sa faveur : « Il y a plus de femmes que d’hommes, et ils meurent en premier. »

Le cœur synthétique est un roman d'autofiction, largement inspiré du vécu de Chloé Delaume et de ses copines. Il décrit l'angoisse d’une quadragénaire célibataire rongée par la peur de la solitude. Alors quitter son mari et une certaine sécurité sentimentale et matérielle est-ce si aisé pour une femme ? 

Le cœur synthétique c'est l'histoire d'Adélaïde, attachée de presse dans une maison d'édition, qui se retrouve soudain sur le marché de l'amour à la suite de son divorce. Très vite, elle se rend compte qu'à la quarantaine bien tapée, une femme seule n'intéresse plus beaucoup les hommes. Elle vaut autant qu'un chômeur de son âge sur le marché de l'emploi, c'est dire ! Dès lors, comment assumer en bonne féministe son indépendance et son célibat quand on ne supporte pas la solitude ?

Heureusement Adélaïde sait qu'elle peut compter sur ses quatre amies pour mettre en place tous les stratagèmes possibles voire, invoquer les déesses de l'amour. Grâce à elles, elle va rencontrer un homme. Peu convaincue par cette histoire, elle va de nouveau goûter au célibat, tenter d'apprivoiser ses contradictions, de résister à la pression sociale, apprendre à se suffire à elle-même et tenir tête à cette société patriarcale dominée par le sexe masculin y compris dans le milieu professionnel. Finalement Adélaïde n'est pas seule, elle a ses amies et son chat. Et puis prendre soin les unes des autres, c'est déjà de l'amour, non ?

À travers ce roman drôle, caustique et il est vrai, tellement contemporain, Chloé Delaume tente de déconstruire toutes les représentations d'une vie réussie. Elle dédramatise le célibat des femmes, ouvre le champ des possibles, loue la sororité et redonne confiance à la gent féminine. Au passage, elle égratigne le milieu de l'édition qui a tendance à privilégier l'économique plutôt que le qualitatif. Le cœur synthétique est une satire sociale réjouissante à l’écriture ciselée. Et cerise sur le gâteau, le lecteur a le choix de la fin. 

Alors que vous soyez célibataire ou pas, Le cœur synthétique de Chloé Delaume est à lire pour le plaisir et son côté très XVIIIème siècle. Une vraie comédie humaine.

Belle lecture !

vendredi 27 novembre 2020

Mon avis sur "Betty" de Tiffany McDaniel

Tiffany McDaniel vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne. Son premier roman, L’Été où tout a fondu, est à paraître chez Gallmeister, mais son second roman, Betty, est dores et déjà disponible. Il nous embarque dans l'Amérique profonde là où les médias ne s'aventurent jamais, à savoir au fin fond de l’Ohio, du Kentucky et de la Virginie Occidentale. Betty est le prénom de la mère de Tiffany McDaniel, une métisse cherokee. Ce roman s'inspire de sa vie. Il a remporté le Prix du Roman Fnac 2020 et est sélectionné pour de nombreux autres Prix.

Ce livre est à la fois une danse, un chant et un éclat de lune, mais par-dessus tout, l’histoire qu’il raconte est, et restera à jamais, celle de la Petite Indienne.
La Petite Indienne, c’est Betty Carpenter, née dans une baignoire, sixième de huit enfants. Sa famille vit en marge de la société car, si sa mère est blanche, son père est cherokee. Lorsque les Carpenter s’installent dans la petite ville de Breathed, après des années d’errance, le paysage luxuriant de l’Ohio semble leur apporter la paix. Avec ses frères et sœurs, Betty grandit bercée par la magie immémoriale des histoires de son père. Mais les plus noirs secrets de la famille se dévoilent peu à peu. Pour affronter le monde des adultes, Betty puise son courage dans l’écriture : elle confie sa douleur à des pages qu’elle enfouit sous terre au fil des années. Pour qu’un jour, toutes ces histoires n’en forment plus qu’une, qu’elle pourra enfin révéler.

Betty c’est l’histoire d’une famille américaine, les Carpenter. Parce que le père est un cherokee à la peau trop brune et que ses enfants sont métis, toute la tribu sera mise au ban de la bourgade rurale, raciste, ignorante et inhumaine qu'est Breathed. Pour expliquer le monde cruel et injuste qui les entoure, Landon, le père, a toujours une histoire en réserve. Et pas n'importe laquelle. Une histoire faite d'émerveillement, de magie et de poésie. Ce père met de jolis mots sur les maux des siens, il s'évertue à illuminer la noirceur des épreuves qu'ils traversent, à enchanter leur quotidien, il magnifie la nature qui les entoure et s'efforce de capturer toutes les étoiles du ciel pour faire briller les yeux de ses enfants. Cet homme est un merveilleux magicien. Il adoucit les épreuves de la vie pour les rendre plus tolérables. La violence, la pauvreté, les viols, la dépression, la mort deviennent plus supportables au côté de cet homme exceptionnel, mystique. Betty, la petite indienne, puisera toute sa force dans l'imaginaire de son père auquel elle a besoin de croire pour garder l'espoir de jours meilleurs.

Betty est une magnifique fresque à la fois poignante et éblouissante. Elle célèbre le pouvoir de l'imagination en métamorphosant le tragique destin d'une famille en un récit dont on se délecte. C'est un roman à la fois enchanteur et tragique. Il raconte les mystères de l’enfance, la perte de l’innocence et donne naissance à une héroïne inoubliable. Aucun doute, de sa merveilleuse plume Tiffany McDaniel a écrit un très grand livre. En effet, Betty est de ces romans que l'on garde à jamais en soi. Un conseil, lisez-le et laissez-vous bercer par sa poésie.

Très belle lecture !

lundi 23 novembre 2020

Mon avis sur "Né d'aucune femme" de Franck Bouysse

J'ai découvert Franck Bouysse avec son superbe Grossir le ciel. L'austérité du décor, la puissance de la nature, le bruit fracassant de ses silences m'ont longtemps habitée. Une fois ce roman refermé, j'ai su que je reviendrai au style singulier et puissant de cet auteur. Parce que j'ai tant de livres à lire, j'ai enfoui dans ma pile Plateau puis Glaise. Né d'aucune femme a connu un temps le même sort, jusqu'au jour où je m'en suis saisi...

Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d'une femme à l'asile.
- Et alors, qu'y a-t-il d'extraordinaire à cela ?  
  demandai-je.
- Sous sa robe, c'est là que je les ai cachés.
- De quoi parlez-vous ?
- Les cahiers... Ceux de Rose. » 
Ainsi sortent de l'ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin.

Son nom c'est Rose, Rose c'est comme ça qu'elle s'appelle. Elle est l'aînée des quatre filles d’Onésime et de sa femme. Paysans, ils mènent une véritable vie de labeur et de misère. Dans l'espoir de jours meilleurs, un matin Onésime emmène Rose au hameau du coin. Après d'âpres négociations et qu'il ait récupéré une bourse remplie de pièces, Onésime est rentré seul à la ferme. Rose est repartie avec l'inconnu. Après un interminable voyage, elle découvre une vaste demeure et la mère du maître. Rose a été vendue. Derrière les volets et les murs de cette propriété va se jouer l'impensable. Rose avait consigné son histoire dans des carnets. Ceux-là même que le Père Gabriel a récupéré. C'est à travers sa lecture et le point de vue des personnages principaux que la vie de Rose nous est contée. Un récit polyphonique d'une incroyable force.

Né d'aucune femme est roman noir rural qui se déroule quelque part en campagne française au début du XXe siècle. En effet, comme à son accoutumée, Franck Bouysse ne donne aucune indication précise quant au lieu et l'époque de l'intrigue. Peu importe, dès les premières phrases nous voici projeté avec puissance dans l'univers à la fois sombre et lumineux de son héroïne. Tour à tour chacun des personnages prend vie, l'austérité des lieux se dessine, la noirceur nous envahit jusqu'à ce que l'indicible se produise, se répète. Mais la force et le courage de Rose se révèlent, alors l'espoir nous gagne, pour disparaître tout aussi rapidement. Le cœur se serre, les tripes se tordent et l'émotion nous gagne.

Né d'aucune femme est un roman certes noir, mais d'une rare puissance. Il faut bien avouer que Franck Bouysse est diabolique. Il a construit son roman de telle sorte qu'il est difficile de ne pas épouser le point de vue de chacun de ses personnages. L'auteur met intelligemment en exergue les motivations des uns et des autres, les silences des taiseux, les compromissions, les lâchetés, les peurs. Les sentiments s'enchainent, les ressentis fluctuent au gré des narrateurs et au milieu de toute cette horreur, il y a une Rose. Malgré tout ce qu'on lui a infligé, elle résiste et reste droite. Une héroïne, une vraie. Et puis, la plume de Franck Bouysse est ciselée, son écriture intense et riche. Le décor loin d'être relayé au second plan, prend toute sa place. La nature est magnifiée, l'ambiance pesante parfaitement restituée, la psychologie des individus finement dépeinte. 

Aucun doute Né d'aucune femme est un roman puissant et Franck Bouysse un orfèvre des mots. Il serait vraiment dommage de passer à côté...

Belle lecture !

vendredi 20 novembre 2020

Mon avis sur "Souviens-toi que tu m'aimes" de Catherine-Rose Barbieri

Quand Catherine-Rose Barbieri n'enseigne pas l'anglais à l'université Lyon 3, elle écrit. Inconditionnelle des comédies romantiques et des romans de Jane Austen, c'est avec tout le naturel qui la caractérise qu'elle a embrassé ce genre littéraire. Am, stram, gram, ce sera toi qui me plairas ! son premier roman a été publié aux Éditions Eyrolles en 2018. Deux ans après, elle revient avec son second roman, Souviens-toi que tu m'aimes. Once upon a time...

Lorsqu'Héloïse rencontre James dans ce wagon du TGV Lyon-Paris, le coup de foudre est réciproque. Mais rien n'est simple pour Héloïse. D'abord, elle ne croit pas au coup de foudre : le romantisme, très peu pour elle ! Ensuite son sens de la loyauté est particulièrement aigu, au point d'être dans cette histoire un vrai handicap. La jeune femme fait donc taire ces sentiments inédits dont elle ne sait que faire, et ce qui aurait pu être le début d'une belle idylle en reste là. Deux ans et demi plus tard, après bien des épreuves et pas mal d'errance, Héloïse et James se retrouvent par hasard en Ecosse. Le cœur d'Héloïse n'a rien oublié. Elle est prête à croire que le destin vient de lui accorder une faveur. James, en revanche, ne se souvient pas d'elle. En effet, beaucoup de choses ont changé en deux ans et demi. Beaucoup, oui, mais pas toutes...

S'il devait exister des saisons pour les livres, aucun doute, Souviens-toi que tu m'aimes serait le roman de la saison. Idéal pour chasser la grisaille automnale, la morosité ambiante et même nous faire oublier le confinement ! Embarquer dans le TGV avec Héloïse et James, c'est non seulement se risquer à recevoir une décharge en plein cœur, mais également accepter de traverser les épreuves de la vie et la mer du Nord pour prendre un bon bol d'air en Ecosse, sur l'île de Skye précisément. Alors si le voyage vous tente, je vous propose 395 pages d'évasion et de romance.

Souviens-toi que tu m'aimes est né d'un road trip familial écossais et d'un ballet romantique, La Sylphide. Ce dernier raconte l'histoire d'un jeune écossais, James (tiens, tiens !), qui est aimé par une sylphide, que lui seul peut voir. Le jour de ses noces, jalouse, la sylphide s'empare de l'alliance destinée à la promise de James et s'enfuit dans les bois. Partant à sa poursuite, le jeune étourdi en oublie sa fiancée. Il croise alors une vieille sorcière qui lui donne un voile pour capturer la sylphide. Ce qu'il ne savait pas c'est que ce voile était empoisonné. Et ce qui devait arriver, arriva. Non seulement en capturant la voleuse d'alliance, il lui ôta la vie mais de surcroît, en abandonnant sa promise dans la forêt, celle-ci finit par épouser son rival. 

