mardi 23 juin 2020

Mon avis sur "Et la vie reprit son cours" de Catherine Bardon

Après Les déracinés puis L’Américaine, voici le troisième et dernier opus de la fresque historique de Catherine Bardon, Et la vie reprit son cours. Il est vrai qu'après la période que nous venons de traverser, ce titre est vraiment de circonstance, mais rassurez-vous, le titre ne fait pas le livre, l'essentiel est ailleurs...

Jour après jour, Ruth se félicite d’avoir écouté sa petite voix intérieure : c’est en effet en République dominicaine, chez elle, qu’il lui fallait poser ses valises. Il lui suffit de regarder Gaya, sa fille. À la voir faire ses premiers pas et grandir aux côtés de ses cousines, elle se sent sereine, apaisée. En retrouvant la terre de son enfance, elle retrouve aussi Almah, sa mère, l’héroïne des Déracinés. Petit à petit, la vie reprend son cours et Ruth -tout comme Arturo et Nathan- sème les graines de sa nouvelle vie. Jusqu’au jour où Lizzie, son amie d’enfance, retrouve le chemin de Sosúa dans des conditions douloureuses.

Roman des amours et de l’amitié, Et la vie reprit son cours raconte les chemins de traverse qu’emprunte la vie, de défaites en victoires, de retrouvailles en abandons. Il couvre la période de 1967 à 1979 durant laquelle Catherine Bardon mêle petite et grande histoire. 

Ce troisième opus bien que plus axé autour du personnage de Ruth est un hymne à la famille et aux relations mère/fille. Almah passe le flambeau à sa fille qui, en digne héritière, devient le pilier de cette tribu et qui à l'instar de sa mère, s'enracine au domaine de SosúaOn suit son évolution durant cette dizaine d'année. Tantôt on se réjouit avec elle de ce que la vie lui offre, tantôt on souffre de ce qu'elle lui fait subir, mais toujours avec intérêt et passion. Et puis grâce au talent de conteuse de Catherine Bardon, à travers les voyages et les rencontres de Ruth, on est témoin de la guerre entre la Palestine et Israël, de celle du Vietnam, des marches pacifistes aux USA, de la défense des droits des minorités, sans oublier la crise politique de la République dominicaine. Plus légèrement on swingue sur les musiques de Jimmy Hendrix, Otis Redding, Janis Joplin... Et surtout on revit l'histoire d'amitié entre Ruth et Lizzie.  

C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Almah, Ruth et les leurs sans oublier Sosúa qui est le point d'ancrage des Rosenheck. En lisant Et la vie reprit son cours, j'ai eu le sentiment d'être de retour à la maison après un long voyage et de feuilleter un album de famille. Bien que l'émotion était au rendez-vous, j'aurai juste aimé que cet album soit plus fourni, qu'il s'attarde d'avantage sur certains événements qui ne sont que survolés.

Quoi qu'il en soit, Catherine Bardon, les Éditions Les escales et NetGalley m'ont offert un joli moment lecture qui m'a permis de m'évader durant cette période de confinement. Et la vie reprit son cours...

Belle lecture !

mercredi 3 juin 2020

Mon avis sur "Tout le bleu du ciel" de Mélissa Da Costa

Mélissa Da Costa est une romancière française. Tout le bleu du ciel est son premier roman, publié initialement sous le titre Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade. Il fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs 2020 du Livre de Poche.

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. Inspiré par sa singulière compagne de voyage et la citation de Confucius, Émile va entreprendre ce grand voyage intérieur dans lequel il entraînera Joanne sans qu'il ne l'ait prémédité. À l'âge où l'on a la vie devant soi, à l'âge où l'on ne pense qu'à dévorer l'existence, Émile est en sursis. Atteint d'une maladie incurable qui va inéluctablement générer une perte d'autonomie et de mémoire, il n'a plus que quelques mois à vivre. Alors plutôt que de se lamenter sur son sort et faire subir cette injustice à son entourage, il choisira la liberté. C'est donc au volant de son Combo fraîchement acquis, qu'il s'évadera. Libéré de toute contrainte hospitalière, de tout protocole de soins, il part. Il part non pas pour fuir, mais pour vivre. Partir pour vivre intensément le temps qu'il lui reste. Partir pour aller à la rencontre de soi, des autres, de tout ce qui l'entoure. Partir pour enfin apprendre à regarder, à observer et à comprendre. 

Tout le bleu du ciel est un premier roman tout en émotions subtiles, un roman qui traite de la résilience et qui recentre les sans ciel, sur l'essentiel. Une question de fond nous taraude toute la lecture durant, faut-il être au pied du mur pour s'émerveiller des petits riens du quotidien, pour apprécier à sa juste valeur la vie, pour saisir la beauté de la nature environnante ou tout simplement l'instant présent ? 

Tout le bleu du ciel aurait pu être un roman dégoulinant de mièvrerie, à dire vrai, telle était ma crainte, mais la plume de Melissa Da Costa alliant simplicité et authenticité et surtout l'habile dosage de bons sentiments et d'humanité qui habitent ses personnages, agrémenté d'une bonne dose d'humour et d'autodérision, nous en éloigne. De surcroît et bien que la fin soit sans issue, Tout le bleu du ciel célèbre la vie. 

C'est donc apaisé que l'on quitte Émile et Joanne, que l'on referme cet imposant premier roman (838 pages tout de même !) qui nous rappelle, s'il en était encore besoin après la période inédite que nous venons de traverser, combien la vie est belle et l'urgence qu'il y a à l'apprécier à sa juste valeur. Alors, laissez-vous tenter et venez donc faire le tour de vous-même...

Belle lecture !