lundi 31 mai 2021

Mon avis sur "Les nuits d'été" de Thomas Flahaut

Les nuits d'été publié aux Éditions de l'Olivier, est le second roman de Thomas Flahaut. Il fait partie de la sélection 2021 des 68 premières fois. Fils d'ouvrier et transfrontalier, l'auteur s'est en partie inspiré de son parcours personnel pour écrire l'histoire de ces trois jeunes.

Thomas, Mehdi et Louise se connaissent depuis l’enfance.
À cette époque, Les Verrières étaient un terrain de jeux inépuisable. Aujourd’hui, ils ont grandi, leur quartier s’est délabré et, le temps d’un été, l’usine devient le centre de leurs vies.
L’usine, où leurs pères ont trimé pendant tant d’années et où Thomas et Mehdi viennent d’être engagés.
L’usine, au centre de la thèse que Louise prépare sur les ouvriers frontaliers, entre France et Suisse.
Ces enfants des classes populaires aspiraient à une vie meilleure. Ils se retrouvent dans un monde aseptisé plus violent encore que celui de leurs parents. Là, il n’y a plus d’ouvriers, mais des opérateurs, et les machines brillent d’une étrange beauté.

Loin de l'insouciance et de la légèreté qu'évoque son titre, Les nuits d'été est une grande fresque sur la puissance et la fragilité de l’héritage social. Thomas Flahaut écrit le roman d’une génération, avec ses rêves, ses espoirs, ses désillusions. Il dépeint la brutalité du monde ouvrier en déclin face aux exigences du capitalisme. Rendement et délocalisation sont devenus les maîtres mots. L'auteur brosse le portrait d'une certaine jeunesse, celle de la classe ouvrière, qui malgré les études et la volonté de s'élever socialement, reçoit en héritage un statut. Les nuits d'été c'est en somme une histoire de trajectoire sociale, mais aussi de combats, d'amitié et d'amour. 

La plume poétique de Thomas Flahaut mêlée à un style abrupt, font de ce roman, non pas une diatribe contre le capitalisme, mais un livre mélancolique et sociologique sur les difficultés qu'ont les jeunes à se projeter tant personnellement que professionnellement. Les nuits d'été est un roman social criant de réalisme, porté par des personnages poignants ancrés dans la société actuelle. Portraits d'une génération désenchantée.

Belle lecture !

dimanche 30 mai 2021

Mon avis sur "Avant elle"de Johanna Krawczyk

Johanna Krawczyk est née en 1984. Elle est scénariste. Avant elle est son premier roman publié aux Éditions Héloïse d'Ormesson. Et qui dit premier roman, dit 68 première fois, de plus, Avant elle a fait partie de la sélection du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021.

Carmen est enseignante, spécialiste de l'Amérique latine. Une évidence pour cette fille de réfugiés argentins confrontée au silence de son père, mort en emportant avec lui le fragile équilibre qu'elle s'était construit. Et la laissant seule avec ses fantômes.
Un matin, Carmen est contactée par une entreprise de garde-meubles. Elle apprend que son père y louait un box. Sur place, un bureau et une petite clé. Intriguée, elle se met à fouiller et découvre des photographies, des lettres, des coupures de presse. Et sept carnets, des journaux intimes.

Avec une plume incisive, Johanna Krawczyk livre un premier roman foudroyant qui explore les mécanismes du mensonge et les traumatismes de la chair. Parce qu'elle ne sait quasi rien de son histoire familiale, Carmen noie ses fantômes dans l’alcool et essaie tant bien que mal de rester debout. Jusqu’au jour où le destin va lui ouvrir les portes d'un secret jusqu'alors bien gardé par son père. Carmen va enfin savoir au risque de tout faire voler en éclats. Parfaitement construit, Avant elle nous embarque en Argentine à la rencontre d'une histoire familiale. Et si ce père n’était pas l’homme qu’elle croyait, s’il avait fui l’Argentine pour une toute autre raison que la dictature ? L'origine du mal-être de cette jeune femme se trouvait dans les silences écrasants de son père. Dès lors, avait-elle vraiment le choix d'ignorer ces carnets ? Elle voulait mettre des mots sur ses maux, panser ses blessures, elle va se prendre une déflagration en plein cœur. 

Court mais intense, Avant elle est un roman qui met en exergue la puissance des non-dits, les ravages et traumatismes qu’ils laissent dans la chair. Ce roman est à la fois un cri d'amour d'une fille à son père, un cri d'effroi qui déchire tous les silences, un cri d'espoir. Avant elle est un premier roman à découvrir, Johanna Krawczyk une auteure à suivre.

Belle lecture !

samedi 29 mai 2021

Mon avis sur "L'ami arménien" d'Andreï Makine

Andreï Makine, de l’Académie française, est l’auteur d’une œuvre importante et multiprimée. Jugez plutôt, Prix Goncourt, prix Goncourt des lycéens, prix Médicis, prix RTL-Lire, il les a tous eus ou presque. S'attaquer à un Andreï Makine, c'est l'assurance de lire une belle plume. L'ami arménien publié en janvier dernier chez Grasset a été l'un des huit finalistes du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. 