Bien que moins tragique, Souviens-toi que tu m'aimes met à l’épreuve du temps et de la distance l'amour foudroyant de deux êtres, il traite également de ce noble sentiment qu'est la loyauté et qui peut parfois se retourner contre soi, qu'il s'agisse de loyauté familiale, amicale ou patriotique. Le tout est largement saupoudré d'humour. Reste plus qu'à remuer et vous obtiendrez un très bon feel-good qui se dévore et fait un bien fou. Aucun doute, Catherine-Rose Barbieri est une feel-good author, sa plume est fluide, moderne, ses histoires romantiques à souhait sans pour autant être mièvres. Souviens-toi que tu m'aimes est un antidote à la sinistrose ambiante. Un conseil, commandez-le et retirez-le chez votre libraire préféré.

Catherine-Rose Barbieri au Rock'n Books du 26 sept-20,
un vrai rayon de soleil !

Belle lecture !

samedi 7 novembre 2020

Mon avis sur "Mon père, ma mère, mes tremblements de terre" de Julien Dufresne-Lamy

Julien Dufresne-Lamy est un jeune écrivain français. Il a reçu le Grand Prix des blogueurs et le prix Millepages pour son précédent roman Jolis jolis monstresMon père, ma mère, mes tremblements de terre est son cinquième roman. Il est disponible aux Éditions Belfond. 

Est-ce que, sur la table de chirurgie, mon père ressent le chaud, le froid ? Allez savoir. Dans la salle d’attente, ma mère porte sa chemise saharienne et le soleil blanc tape doucement sur les fenêtres. L’air est doux. Un air qui n’a rien à voir avec la mort, les drames. Ici, ce n’est pas un drame. C’est autre chose qui se passe. 
Dans cette salle, Charlie, quinze ans, patiente avec sa mère. Bientôt, son père sortira du bloc. Elle s’appellera Alice. Durant ce temps suspendu, Charlie se souvient des deux dernières années d’une vie de famille terrassée. Deux années de métamorphose, d’émoi et de rejet, de grands doutes et de petites euphories. Deux années sismiques que Charlie cherche à comprendre à jamais. Tandis que les longues minutes s’écoulent, nerveuses, avant l’arrivée d’Alice, Charlie raconte la transition de son père. Sans rien cacher de ce parcours plus monumental qu’un voyage dans l’espace, depuis le jour de Pâques où son père s’est révélée. Où, pour Charlie, la terre s’est mise à trembler.

14 h 54 : Heure de la mort d'Aurélien, le père de Charlie. Il vient d’entrer au bloc. Charlie et sa mère sont dans la salle d'attente. L'adolescent se repasse le film de ces deux dernières années. Il se rappelle. Il était en quatrième quand il a vécu une rupture brutale des plaques tectoniques alors qu'il était sous une tente dans un camping deux étoiles à Noirmoutier avec ses parents. Force dix sur l'échelle de Richter. Le cataclysme n'a impacté que leur tente, que leur famille. Dehors, tout était étonnamment calme. Son père leur avait annoncé la nouvelle. Dysphorie de genre. Transidentité. Son père n’a jamais été un homme. Il est une femme. Il se veut rassurant. Ce n'est pas grave, puisqu'il les aime. Depuis ce jour jusqu'à la salle d'attente, Charlie a tout consigné dans ses carnets intimes. Les changements de son père, ses traitements, ses lubies, ses victoires mais aussi la résignation et les silences de sa mère et surtout ses tremblements à lui. Deux ans de secousses, de crainte, d'interrogations, de colère, de honte et d'amour aussi. Deux ans d'une métamorphose d'une famille ordinaire qui aboutiront ce jour-là à 19 h 19 non pas à une mort, mais à une absence pour toujours.

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre est un roman intime et audacieux, profondément juste, sur la transidentité et la famille. Loin d’être moralisateur, loin de la propagande, ce récit donne à voir sans sensationnalisme les dommages collatéraux de ces séismes silencieux. Quant à la plume de Julien Dufresne-Lamy, elle est sensible, fine et délicate. À découvrir quel que soit votre genre.

Belle lecture !

vendredi 6 novembre 2020

Mon avis sur "Un loup quelque part" d'Amélie Cordonnier

Journaliste, Amélie Cordonnier a publié son premier roman, Trancheren 2018. Deux ans après, elle revient avec Un loup quelque part, disponible aux Éditions Flammarion. Tous deux ont pour point commun d’évoquer ce qu’il se passe une fois la porte de l’intimité fermée.

Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ?  Que fait cette tâche, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part. 
Avec une écriture aussi moderne qu’acérée, Amélie Cordonnier met en scène une femme paniquée à l'idée de ne pas parvenir à aimer son enfant et dont l’affolement devient de plus en plus inquiétant. 

Un couple marié et aimant a une petite fille de huit ans quand Ablan naît. Tout va bien jusqu'à ce qu'une puis plusieurs tâches noires apparaissent sur le corps du bébé. Pensant qu’il s’agit d’un mélanome la maman d'Alban s’inquiète et file en urgence chez le pédiatre. Ce dernier lui demande si le papa est noir ? Elle répond que non. Il lui demande alors s’il y a des noirs dans sa famille ? Non. Néanmoins, le médecin est catégorique, Alban est métis. Le couperet tombe. Sa peau va changer de couleur durant trois à six mois avant de se fixer définitivement d'ici un à deux ans. Stupéfaite, cette femme en proie à une panique grandissante va lever le voile sur un secret de famille. Pour autant, Un loup quelque part n'est pas un roman qui traite du métissage ou des origines. Ce roman aborde la thématique de l’instinct maternel. En effet, l'auteure nous interpelle sur un sujet tabou, celui du rejet de son nouveau-né. Une mère digne de ce nom a-t-elle le droit ne pas aimer son bébé ? 

Au fur et à mesure que la peau du bébé s’assombrit, que ce petit être fonce et se métamorphose, Amélie Cordonnier enfonce sa maman dans la souffrance, la honte et la culpabilité du désamour maternel. Cette femme qui a tant idéalisé son bébé, sa famille, ne peut se résoudre à accepter la réalité. Elle est au bord de la folie. Et si cette maman s'abandonnait tout simplement à une immense détresse liée à sa solitude et à sa culpabilité ?

