lundi 19 octobre 2020

Mon avis sur "L'albatros" de Nicolas Houguet

Nicolas Houguet a organisé sa vie autour de la culture. Handicapé moteur, c'est par livres ou films interposés qu'il a appris à aimer le monde. Ses études l'ont amené à réaliser que la culture était un tout, qu'elle ne se bornait pas à un domaine ou un autre. Alors, il a choisi d'être inclassable. S'intéresser autant à Tolkien qu'à Baudelaire, à Quentin Tarantino qu'à Ingmar Bergman, à Beethoven qu'à David Bowie. Son envie, c'est de décrire ce grand patchwork de références qui a fait de lui ce qu'il est. Aujourd'hui Nicolas Houguet est chroniqueur littéraire et écrivain. Amateur de littérature, de rock et blogueur reconnu, je l'ai convié à ma troisième édition du Rock'n Books pour son roman L'Albatros paru chez Stock. Et évidemment, Nicolas a eu l'honneur d'ouvrir cet évènement.

Mardi 20 octobre 2015. À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui. Autobiographie musicale, poétique et anticonformiste, L’Albatros est un hymne à la liberté insufflée par une Pythie des temps modernes.

Il suffit parfois d'un concert pour que tout bascule, pour qu'au gré des chansons, les souvenirs ressurgissent, que votre vie défile sous vos yeux et qu'enfin, quelque chose lâche. C'était le 20 octobre 2015, c’était à l’Olympia et c’était Elle… Elle c'est Patti Smith, cette immense rockeuse poétesse qui sans le savoir, en jouant chaque titre de son premier album Horses a permis à Nicolas Houguet de se confronter à ce qu'il avait de plus cher. Son enfance, sa famille, ses joies, ses peines, ses amours, mais également les deuils et les silences qu'il n'avait pas eu la force de briser ni de surmonter. Submergé par l'émotion, libéré de tous ses liens, c'est à ce concert que Nicolas Houguet a retrouvé cette insouciance qui l'a concentré sur l'essentiel. Grâce à la voix de Patti Smith et contrairement à l'Albatros de Beaudelaire, Nicolas a pris son envol. Avec ses ailes de géant, il a regagné ses cieux. De cette bouleversante expérience, il a décidé de mettre en musique ses maux/mots, ses émotions. C'est ainsi qu'est né L'Albatros

L'Albatros est un récit intime mais Ô combien intense. Il est des ces précieuses confessions que l'on reçoit et dont on se sent gratifié. Oui, ce livre est un cadeau. C'est une grâce qui étreint les cœurs et les corps meurtris. Bercé par les notes de musique et les titres de Patti Smith, L'Albatros nous immerge dans un bain de mélancolie, dans les affres de la douleur et des blessures passées, mais c'est nourri du suc de la vie, ce précieux liquide qui nous revigore tant, que l'on en ressort. Voilà, L'Albatros est une ode à la vie, tout simplement. Une ode à la vie servie par la plume magistrale de Nicolas Houguet et tellement sonore. L'émotion effleure les mots, les titres de Patti Smith la révèle. Le Rock et les mots, un savoureux mélange. Un conseil, laissez-vous gagner par la magie.

Belle lecture !


Nicolas Houguet - Rock'n Books
26 sept-20

L'albatros 

Charles Beaudelaire (Les fleurs du mal)


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

 

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


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