Le narrateur, treize ans, vit dans un orphelinat de Sibérie à l’époque de l’empire soviétique finissant. Dans la cour de l’école, il prend la défense de Vardan, un adolescent que sa  pureté, sa maturité et sa fragilité désignent aux brutes comme  bouc-émissaire idéal. Il raccompagne chez lui son ami, dans le quartier dit du « Bout du diable » peuplé d’anciens prisonniers, d’aventuriers fourbus, de déracinés égarés "qui n’ont pour biographie que la géographie de leurs errances." Il est accueilli là par une petite communauté de familles arméniennes venues soulager le sort de leurs proches transférés et emprisonnés en ce lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal, en attente de jugement pour subversion séparatiste et complot anti-soviétique parce qu’ils avaient créé  une organisation clandestine se battant pour l’indépendance de l’Arménie.

L'ami arménien convoque une double nostalgie : celle de cette petite communauté arménienne pour son pays natal et celle de l’auteur pour son ami disparu qui souffrait de la « maladie arménienne ». Ce roman nous embarque en plein cœur d'une communauté exilée, certes pauvre, mais digne et ô combien riche de l'essentiel. Probablement parce qu'il est orphelin, le narrateur tel un papillon, est irrésistiblement attiré par la lumière et la chaleur qui émane de ce "royaume d'Arménie", de sa générosité et de son hospitalité. "Le bout du diable" est un lieu où l'histoire de l'Arménie ne meurt jamais, elle se transmet. À travers ce peuple déraciné et son ami, l’auteur va découvrir les horreurs que les arméniens ont subies. Il va découvrir aussi la solidarité, la fidélité avec Gulizar la sœur de Vardan, mais aussi la sagesse avec Sarven. Malgré l'oppression, le déracinement, leur misérable condition de vie, l'incertitude du lendemain, cette communauté offre une belle leçon d'humanité et d'espérance. 

Quant à Andréï Makine, avec sa plume poétique, il rend un bel hommage à son ami disparu et aux siens, ces « copeaux humains, vies sacrifiées sous la hache des faiseurs de l’Histoire. » Un seul bémol, à vouloir poser sur son récit un voile de pudeur, l'auteur tient un peu le lecteur à distance, sentiment accentué en raison de son style d'écriture. Malgré cela, L'ami arménien est à lire pour ne pas oublier et pour la plume de l'académicien, Andréï Makine.

Belle lecture !

jeudi 27 mai 2021

Mon avis sur "Le mal-épris" de Bénédicte Soymier

Infirmière, Bénédicte Soymier est passionnée de littérature et partage ses avis de lecture sur son blog Au fil des livres. Le mal-épris est son premier roman et fait partie de la sélection 2021 des 68 premières fois. Il est publié chez Calmann-Lévy. Comme quoi être blogueuse peut mener chez de grandes maisons d'éditions...

Paul est amer. Son travail est ennuyeux, il vit seul et envie la beauté des autres. Nourrie de ses blessures, sa rancune gonfle, se mue en rage. Contre le sort, contre l’amour, contre les femmes.
Par dépit, il jette son dévolu sur l’une de ses collègues. Angélique est vulnérable. Elle élève seule son petit garçon, tire le diable par la queue et traîne le souvenir d’une adolescence douloureuse.
Paul s’engouffre bientôt dans ses failles. Jusqu’au jour où tout bascule. Il explose.
Le mal-épris est une radiographie percutante de la violence, à travers l’histoire d’un homme pris dans sa spirale et d’une femme qui tente d’y échapper.  

Le mal-épris commence par cette affirmation "Paul n'est pas beau". Alors on compatit. On a de l'empathie pour ce petit homme maigre, au nez long, aux cheveux ternes et rares, sans style. Après tout, il n'y a pas que le physique. Et puis même si le sien est ingrat, il n'empêche qu'à force de stratagèmes, Paul est parvenu à emballer sa jolie voisine, Mylène. Elle a accepté le verre, la bouteille y est passée. Mylène a succombé. Alors forcément Paul s'emballe. Un peu trop d'ailleurs. Quant à Mylène, elle regrette. Non seulement il est moche, mais pire, il est lourd. Mylène regrette amèrement. Elle l'ignore. Comme on la comprend. Paul le vit très mal. Dès lors son mal-être ne fait que s'intensifier. Jusqu'au jour où il finit par se rabattre sur Angélique, une collègue de bureau à la Poste. Angélique est loin d'être aussi jolie que Mylène, elle est même moche, mais ses rondeurs la rendent terriblement sexy. Et elle est tellement gentille. Paul a trouvé celle qu'il va soumettre, qu'il va martyriser pour se venger. De qui ? De quoi ? Celui qu'il s'était juré de ne jamais devenir va finalement prendre le dessus. Aucun doute, Paul est vraiment laid, surtout de l'intérieur. Il est à vomir.