Amélie Cordonnier au Rock'n Books du 26 sept-20

Aucun doute, avec Un loup quelque part, Amélie Cordonnier s'attaque à un sujet tabou de notre Société, celui de la maternité, ou plus précisément celui de l’instinct maternel, qui quoi qu’on en dise, ne va pas de soi. Sa plume à la fois brute et cinglante ne nous épargne rien, ni la douleur, ni la violence de cette femme. C'est en apnée, les viscères nouées, que le lecteur assiste impuissant au combat intrinsèque de cette mère. Un livre puissant qui confirme le talent de son auteure.  

Belle lecture !

vendredi 23 octobre 2020

Mon avis sur "Elles m'attendaient..." de Tom Noti

Enfant d'une famille d'ouvriers d'origine italienne, Tom Noti est instituteur. Il vit au creux de montagnes majestueuses qui sont son oxygène. Lecteur et solitaire, il a toujours eu le désir d'écrire, en réaction contre le poids de la vie familiale mais il se l'est longtemps interdit croyant que la littérature était une affaire de castes. C’est en incitant ses fils à vivre leurs rêves que le boomerang des passions intimes lui est revenu en pleine tête. Il s’est donc jeté sur ses pages restées trop blanches, trop longtemps, pour être désormais, l’auteur de plusieurs romans. Ses histoires racontent les gens qui avancent, vaille que vaille, avec leurs sentiments en bandoulière et les casseroles qu’ils trimballent. Elles m'attendaient est l'une d'elles et disponible aux Éditions La Trace. 

Deux personnes s'aiment et leurs solitudes s'aimantent. Cela ressemble à une histoire d'amour simple et lumineuse, mais c'est sans compter sur les ombres que Max cache derrière ses silences... 
Elles m'attendaient... aurait pu être une simple histoire d'amour, si tant est que les histoires d'amour soient simples, mais c'est bien plus que cela. Elles m'attendaient... c'est une jolie histoire qui commence à une terrasse de café. Une histoire de larme qui effleure de longs cils et qui va accrocher le cœur d'une comète, Halley. Elles m'attendaient... est aussi une histoire de symphonie avec des violons, et tous les instruments les plus délicats de la Terre. Une histoire de parents et d'une petite Rosie. Elles m'attendaient... c'est surtout une histoire de silences et de sentiments délicatement pesés. Des silences qui vont devenir si assourdissants qu'ils vont le faire chuter. De la chaleur de son foyer à celle de l'alcool il n'y avait qu'un saut que Max a franchi. Rattrapé par son passé, qui l'a étreint, pris à la gorge, aux tripes et au cœur Max n'a pas eu la force de retenir ce bonheur qu'il devinait éphémère... Ses démons l'ont amené à fuir son cocon familial pour échouer sur la ouate d'un sac de couchage au bout de la rue. Halley et Rosie ont un mari et un papa à part. Un mari et un papa pas comme les autres...

Bien que Elles m'attendaient... soit un court roman de 142 pages, sa densité en émotions est telle qu'il est de ceux qui reste à jamais gravé dans nos cœurs. Chaque mot est délicatement choisi, chaque page harmonieusement noircie, chaque scène magistralement dépeinte et chaque épreuve doucereusement douloureuse comme pour mieux résonner au plus profond de nous. Tom Noti se plaît à explorer l'âme humaine. Il nous emmène sur le bord, sur la marge pour mieux voir, pour élargir notre horizon, sortir des clichés. Il est de ces auteurs qui nous livre une littérature à la fois puissante, touchante, percutante, profondément humaine tout en étant empreinte d'une rare poésie. Aucun doute, Tom Noti a eu raison de s'accorder le droit d'écrire, parce qu'il le fait magnifiquement. Et même si son Max en visant le cœur d'une comète a atterri dans le caniveau, c'est les yeux remplis d'étoiles que j'ai découvert Elles m'attendaient... 

Belle lecture !

lundi 19 octobre 2020

Mon avis sur "L'albatros" de Nicolas Houguet

Nicolas Houguet a organisé sa vie autour de la culture. Handicapé moteur, c'est par livres ou films interposés qu'il a appris à aimer le monde. Ses études l'ont amené à réaliser que la culture était un tout, qu'elle ne se bornait pas à un domaine ou un autre. Alors, il a choisi d'être inclassable. S'intéresser autant à Tolkien qu'à Baudelaire, à Quentin Tarantino qu'à Ingmar Bergman, à Beethoven qu'à David Bowie. Son envie, c'est de décrire ce grand patchwork de références qui a fait de lui ce qu'il est. Aujourd'hui Nicolas Houguet est chroniqueur littéraire et écrivain. Amateur de littérature, de rock et blogueur reconnu, je l'ai convié à ma troisième édition du Rock'n Books pour son roman L'Albatros paru chez Stock. Et évidemment, Nicolas a eu l'honneur d'ouvrir cet évènement.

Mardi 20 octobre 2015. À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui. Autobiographie musicale, poétique et anticonformiste, L’Albatros est un hymne à la liberté insufflée par une Pythie des temps modernes.

Il suffit parfois d'un concert pour que tout bascule, pour qu'au gré des chansons, les souvenirs ressurgissent, que votre vie défile sous vos yeux et qu'enfin, quelque chose lâche. C'était le 20 octobre 2015, c’était à l’Olympia et c’était Elle… Elle c'est Patti Smith, cette immense rockeuse poétesse qui sans le savoir, en jouant chaque titre de son premier album Horses a permis à Nicolas Houguet de se confronter à ce qu'il avait de plus cher. Son enfance, sa famille, ses joies, ses peines, ses amours, mais également les deuils et les silences qu'il n'avait pas eu la force de briser ni de surmonter. Submergé par l'émotion, libéré de tous ses liens, c'est à ce concert que Nicolas Houguet a retrouvé cette insouciance qui l'a concentré sur l'essentiel. Grâce à la voix de Patti Smith et contrairement à l'Albatros de Beaudelaire, Nicolas a pris son envol. Avec ses ailes de géant, il a regagné ses cieux. De cette bouleversante expérience, il a décidé de mettre en musique ses maux/mots, ses émotions. C'est ainsi qu'est né L'Albatros

L'Albatros est un récit intime mais Ô combien intense. Il est des ces précieuses confessions que l'on reçoit et dont on se sent gratifié. Oui, ce livre est un cadeau. C'est une grâce qui étreint les cœurs et les corps meurtris. Bercé par les notes de musique et les titres de Patti Smith, L'Albatros nous immerge dans un bain de mélancolie, dans les affres de la douleur et des blessures passées, mais c'est nourri du suc de la vie, ce précieux liquide qui nous revigore tant, que l'on en ressort. Voilà, L'Albatros est une ode à la vie, tout simplement. Une ode à la vie servie par la plume magistrale de Nicolas Houguet et tellement sonore. L'émotion effleure les mots, les titres de Patti Smith la révèle. Le Rock et les mots, un savoureux mélange. Un conseil, laissez-vous gagner par la magie.