Le mal-épris est un roman à la fois dérangeant et complètement addictif. Il est dérangeant parce que dès les premières pages le lecteur est introduit dans la tête de cet homme, dans ses pensées les plus viles. Plus son mal-être grandit, plus on a conscience d'être enfermé dans le cerveau d'un malade, d'un pervers qui une fois qu'il tient sa proie, ne la lâche plus. Il manipule, est sournois, violent, malsain. Il est sale, laid. Paradoxalement, aucune envie de s'échapper. En prenant le parti pris de nous camper dans les pensées tantôt du prédateur, puis de la victime, Bénédicte Soymier savait qu'elle allait nous rendre totalement dépendant de ses personnages. De plus sa plume incisive, vive et épurée donne une telle intensité au récit que ce n'est pas Mylène ou Angélique qui se sont fait manipuler, violer, frapper par ce pervers, c'est moi. À bout de souffle, je me suis surprise à grimacer, à esquiver les coups, à me sentir nauséeuse. Le mal-épris est un premier roman intense, percutant qui se lit en apnée. On aimerait tellement que ce ne soit qu'un roman.

Belle lecture !

mardi 25 mai 2021

Mon avis sur "Nous les magnifiques" de Julie de Lestrange

Nous les magnifiques est la suite de Hier encore, c'était l'été et de Danser encore. Il vient clôturer l'histoire d'Alexandre, Sophie, Marco, Anouk et les autres, cette bande de potes depuis toujours. Ce dernier opus est publié, comme les précédents, aux Éditions Mazarine.

Alexandre a réussi. Il partage son temps entre son métier, sa famille et des projets qui fourmillent.
Dans cette course effrénée, il ne voit pas que son monde se délite, petit à petit.
C’est l’histoire d’un homme qui pensait tout connaître de l’existence.
C’est aussi l’histoire de Marco, Claude, Anouk et Sophie.
De ces  amis que l’on garde pour la vie, et de nos défaites, dont jaillissent les plus grandes espérances.

Alexandre est au cœur de ce troisième opus. Il est marié à Sophie. Ils ont deux enfants qui sont maintenant adolescents. Alexandre s'investit beaucoup dans son travail. Et pour cause, avec son associé, il dirige une agence de communication. Tous deux se démènent pour décrocher des contrats. Pas toujours évident, beaucoup de stress. Sophie, quant à elle travaille dans la fonction publique. Tout va plutôt bien pour Alexandre et les siens jusqu'au jour où il perd un gros contrat, sa fille se retrouve au poste, sa femme perd son boulot et son père lui apprend l'existence d'un nouvel amour et de sa maladie. C'est bien connu les emmerdes ça volent toujours en escadrille... Autant dire que là Alexandre s'en prend en rafale. 

Mais ce que traverse Alexandre c'est finalement ni plus, ni moins que de la vie avec ses hauts et ses bas. C'est un peu de la mienne, de la votre, celle de tout un chacun. Rien de bien extraordinaire, me direz-vous. C'est vrai et pourtant ils sont toujours aussi attachants les personnages de Julie de Lestrange. Ils ont un je ne sais quoi qui nous rassurent, qui nous touchent. Peut-être parce que l'auteure sait dépeindre avec justesse cette tranche de vie, qu'elle a ce qu'il faut d'empathie envers ses personnages pour qu'ils soient crédibles et émouvants avec leurs forces et leurs faiblesses. Nous les magnifiques se lit comme on déguste un bon vin avec des potes. C'est chaud, un peu enivrant et quand la bouteille est terminée on aimerait tellement en avoir une autre pour continuer à s'enivrer. 

C'est donc à regret que l'on laisse Alexandre, Sophie, Marco, Anouk et les autres ensemble, envers et contre tout. Quoi qu'il en soit, je suis heureuse d'avoir croisé leur route toutes ces années durant. Merci Julie de Lestrange (et à Babelio pour l'envoi de ce dernier opus).

Belle lecture !

lundi 24 mai 2021

Mon avis sur "Over the rainbow" de Constance Joly

Constance Joly a publié son premier roman Le matin est un tigre il y a deux ans. C'est grâce au flaire des fées des 68 premières fois que j'ai découvert cette auteure. J'avais refermé ce premier livre en me disant que  cette auteure était à suivre. Je ne m'étais pas trompée. Elle revient avec un roman très personnel Over the rainbow disponible chez Flammarion. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, non seulement ce second roman fait partie de la sélection 2021 des 68 premières fois mais il a également été l'un des huit finalistes du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. Pour une second fois, c'est plutôt bon signe !

Celle qui raconte cette histoire, c’est sa fille, Constance. Le père, c’est Jacques, jeune professeur d’italien passionné, qui aime l’opéra, la littérature et les antiquaires. Ce qu’il trouve en fuyant Nice en 1968 pour se mêler à l’effervescence parisienne, c’est la force d’être enfin lui-même, de se laisser aller à son désir pour les hommes. Il est parmi les premiers à mourir du sida au début des années 1990, elle est l’une des premières enfants à vivre en partie avec un couple d’hommes.
Oui mais voilà, avant de s’autoriser à vivre pleinement son attirance pour eux, Jacques a été marié et a eu une fille. 

Over the rainbow est un avant tout une déclaration d’amour d’une fille à son père, d'un père qui a choisi de quitter femme et enfant pour se libérer du carcan social qui l'étouffait, pour s'épanouir sexuellement et vivre enfin son homosexualité. Ce père a osé faire ce que l'on ne faisait pas à cette époque. Nous sommes à la fin des années soixante. En ce temps-là, non seulement les divorces demeuraient exceptionnels, mais de surcroît il était rare pour un enfant de partager l'instant d'un week-end ou des vacances, la vie d'un couple d'hommes. Malgré la honte qu'elle a subie plus jeune, le jugement des autres, c'est sans parti pris que Constance Joly raconte ce père, cet homme cultivé, passionné, fantasque. Cet homme qui voulait aimer librement et s'affranchir de toute convention sociale. Cet homme qui a été l’une des premières victimes du Sida en France. Parce qu'en ce temps-là, la trithérapie n'existait pas. Parce qu'en ce temps-là, de ce virus on en crevait.

Over the rainbow est un livre à la fois très personnel et universel. Véritable exutoire pour l'auteure qui a ressenti le besoin de poser des mots pour combler le manque et pour que plus personne ne se permette de parler de son père, Jacques, comme d'un "vieil homo mort du dasse", ce livre est aussi un plaidoyer pour la différence, un hymne à la liberté d'être soi-même quoi qu'on en dise. Constance Joly ne juge personne, même pas Ivan, le compagnon de son père qui est parti dès qu'il a appris que Jacques était malade. Elle ne convoque pas la morale, juste elle raconte avec pudeur. Elle raconte les moments fantasques de ce père jusqu’à sa déchéance physique. 

Over the rainbow est aussi doux et mélodieux que la chanson. Pour ma part, j’ai vraiment attrapé un coup de lune à écouter Constance Joly nous raconter ce papa pas comme les autres, mais un papa avant tout.

Belle lecture !

samedi 22 mai 2021

Mon avis sur "Indice des feux" d'Antoine Desjardins

Antoine Desjardins est enseignant et écrivain. Indice des feux est son premier livre, un recueil de sept nouvelles disponible chez La peuplade et sélectionné par les 68 premières fois.

Soumise à la frénésie incendiaire du XXIe siècle, l’humanité voit sa relation au monde déséquilibrée et assiste avec impuissance à l’irréversible transformation de son environnement. 
Explorant cette détresse existentielle à travers sept fictions compatissantes, Antoine Desjardins interroge nos paysages intérieurs profonds et agités. Comment la disparition des baleines noires affecte-t-elle la vie amoureuse d’un couple ? 
Que racontent les gouttes de pluie frappant à la fenêtre d’un adolescent prisonnier de son lit d’hôpital ? Et, plus indispensable encore, comment perpétuer l’espoir et le sens de l’émerveillement chez les enfants de la crise écologique ? Autant de questions, parmi d’autres, que ce texte illustre avec nuance et tendresse, sans complaisance ni moralisme.

Alors que l'on peine toujours à rendre opérationnelle la transition écologique, Indice des feux peint les incertitudes d’un avenir où tout est encore à jouer. 
Antoine Desjardins aborde à travers sept tableaux la détresse existentielle des humains associée aux dramatiques conséquences du changement climatique. L'humanité et son écosystème s'effondrant, il réunit les deux avec habileté dans chacune de ses nouvelles. Par de subtiles métaphores poétiques et sans jamais être moralisateur, il nous rappelle combien il est urgent de préserver notre relation à notre environnement parce que c'est de celle-ci que dépend la vie. Ce n'est qu'en la choyant que nous resterons vivants. Dans cette perspective, il met en avant comment la disparition des baleines noires peut impacter la vie amoureuse d'un couple, ou encore comment un enfant hospitalisé tue le temps en écoutant les nouvelles à la radio. Il n'est question que d'inondations, de fonte des glaces. Ce sont autant d'ours polaires qui à l'instar de cet enfant atteint d'un cancer incurable, risquent de disparaître. Vous l'aurez compris, la problématique écologique traverse chacune des nouvelles.

Indice des feux est un livre subtil, très dense, intelligent et malgré quelques pointes de désenchantement, il demeure un recueil optimiste et lumineux. De plus, il déborde d'expressions québécoises qui rendent le tout encore plus poétique vu de ce côté-ci de l'Atlantique. Mais n'ayez la chienne, un glossaire vous permet de vous y retrouver.