Belle lecture !


Nicolas Houguet - Rock'n Books
26 sept-20

L'albatros 

Charles Beaudelaire (Les fleurs du mal)


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

 

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


lundi 12 octobre 2020

Mon avis sur "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu

Après des études d’histoire et de cinéma et l'exercice d'une multitude de métiers, Nicolas Mathieu s'adonne à l'écriture. En 2014, il publie son premier roman, Aux animaux la guerre, dans la collection Actes noirs, et reçoit le prix Erckmann-Chatrian, le prix Transfuge du meilleur espoir Polar et le prix Mystère de la critique. Il participe à l’adaptation du roman qui devient une série diffusée sur France 3. En 2018, il remet le couvert avec Leurs enfants après eux et remporte rien de moins que le prix Goncourt ! Promesse d'une belle lecture... ou pas.

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.
Leurs enfants après eux, c'est l'histoire d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui, malgré l'absence d'horizon doit trouver sa voie. 

Anthony, Steph, Clem, Hacine sont dépeints de quatorze ans à vingt ans, au cours de quatre étés de 1992 à 1998 à Heillange (Hayange en Moselle). Ils grandissent dans une région dévastée par le chômage, désindustrialisée et dominée par les hauts fourneaux désaffectés évocateurs du temps où la sidérurgie rassemblait les ouvriers qui, malgré leurs difficiles conditions de travail transmettaient à leur descendance leur fierté et leur savoir-faire. Depuis que la crise est passée par là, alcoolisme, violence, ennui, désœuvrement et racisme ordinaire règnent en maître. Incapables de transmettre le moindre repère à leurs enfants, les adultes font de ces derniers des paumés qui occupent leur temps comme ils peuvent. Ils boivent, se droguent, flirtent avec la délinquance tout en essayant d'avoir un semblant de vie amoureuse. Les plus ambitieux d'entre eux ne rêvent que d'une chose, fuir cette région sinistrée, où les seules distractions se résument au foot, aux fêtes foraines, au Picon bière et à Johnny Hallyday.

Vous l'aurez compris, avec Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu nous propose une analyse sociologique de ces territoires délaissés qu'il a si bien connu. S'il faut bien reconnaître que le contexte est justement restitué, que la plume de l'auteur est talentueuse, que ses personnages sont criants de vérité, il n'en demeure pas moins que le tout est magistralement déprimant et que de surcroît, il ne se passe pas grand chose. Dans le genre, j'ai préféré et de loin Fief de David Lopez qui, bien qu'il n'ait pas obtenu le Goncourt m'avait frappée en plein cœur.  

Belle lecture !

dimanche 11 octobre 2020

Mon avis sur "Je ne suis plus inquiet" de Scali Delpeyrat

Scali Delpeyrat est comédien, auteur et metteur en scène. Avec sa compagnie théâtrale Le bel établissement, il monte et adapte ses textes. Homme de théâtre, mais également de cinéma et de télévision, Scali Delpeyrat est de ces acteurs qui s'invite régulièrement sur nos écrans. Pas étonnant, sa filmographie est longue comme le bras ! Si être comédien c'est dire avec justesse des mots mis en scène, être auteur c'est savoir coucher avec une harmonieuse sonorité ses maux/mots sur papier. Dès lors, être publié fait-il de l'auteur un écrivain ? Quoi qu'il en soit, lui a osé. Je ne suis plus inquiet est le premier livre publié de Scali Delpeyrat. Il est disponible à compter du 14 octobre prochain dans la collection Au singulier chez Actes Sud-Papiers.

Je ne suis plus inquiet est un court recueil de soixante trois pages et de soixante et un textes exactement. Difficile à résumer et à la fois facile tant ce livre touche tout un chacun. En effet, qui ne s'est jamais auto-interpellé de scènes du quotidien tantôt drolatiques, tantôt horripilantes ? Qui ne s'est jamais agacé du comportement d'autrui, ne s'est jamais retourné sur ses amours perdues, sur son enfance, sur ses origines ? Voilà, Je ne suis plus inquiet c'est cela. Des tranches de vie savamment et harmonieusement mises en scène. Mais il serait réducteur de s'en tenir à cela. Je ne suis plus inquiet c'est tellement plus ! C'est drôle, c'est touchant, c'est questionnant, c'est mélancolique mais c'est surtout débordant d'amour. Oui, Je ne suis plus inquiet est de ces petits livres universels fait d'éclats de rire, de sourires qui s'étirent, de sourcils qui se froncent, d'estomac qui se noue, de larmes qui perlent au coin des yeux. C'est doux, c'est tendre, c'est juste, c'est émouvant et c'est truffé d'humour. C'est à lire et à relire. 

Oui parce que Je ne suis plus inquiet est ce genre de livre qui ne trônera jamais dans une bibliothèque à l'abri de la poussière. Non. Il est de ceux qui va rejoindre cette pile posée à même le sol à la tête du lit. Oui. Je ne suis plus inquiet est de ces livres que l'on ne se lassera jamais d'ouvrir à n'importe quelle page. Sa lecture achevée, il en surgira selon le tableau dépeint, un éclat de rire, ou bien une question existentielle sur le sens de nos gestes, de nos actes, ou encore des hypothèses sur ce que nous serions si telle ou telle chose ne s'était pas produite. On s'interrogera sur nos origines, ou bien on retournera en enfance ou tout simplement, on prendra conscience de l'importance d'aimer et de savoir le dire. Oui, Je ne suis plus inquiet est ce genre de livre, exactement comme La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm. Mais ne vous y trompez pas, il n'est point question de plaisirs minuscules, c'est même tout l'inverse ! Et comme il semblerait que Noël approche (oui, oui j'ai croisé hier avec consternation tous les apparats de cette fête dans un magasin alors même que nous ne sommes qu'au début du mois d'octobre... Comme si nous n'avions qu'une envie... Ah ces gens du marketing), bref, comme Noël approche disais-je, Je ne suis plus inquiet sera le cadeau idéal tant il est aisé de s'identifier à ces saynètes si joliment peintes, parfaitement décrites et reliées entre elles. Les mots sont subtilement choisis, le tout est délicieusement construit. Aucun doute, vous ferez des heureux !

Avant de clôturer cette chronique, ne pas oublier de dire à Scali Delpeyrat que Je ne suis pas inquiet est bon, check. / Non, lui dire qu'il est très bon, check. / Ne pas oublier d'oublier d'imaginer Scali Delpeyrat dans la scène de la minuterie, check. / Ne pas oublier demain dans le métro de prêter attention à la voix ascendante et descendante, check. / Ne pas oublier que si ma voix déraille et devient fluette, c'est juste parce que je suis émue, check. / Ne pas oublier de dire merci à Scali Delpeyrat d'avoir eu la merveilleuse idée de me faire envoyer Je ne suis plus inquiet, check. / Ne pas oublier de remercier Actes Sud et leur dire combien le livre est beau, check. / Enfin, ne pas être inquiète de savoir que l'auteur, que dis-je, que cet écrivain va lire ma chronique... hum, pas check...

Belle lecture !

mercredi 30 septembre 2020

Rock'n Books - 26 septembre 2020

C'était samedi dernier, c'était la troisième édition du Rock'n Books et c'était, je crois réussi, malgré le contexte sanitaire que nous traversons depuis plusieurs mois. Il y avait des auteurs, des musiciens, le public et moi. Il y avait des livres, de la passion, de l'amour, de la bienveillance, des voix et des étoiles plein les yeux (surtout dans les miens... mais pas que...).

C'était samedi, il y avait Catherine-Rose BarbieriAmélie Cordonnier, Léon CornecNicolas HouguetSophie LempCécile PellaultLou Vernet et David Zukerman. Pour nous accompagner musicalement, il y avait Inès Rougon avec son extraordinaire voix et Julien Mutis à la guitare. 

C'était samedi, on a commencé un peu plus tard que prévu, le temps de laisser le public arriver tranquillement. C'était samedi, on a fini un peu plus tard que prévu, le temps de prendre le temps d'échanger, de savourer le moment présent, parce qu'après, on sait que ce sera compliqué... 

C'était samedi et c'était un joli moment de partage et de bonheur. C'était samedi et c'était bien, très bien même !

Bruno Huisman (Maire de Valmondois) & Fabienne Defosse

Inès Rougon & Julien Mutis
S’il y avait bien un auteur en parfaite adéquation avec mon Rock’n Books c’est bien lui, Nicolas Houguet et son premier roman, L'albatros (Stock). Je ne pouvais lancer cette troisième édition sans commencer par lui. Alors la magnifique voix d'Inès a interprété le Because the night de Patti Smith que Nicolas a entendu ce fameux mardi 20 octobre 2015. 
À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui. 
Nicolas Houguet
Si Nicolas a trouvé sa voie lors de ce concert qui l'a amené à l'écriture, la LiNa de Cécile Pellault a perdu la sienne de voix si bien qu'elle ne peut plus honorer ses concerts. Star de la pop américaine elle ne parvient plus à pousser de la voix. Inès a interprété Try a little tenderness d'Otis Redding pour annoncer Les voix meurtries (Les éditions du loir)le quatrième roman et deuxième thriller de Cécile Pellault. 
Quand LiNa rencontre Nicolas, un Français expatrié en Floride et papa d’un petit Jay, cela aurait pu être le happy end de leur histoire. Pourtant, ce sera seulement le début d’une course contre la montre avec les ennuis : la réapparition de la femme de Nicolas, Cassandra et de son amant violent, les ambitions insatiables du producteur de LiNa qui ne souffrent aucune réponse négative de la star. La disparition de Jay, la violence du milieu de LiNa ne feront que les faire sombrer un peu plus. Auront-ils la force de tout surmonter, de puiser la force dans leur relation ou les blessures, la prison, l’alcool, l’enlèvement du petit garçon seront-ils fatales à l’image d’une plage de Floride à laquelle ils tentent de s’accrocher ?
Cécile Pellault
De la voix aux mots qui génèrent des maux il n’y avait qu’un pas… que dis-je une insulte… Le vent nous portera de Noir Désir a introduit Trancher (Flammarion), le premier roman d'Amélie Cordonnier. Victime de violence verbale de la part de son mari et père de ses deux enfants, l'héroïne à l'aube de ses quarante ans, s’impose de faire un choix, de trancher : Partir ou rester. 
« Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi. » Cela faisait des années qu’elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n’avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l’a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d’avoir décidé pour son anniversaire.
Amélie Cordonnier
Partir implique la séparation du couple. Si une séparation peut s'avérer salutaire, elle est souvent vécue comme un drame par les enfants. Alors Inès s'est glissée dans les mots de Jacques Brel et nous a interprété Ne me quitte pas pour évoquer Leur séparation (Allary Éditions) de Sophie Lemp. 
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »
Puis naturellement la version française de la Suzanne de Léonard Cohen, interprétée par Alain Bashung, que dis-je par Inès, nous a permis de parler de Les miroirs de Suzanne (Allary Éditions), le troisième livre mais premier roman de Sophie Lemp. 
Suzanne a quarante ans, une vie tranquille, un mari et deux enfants. Un matin, son appartement est cambriolé. Ses cahiers, journal de son adolescence, ont disparu. Des cahiers qui racontent Antoine, l’écrivain qui avait trois fois son âge, qui racontent cet amour incandescent, la douleur du passage à l’âge adulte.
Martin est livreur, il pédale pour épuiser ses pensées. Un soir, il trouve les cahiers au fond d’une poubelle et dévore ces mots qui le transpercent. Qui le ramèneront à la vie.
 « Ne jamais oublier ce que j’ai vécu de fort dans ma vie. Mes émotions, mes peurs, mes joies, mes tristesses. Être sereine. Martin poursuit sa lecture. J’ai quinze ans. En ce moment, j’attends. Mais un jour, tout s’épanouira. Martin sent que quelque chose l’étreint, l’urgence de continuer à lire. »
Et comme nous évoquions l'amour, la famille, nous sommes naturellement revenus vers Amélie Cordonnier pour aborder la question de l'instinct maternel et son dernier roman, Un loup quelque part (Flammarion).
« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? » Que fait cette tâche, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part.
De Gauche à droite : F. Defosse, N. Houguet, S. Lemp, A. Cordonnier & C. Pellault