Aucun doute, Indice des feux vaut toutes les conventions citoyennes pour le climat. Ce livre invite -s'il en était encore besoin- à une prise de conscience sans pour autant tomber dans l'éco-catastrophisme. Tout est encore possible ! Indices des feux est à lire par tous les climatosceptiques et les autres.

Belle lecture !

mercredi 19 mai 2021

Mon avis sur "L'ami" de Tiffany Tavernier

Tiffany Tavernier est romancière et scénariste comme sa mère. Son père n'est autre que le célèbre réalisateur, Bertrand Tavernier. L'ami est son neuvième roman. Il est publié chez Sabine Wespieser éditeurUne histoire de culpabilité et de violence. L'ami était l'un des huit finalistes du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021.

Un samedi matin comme un autre, Thierry entend des bruits de moteur inhabituels tandis qu’il s’apprête à partir à la rivière. La scène qu’il découvre en sortant de chez lui est proprement impensable : des individus casqués, arme au poing, des voitures de police, une ambulance. Tout va très vite, et c’est en état de choc qu’il apprend l’arrestation de ses voisins, les seuls à la ronde. Quand il saisit la monstruosité des faits qui leur sont reprochés, il réalise, abasourdi, à quel point il s’est trompé sur Guy, dont il avait fini par se sentir si proche. Entre déni, culpabilité, colère et chagrin, commence alors une effarante plongée dans les ténèbres pour cet être taciturne, dont la vie se déroulait jusqu’ici de sa maison à l’usine. Son environnement brutalement dévasté, il prend la mesure de sa solitude.

Imaginez-vous vivre à la campagne, dans un coin isolé sans voisin jusqu’à ce qu’un couple vienne s’installer juste à côté de chez vous. Elle est dépressive, lui très actif. Il bricole beaucoup. Vous sympathisez, enchainez les apéros, les BBQ. Vous vous liez d'amitié. Et puis un beau matin les gyrophares de la police et le GIGN vous cueillent au saut du lit. Mais que s’est-il passé ? Comment Thierry aurait-il pu imaginer toute la violence, toutes les horreurs qui se jouaient à quelques mètres seulement de chez lui ? Jamais, il n’aurait pu imaginer l'inimaginable. Entre déni, culpabilité, colère et chagrin, commence une effarante plongée dans les ténèbres pour cet être taciturne, dont la vie se déroulait jusqu’ici de sa maison à l’usine. Dès lors, tout vacille. Sa vie, son couple, ses certitudes. C'est le début d'une longue et bouleversante quête.

L’ami est un roman totalement hypnotique. Dès les premières pages, Tiffany Tavernier harponne le lecteur par cette scène de crime digne d'un bon film noir puis relaie ce fait divers au second plan. Toute l'intrigue repose non pas sur les motivations du monstre, mais sur la culpabilité de celui qui n’a rien commis, celui qui a été son ami, celui dont l'unique faute est de n’avoir rien vu, rien entendu. L’ami, c’est certes une histoire de culpabilité, mais aussi et surtout de violence. La violence des faits bien sûr, mais aussi celle de l’absence, du vide, puis celle des autres, de leur réaction. 

Tiffany Tavernier analyse avec finesse et psychologie les dégâts collatéraux qu'un fait divers peut avoir sur l'entourage proche, ce qui fait de L'ami un roman original, sans compter que le tout est magistralement orchestré. En outre, la fluidité de l'écriture de Tiffany Tavernier rend le tout totalement addictif. L'ami est un roman à lire mais le plus loin possible de ses voisins.

Belle lecture !

lundi 17 mai 2021

Mon avis sur "Avant le jour" de Madeline Roth

Madeline Roth a étudié les métiers du livre et est devenue libraire à L’Eau Vive à Avignon. Elle y est toujours. Grande lectrice, c'est tout naturellement qu'elle s'est tournée vers l'écriture. Son cinquième ouvrage et le premier pour adultes est sorti en janvier dernier aux éditions La fosse aux ours. Avant le jour fait partie de la sélection 2021 des 68 premières fois. Autant vous dire que j'ai encore fait une belle découverte !

« Je suis désolé. Sarah vient de perdre son père. Je suis forcé d’annuler Turin. Je t’appelle demain. Je suis vraiment désolé. »
Ce voyage à Turin ne se présente pas sous les meilleurs auspices mais elle décide de partir, seule, sans son amant.
De musées en terrasses de café, d’églises en promenades le long du Pô, le séjour se transforme, peu à peu, en voyage intérieur.
Elle s’interroge sur sa vie. Que dit de nous une histoire adultère ? Pourquoi on se sépare du père de son fils et comment on élève, seule, un enfant ? Peut-être que, sur le quai d’une gare, elle trouvera une réponse.