Fabienne Defosse, Nicolas Houguet, Sophie Lemp & Amélie Cordonnier
Et qui dit maternité, dit paternité donc masculinité. Bien qu'il ait eu un empêchement de dernière minute, j'ai tout de même présenté Boys (JC Lattès) le premier roman de Pierre Théobald sous les riffs de Julien et la voix d'Inès qui a entonné le Boys don't cry de The Cure. 
« J’ai aimé nos instants minuscules, nos instants de rien, ce que l’on croit être l’ennui, le quotidien, mais qui n’est autre que la manifestation sincère de l’amour, son expression nue et désintéressée. L’amour n’existe que là, dans ces intervalles dépourvus de consistance.  »
Ce sont des hommes de tous âges, saisis chacun à un instant de bascule. Un mari qui enquête sur la vie secrète de sa femme, un séducteur qui s’apprête à retrouver une fille dont il n’a que faire, un sportif sur le déclin… Des losers magnifiques, des romantiques déraisonnables. Des pères sans enfant, de grands enfants devenus pères. Et, au milieu de tous ces hommes, il y a Samuel, que l’on retrouve à différentes étapes de sa vie, et qui doit faire face au plus difficile des renoncements.
Après que Nicolas Houguet, Sophie Lemp, Amélie Cordonnier et Cécile Pellaut cèdaient leur place sur scène à David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Léon Cornec et Lou Vernet, Ma petite entreprise d'Alain Bashung magnifiquement chanté par Inès, nous a plongé dans un tout autre univers, un monde rongé par la démotivation, l’absentéisme, l’alcoolisme et l’incompétence.

De gauche à droite : Fabienne Defosse, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Léon Cornec & Lou Vernet
Bienvenue en gare à Léon Cornec et son effarant Sortie de rails (Pocket). Ce livre est une claque, un essentiel pour comprendre la misère des invisibles, un voyage halluciné des lieux désaffectés, lunaires, où zonent des populations oubliées, déglinguées. Il est de ces livres qui marquent au fer rouge, qui font frémir. Les usagers des transports ferroviaires, ne resteront certainement pas insensibles à ce qu'ils y découvriront et comprendront pourquoi leurs trains arrivent rarement à l'heure... 
Chômeur et artiste sans le sous au début, Léon Cornec entre chez HTransports, une entreprise de sous-traitance chargée par la RATP et la SNCF de veiller au bon fonctionnement des trains, métros et tramways. Il se forme sur le tas, comme électricien. Il intègre une équipe, va de chantier en chantier. Il gravit les échelons et devient contremaître. 
Léon Cornec ne prend pas le temps de nous introduire dans ce monde qui sent le rouge, le goudron, les armoires électriques et le caoutchouc. Il nous le fait vivre. Sortie de rails est une claque, un essentiel pour comprendre la misère des précaires, un voyage halluciné des lieux désaffectés, lunaires, où zonent des populations oubliées, déglinguées. Une sortie de rails nécessaire.
Et parce que son second roman est paru en juin dernier, Léon Cornec nous a parlé ensuite de Un été nazi (Robert Laffont). Un roman à lire au second degré surtout.
Maman dit qu’on est à nu, parce qu’il n’y a plus de murs pour nous protéger si les bougnoules arrivent. Papa répond qu’elle dit que des conneries, que les bougnoules sont pas encore là et que s’ils arrivent, il est armé jusqu’aux dents. Je rassure Maman en lui criant que moi aussi je tuerai les bougnoules s’ils arrivent pour la violer.
- T’es mignon, Alex, mais tu n’as que 10 ans, mon grand. Tu pourras pas faire grand-chose.
Alex vit dans un petit village du nord de la France avec sa mère et son père, un gendarme souvent en déplacement. C’est l’été, il s’ennuie. Que faire à part traîner dans la campagne et rêver aux nazis dont on parle avec fascination dans son entourage et qui l’impressionnent avec leurs costumes et leurs bottes brillantes ?
Quand il rencontre Seb et Dady, deux gamins du coin, ses journées s’animent : à eux trois, ils décident de chasser le « bougnoule ». Mais ils ont beau errer dans le village, ils n’en trouvent pas et font les quatre cents coups pour passer le temps. Jusqu’à ce qu’une nouvelle famille s’installe dans le voisinage, avec un bébé adopté au Sénégal. Comment ? Une bougnoule ? Les villageois se mobilisent.
Léon Cornec
Ces entreprises qui abandonnent leur salariés nous ont inspiré surtout le pire… C'est alors que Francis Cabrel s'est invité sur le plateau et par l'intermédiaire d'Inès nous a interprété C'était l'hiver.  Lou Vernet avec son Surtout le pire (Les éditions du loir) nous a fait basculer du côté obscur. En effet, son neuvième ouvrage publié est un roman noir qui explore la dualité de tout être humain. Mais, que l'on ne s'y trompe pas, ce roman est aussi lumineux que sombre. Surtout le pire c’est l’histoire de Raphaël et de son frère d’adoption, JIM. Tous deux ont été abandonnés à la naissance par leur mère, placés en famille d’accueil, puis adoptés par la même famille. Raphaël et JIM grandissent ensemble jusqu’au jour où JIM disparaît. Raphaël sombre alors. Il grandit tant bien que mal dans le Roussillon. Puis un beau jour, JIM réapparaît. Le tout est servi par une plume particulièrement acérée, on est loin du pire !
Ce que l'aube promet au jour n'est souvent qu'un leurre. Anne Carrière le vérifie à chaque découverte macabre. Cette fois-ci, il s'agit d'une jeune femme, Sandra Link, 24 ans, retrouvée morte dans sa baignoire. Un banal suicide, à première vue, comme il en existe toutes les quarante secondes dans le monde. Une histoire vite retracée. Fugueuse depuis ses dix-huit ans, la jeune femme venait d'accoucher deux jours plus tôt dans un hôpital parisien d'où elle s'était enfuie aussitôt en abandonnant son enfant. Bien trop jeune et seule pour porter un si lourd fardeau. Ce n'est pas la première ni la dernière fois et pourtant la légiste ne s'y fait pas. Surtout que c'est le second cas en moins d'un mois. À croire que toutes les guerres et les catastrophes ne suffisent plus à la misère humaine. Il faut encore que soient ajoutés au nombre des victimes des nourrissons. Comme un besoin d'éradiquer tout espoir, toute rédemption.
Léon Cornec & Lou Vernet
Du roman noir, au roman d'aventure fantastique, il n'y avait qu'un pas que l'on a franchi en se tournant vers David Zukerman, un auteur qui dépeint des destins tragiques avec une telle palette de couleurs qu’il y met de la lumière pour changer le monde. Sur les notes d'Eric Clapton magnifiquement joué par Julien Mutis, Inès a poussé la voix sur Change the world. D'un seul coup, le charismatique Yerbo Kwinton l'un des personnages phare de San Perdido (Calmann Lévy) était parmi nous. Nous l'avons tous vu et avons tous été subjugués par sa force et sa personnalité. Qu'est-ce qu'un héros, sinon un homme qui réalise un jour les rêves secrets de tout un peuple ? Yerbo est de ceux-là. Enfant noir aux yeux bleus, il est un orphelin muet qui n'a pour seul talent apparent qu'une force singulière dans les mains. Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d'une population jusque-là oubliée de Dieu. Dans la salle, nous sommes tous tombés d'accord pour dire que San Perdido est un livre rare à tous points de vue, un livre inclassable à la fois conte, fable sociale, roman d'aventure et que David Zukerman est un conteur extraordinaire.
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panamá aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n'a pour seul talent apparent qu'une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d'une population jusque-là oubliée de Dieu.
Fabienne Defosse & David Zukerman