Bien que très court (80 pages) Avant le jour n'en n'est pas moins un roman riche en émotions et tout en finesse. C'est toute seule que la narratrice se retrouve à faire ce voyage en amoureux. Courageusement, elle part sans lui. Sans celui qui partage non pas sa vie, mais des parenthèses illégitimes. Elle et Pierre devaient enfin passer quelques jours et nuits ensemble. Ils avaient prévu de s'aimer au vu et su de tous les turinois. Mais un contretemps a anéanti leur projet. C'est donc le cœur gros et la tête emplie de questions auxquelles elle entend bien trouver des réponses, qu'elle part. Elle approche de la quarantaine, le temps est venu pour elle de cesser d'attendre, de choisir plutôt que de subir. Elle commence alors son voyage intérieur. Dès lors tout n'est qu'introspection.

Madeline Roth nous livre un roman universel, une très belle histoire d'amour. Une histoire de femme, de mère qui n'élève son fils qu'un jour sur deux. Tout n'est que subtilité et délicatesse. Avant le jour est un petit bijou littéraire à déguster délicatement. Je n'ai qu'un regret, que ce roman n'ait pas été un peu plus long. Le prochain peut-être...

Belle lecture !

dimanche 16 mai 2021

Mon avis sur "Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants" de Camille Zabka

Camille Zabka est professeure agrégée de lettres modernes. Ne crains pas l'ombre ni les chiens errants est son deuxième roman, il est publié aux Éditions L'iconoclaste. L'auteure déploie une écriture toute en sensations pour peindre aussi bien les paysages indonésiens que le portrait de son héroïne, une jeune femme instinctive, à la recherche de sa vérité. Ne crains pas l'ombre ni les chiens errants était l'un des huit finalistes du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021.

C’est un couple parfait d’expatriés français en Indonésie. Lui travaille dans l’exploitation de la palme, elle poursuit en indépendante son travail de rédactrice. Au début, les jours sont heureux sur cette île de Java aux paysages somptueux. Cassandra, issue d’un milieu modeste, aime quitter le complexe, où vivent derrière leurs hauts murs les Occidentaux, et découvrir seule les villages alentour. Mais bientôt le décor de rêve se fissure : la catastrophe écologique menace l’île, le petit groupe d’expatriés vit refermé sur son égoïsme. La naissance d’un bébé fragilise plus encore son équilibre, comme la rencontre avec un garde-forestier, Amu. Elle vient d’avoir trente ans, et, dit-elle, c’est un âge pour vivre ou pour mourir. Elle fait le choix de vivre : elle s’enfuit.

Cassandra rêvait d’un ailleurs, loin de sa banlieue d'Arras. Quand elle rencontre celui qui deviendra le père de son enfant, il l'emmène vivre sur l'île de Java, Cassandra a soif de cette vie aux senteurs épicées. Très vite, le paradis se transforme en enfer. Le climat, les coutumes, le mari. Cette jeune maman, gagnée par la mélancolie, ne pense plus qu’à une chose. Rentrer en France avec son bébé. 

Ne crains pas l’ombre ni les chiens errants est un roman qui emporte, transporte, réveille tous les sens. L’écriture est fluide, sensible et délicate. Dès les premières pages, on plonge dans le milieu des expatriés privilégiés, on est embarqué. Pas de temps mort. Les chapitres sont courts et surtout la construction du roman alliant aller/retour dans le passé/présent, est tellement maîtrisée que la lecture est fluide. Ne crains pas l'ombre ni les chiens errants est roman dépaysant, parfaitement maîtrisé, l'écriture est belle. Bref, c'est un roman digne du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. À lire sans hésitation.

Belle lecture !

vendredi 14 mai 2021

Mon avis sur "De sel et de fumée" de Agathe Saint-Maur

De sel et de fumée est le premier roman d'Agathe Saint-Maur publié chez Gallimard. L'auteure en a débuté son écriture alors qu'elle n'avait que 19 ans. Elle en a aujourd'hui 26 ans. Elle dépeint avec justesse les relations amoureuses d'une certaine jeunesse d’aujourd’hui. 

Samuel raconte Lucas - l’amour, le désamour, le sexe après l’amour, l’amour après la mort de Lucas. Samuel, d’une bourgeoisie de gauche, et Lucas, d’un milieu populaire, étudient à Sciences Po. La Manif pour Tous défile. Lucas, très engagé aux côtés des « antifas », descend dans la rue avec son bandana rouge au milieu des fumigènes. Il est blessé lors d’une bagarre, il ne survit pas. Samuel se souvient de Lucas - de leur rencontre, de leurs hésitations, du désir fou, des jalousies, des ruptures. Car Samuel n’a jamais tout à fait coupé les ponts avec Victoire, qu’il a aimée ; car Lucas s’est laissé séduire par Mélanie aux jambes fines et fuselées. Ils n’ont rien pour s’entendre, tout pour se plaire. Ils tombent amoureux et c’est un amour hérissé de violence et de tendresse, qui laisse sur les lèvres un goût de sel et de fumée.