Et puis, nous avons quitté la décharge à ciel ouvert de l'Amérique centrale, pour rejoindre la lumière du feel-good book… Le fameux Don't look back in anger d'Oasis a clôturé le tour de chant d'Inès et avec notre rayon de soleil, Catherine-Rose Barbieri, nous avons basculé du côté des comédies romantiques. Nous avons  évoqué Camille, l'héroïne de Am stram, gram... ce sera toi qui me plairas (Eyrolles), le premier roman de Catherine-Rose Barbieri.
Camille bosse dans une grosse boîte.
Elle n'a pas d'attachement particulier pour son boulot.
Ni pour ses collègues.
Ni pour grand monde, d'ailleurs, si ce n'est pour son amie Anna et son voisin de palier septuagénaire, Monsieur Lambert.
Dans son appartement, chaque soir, elle s'évade en dévorant films, séries et livres, du moins quand elle ne peste pas contre la piètre isolation phonique au sein de l'immeuble, et notamment contre son voisin du dessus, aux mœurs mystérieuses et certainement dissolues.
Et puis un jour, au travail, elle trouve un courrier inattendu dans sa boîte mail... Inattendu et anonyme.
Commence alors un jeu de piste improbable pour en démasquer l'auteur, qui va forcer Camille à ne plus seulement croiser les gens sans les voir, mais à prendre le temps de les regarder et parfois même de les apprécier. Entre situations burlesques et malentendus, la jeune femme apprendra à dépasser ses préjugés pour enfin décider de la suite de sa vie, réparer ses erreurs et peut- être même tomber amoureuse.
Puis un vent d'Ecosse nous a amené l'irrésistible James, le héros du tout dernier roman de Catherine-Rose, Souviens-toi que tu m'aimes (Eyrolles). Si comme moi, vous fondez en regardant You've got a mail ou encore Coup de foudre à Notting Hill, si Bridget Jones vous fait marrer, aucun doute, les romans de Catherine-Rose Barbieri sont pour vous ! Rien de tel pour combattre la grisaille automnale et voyager à travers l'Europe.
Lorsqu'Héloïse rencontre James dans ce wagon du TGV Lyon-Paris, le coup de foudre est réciproque.
Mais rien n'est simple pour Héloïse. D'abord, elle ne croit pas au coup de foudre le romantisme, très peu pour elle ! Ensuite son sens de la loyauté est particulièrement aigu, au point d'être dans cette histoire un vrai handicap. La jeune femme fait donc taire ces sentiments inédits dont elle ne sait que faire, et ce qui aurait pu être le début d'une belle idylle en reste là.
Deux ans et demi plus tard, après bien des épreuves et pas mal d'errance, Héloïse et James se retrouvent par hasard en Ecosse. Le cœur d'Héloïse n'a rien oublié. Elle est prête à croire que le destin vient de lui accorder une faveur. James, en revanche, ne se souvient pas d'elle. En effet, beaucoup de choses ont changé en deux ans et demi. Beaucoup, oui, mais pas toutes...
Catherine-Rose Barbieri
Les heures ont filé, est venu le temps de clôturer la troisième édition du Rock'n Books. C'est donc les yeux remplis d'étoiles, le cœur débordant d'amour, que j'ai remercié les auteurs sans qui tout cela n'existerait pas, le public qui, malgré tout était présent, le Maire de Valmondois qui, depuis le début m'a accordé toute sa confiance, Fêtes et loisirs, l'association qui a cru en mon concept et me soutient depuis plus de trois ans. 
Tous mes plus sincères remerciements vont à vous tous, à vous qui faites le succès du Rock'n Books. Tout simplement MERCI !

De gauche à droite : Nicolas Houguet, Sophie Lemp, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Fabienne Defosse, Inès Rougon, Julien Mutis, Lou Vernet, Cécile Pellault & Léon Cornec.

À l'année prochaine et d'ici là, on vous souhaite de belles lectures !