De sel et de fumée est un premier roman à l’écriture parfaitement maîtrisée tout comme sa construction. Par bribes, tel un puzzle qu'il faut assembler, reconstituer, Agathe Saint-Maur nous raconte la rencontre de deux jeunes étudiants de Sciences Po que tout semble opposer. Amis, ils vont devenir amants. Ils vont s'aimer, se désaimer, se retrouver pour in fine se perdre définitivement. De sel et de fumée est une mise à nue des sentiments et de l’intime. Se glissant dans la peau d'un homme amoureux, l'auteure évoque l’homosexualité, les doutes, l’attirance, puis l’amour, le désamour, la domination de l’un, la soumission de l’autre. Par touches, par instantanés, elle mêle présent et passé et analyse tous ces émois. 

Bien qu'au début j'ai eu un peu de mal à me laisser aller et à ressentir de l’empathie pour les personnages, je dois reconnaître qu'une fois embarquée dans l'histoire, Samuel et Lucas m'ont séduite. Aucune doute, De sel et de fumée est un beau roman d'amour moderne et Agathe Saint-Maur, une auteure qui va marquer son époque. 

Belle lecture !
 

dimanche 9 mai 2021

Mon avis sur "Là où nous dansions" de Judith Perrignon

Judith Perrignon est une journaliste, écrivaine et essayiste. Entrée en 1991 au journal Libération comme journaliste politique, elle fera un détour par la page "Portraits" du journal, avant de le quitter en avril 2007. Depuis, elle partage son temps entre piges et écriture. Là où nous dansions est son dernier roman disponible chez Rivages.

Detroit, 2013. Ira, flic d’élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s’est déroulée son enfance. Tant d’espoirs et de talents avaient germé entre ces murs qu’on démolit. Tout n’est plus que silence sous un ciel où planent les rapaces. Il y a quelques jours, on y a découvert un corps - un de plus.
Pour trouver les coupables, on peut traverser la rue ou remonter le cours de l’Histoire. 
Quand a débuté le démantèlement de la ville, l’abandon de ses habitants ?
La prose puissante de Judith Perrignon croise ici les voix, les époques, les regards, l’histoire d’une ville combative, fière et musicale que le racisme et la violence économique ont brisée.

Là où nous dansions est un roman choral dont le personnage principal est la ville de Détroit, plus particulièrement le quartier des tours du Brewster Project dont la construction a été annoncée en grande pompe en 1935 par Eleanor Roosevelt. Ces tours vont abriter les afro-américains que la crise a laissé sur le pavé. Grâce à l'industrie automobile l'économie redémarre faisant ainsi émerger une classe moyenne américaine noire. Détroit est également le berceau de la soul et du rhythm and blues qui a donné naissance à la Motor Town, plus connue sous le nom de Motown, le label notamment des Supremes. Mais comme rien ne dure vraiment, Détroit va connaître le déclin. Racisme, criminalité, prostitution, ce quartier va être livré aux gangs et devenir une zone de non droit. Les tours qui ont fait la fierté de tous, sont vouées à la démolition. Au milieu des décombres, un cadavre. Un jeune homme blanc. Que faisait-il là ? Il est le moteur de Là où nous dansions. Grâce à lui, nous remontons le temps, nous revivons une époque mythique. Les voix alternent, petite et grande histoire se mêlent, les conflits ethniques et sociaux surgissent, le tout sur fond de soul et R’n’B. 

Si je reconnais à l’auteure un travail colossal de recherches, une plume agréable à lire, il n’en demeure pas moins que le flot d’informations, la multitude de personnages, les flash-back m'ont quelque peu perdue. Là où nous dansions aurait pu être un beau roman, s’il n’avait pas été un documentaire. Mais Judith Perrignon a le mérite de rendre un magnifique hommage à cette ville de l'industrie automobile et du disque qu'a été Détroit sans oublier The Supremes. Rien que pour elles, Là où nous dansions est à découvrir !

Belle lecture !

lundi 3 mai 2021

Mon avis sur "Au tournant de la nuit" de Vincent Raynaud

Vincent Raynaud est éditeur. Il dirige le domaine italien aux Éditions Gallimard. C'est lui qui a édité Elena Ferrante. Il est par ailleurs traducteur littéraire, de l’anglais, de l’espagnol et de l’italien. Au tournant de la nuit est son second premier roman. Et oui, avant d'être publié sous ce titre chez Folio (que je remercie au passage), il l'a été initialement sous Toutes les planètes que nous croisons sont mortes chez L'iconoclaste. Un rock'n roll book.

Il chantait comme s’il devait convaincre quelqu’un et n’avait qu’une seule chance de le faire, maintenant ou jamais. Il chantait magnifiquement et ne le savait pas. 
Tristan a treize ans lorsqu’il assiste à son premier concert de rock, à Paris dans les années 1970. Une révélation. Plus tard, il fonde son propre groupe, La Monstrueuse Parade. Surdoué et magnétique, le chanteur connaît avec ses musiciens une ascension fulgurante. Mais les tournées usent, la drogue est partout, les dérapages se multiplient. Tristan, intransigeant, s’attire le ressentiment de ses amis. Les rêves de ce jeune idéaliste survivront-ils au siècle qui s’éteint ?

C'est bien connu, la musique rythme nos vies. Qu'elle soit classique, pop, rock, punk, électro, elle est partout. En nous. Indissociable de nos souvenirs. Comme nos goûts, elle évolue. Au tournant de la nuit raconte le rapport charnel que Tristan entretient avec elle. Alors qu'il se destinait à une carrière de percussionniste classique, l'adolescent a tout reconsidéré le jour où il a assisté à un concert rock. Ce fut pour lui une véritable révélation. Changement de cap. Tristan veut devenir batteur et jouer dans un groupe. Mais un évènement personnel va précipiter son destin. Tristan devra se prendre en main. Dès lors, il va nous plonger dans l'univers du rock. Au son des riffs, nous allons traverser les époques, côtoyer ceux qui ont contribué à écrire l'histoire du rock, partir en tournée, vivre  les succès, les défaites, les excès, jusqu'aux trahisons. 

Durant plus de quatre cent cinquante pages, dans un style littéraire singulier de sa propre composition, Vincent Raynaud nous embarque sur des rythmes effrénés, dans un univers qui claque, qui percute, qui dit toute l'urgence qu'il y a à vivre. Au tournant de la nuit est si dense qu'une fois refermé on a l'impression d'avoir assisté à un concert marathon. On en ressort sonné. C'est un roman percutant qui non seulement donne envie de reprendre ses baguettes et d'aller au bout de ses rêves sans pour autant devoir se trahir. Qui sait, à force de travail et d'acharnement je parviendrai peut-être à jouer comme Sheila E. ? Rendez-vous Au tournant de la nuit.

Belle lecture !

samedi 1 mai 2021

Mon avis sur "Des diables et des saints" de Jean-Baptiste Andréa

D’abord réalisateur-scénariste, Jean-Baptiste Andrea s’est ensuite lancé dans l’écriture. Un premier roman au succès immédiat, Ma reine (douze prix littéraires dont le Femina des lycéens et le Prix du Premier Roman). Puis un deuxième, Cent millions d’années et un jour accueilli très favorablement par les lecteurs. Alors quand Des diables et des saints est paru en janvier dernier aux Éditions L'iconoclaste nous ne pouvions pas ne pas le sélectionner dans le cadre du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. Grand bien nous a pris(x) !

Joseph est un vieil homme qui joue divinement du Beethoven sur les pianos publics. On le croise un jour dans une gare, un autre dans un aéroport. Il gâche son talent de concertiste au milieu des voyageurs indifférents. Il attend. Mais qui, et pourquoi ?
Alors qu’il a seize ans, l’adolescent est envoyé dans un pensionnat religieux des Pyrénées, Les Confins. Tout est dans le nom. Après Les Confins, il n’y a plus rien. Ici, on recueille les abandonnés, les demeurés. Les journées sont faites de routine, de corvées, de maltraitances. Jusqu’à la rencontre avec Rose.

Des diables et des saints est un roman sur l’enfance orpheline et l’amour en fuite. Il nous transporte en 1969, l’année où tout a basculé pour Joseph. Nous voici projetés dans le monde de l’enfance, mais pas n’importe laquelle, celle de ceux qui ont été abandonnés. Les raisons varient d’un enfant à l’autre, mais ils ont tous en commun d’être orphelin et de se retrouver enfermés dans un orphelinat catholique lugubre. Heureusement, leur inventivité va les aider à surmonter les coups, les corvées, l’humiliation et la maltraitance. 

Encore une fois, Jean-Baptiste Andréa nous embarque dans le monde de l’enfance, entre rire et larmes, humour, naïveté, tendresse, violence et poésie. Les personnages sont tous très attachants et tellement crédibles, qu’il s’agisse des enfants, de Monsieur Rothenberg, sa femme, l’abbé, Grenouille, Rose et ses parents. Et le lien qui unit les membres de la vigie est si fort, si beau, leur imaginaire tellement développé qu'il sublime la réalité. 

On se laisse porter par la plume enchanteresse de Jean-Baptiste Andréa et l’histoire qu'il nous raconte. Tout est intelligemment construit, le rythme est parfait, aucun temps mort, les notes de piano nous transporte. Le tout oscille entre humour et poésie. Un vrai enchantement ce livre. J’ai hâte de le relire et de le voir porté à l’écran. Des diables et des saints est tellement visuel que je vois bien ce petit Souzix, Momo, Sinatra, la Fouine, Rose et Joseph crever la toile de nos salles obscures. Comme un petit air de La guerre des boutons. 

C’est touchant, bouleversant, c’est beau. Des diables et des saints est à lire ! Véritable coup de cœur ! C'est simple il a fait l'unanimité au sein de notre  jury et c'est donc ce touchant roman qui a remporté le Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. Toutes mes félicitations à Jean-Baptiste Andréa et longue vie à Des diables et des saints !

Belle lecture !