samedi 30 septembre 2017

Mon avis sur "Danser, encore" de Julie de Lestrange

Danser, encore est la suite de Hier encore, c'était l'été, le premier roman de Julie de Lestrange. J'avais aimé ce roman choral intergénérationnel résolument contemporain où enfants, parents et grands-parents cohabitent chacun avec leurs préoccupations, leurs doutes, leurs questionnements. Alors, lorsque Julie de Lestrange m'a proposé de lire en avant-première ce nouvel opus, j'ai tout de suite accepté. Et bien je peux vous l'avouer sans complexe, je ne le regrette absolument pas !  Quel bonheur de retrouver Alexandre, Marco et la bande...
 
Justement, parlons-en d'Alexandre, Marco, Sophie, Anouk et les autres. Ils connaissent une amitié de trente ans et autant d’amour, de blessures, de déceptions et de joies. Désormais adultes, certains  sont mariés, parents ou se cherchent encore. Tous sont confrontés au poids du quotidien et des responsabilités, à l’existence et ses tourments. Ils sont tous pétris de certitudes jusqu'au moment où un évènement les fera vaciller. Viendra alors le nécessaire besoin de respirer, de danser encore et surtout, celui de s’aimer.
Pour ne pas spoiler l'histoire, je ne dévoilerai rien de plus de Danser, encore. Je ne peux dire qu'une chose, qui résume assez bien son ambiance. Dès les premières pages m'est revenu à l'esprit une phrase que j'avais lue et qui ouvre le roman de Grégoire Delacourt, On ne voyait que le bonheur. Cette phrase est celle d'Henri Calet. Elle résume à elle seule l'émotion que j'ai ressentie. Cette phrase c'est "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes". Pour autant, pas de méprise, Danser, encore n'est pas larmoyant, il est juste terriblement émouvant.
 
Danser, encore  est empreint d'une grande humanité, d'une belle sensibilité. C'est un hymne à la vie, à l'amour, un rappel à l'essentiel. C'est un réel bonheur de lecture. Il l'est parce que l'on retrouve avec un immense plaisir les personnages auxquels on s'identifie immédiatement. Comme un effet miroir, leurs préoccupations, leurs craintes, leurs peurs, leur angoisse sont les nôtres.  Alex, Marco et les autres sont tous profondément touchants parce qu'éminemment humains avec leurs certitudes, leurs failles et leur faiblesse. Ce n'est que parce que la plume de Julie de Lestrange est d'une justesse et d'une infinie sensibilité que tout n'est que crédibilité. C'est donc à regret que l'on referme ce roman mais avec l'irrépressible envie d'être en vie et de Danser, encore.
 
Je souhaite adresser mes plus sincères remerciements à Julie de Lestrange et à son éditeur, Mazarine, de m'avoir permis de vivre ce flot d'émotions. Une fois n'est pas coutume, je voudrai dire à Julie, avec qui j'ai l'occasion d'échanger parfois sur d'autres réseaux, combien j'apprécie son humanité et son engagement. Danser, encore n'est finalement que le reflet de sa personnalité. Bravo donc Julie et je vous souhaite un beau succès bien mérité. Et à vous autres, un conseil, lisez Danser, encore quand bien même vous n'auriez pas lu Hier encore, c'était l'été, le second se lit indépendamment du premier.
 
Belle lecture et n'oubliez pas de Danser, encore. Let's dance !
 
 
 
 

mardi 26 septembre 2017

Mon avis sur "L'amie prodigieuse - Tome 2 : Le nouveau nom" d'Elena Ferrante

Commencée il y a peu, cette saga à succès ne m'a pas transportée. Certes, le Tome 1 pose les bases, il plante le décor et la psychologie des personnages que l'auteure nous invite à suivre quatre tomes durant, de l'enfance jusqu'à leur soixante-dixième anniversaire. Avec Le nouveau nom, on entre vraiment dans le vif de l'histoire. Allais-je enfin devenir addict ?
 
Le nouveau nom prolonge le parcours de Lila Cerullo et Elena Greco, adolescentes inséparables qui tentent d'échapper à leur destin. Aux études, la brillante Lila préfère se marier à  l'épicier Stefano Carracci, elle deviendra riche et travaillera dans la nouvelle boutique de sa belle-famille.  De son côté, Elena, la narratrice, continue ses études au lycée et est toujours secrètement amoureuse de Nino Sarratore. Puis vient le temps des vacances. Les deux amies partent pour Ischia, où elles retrouvent ce dernier. À la fin de cet été particulièrement torride, le destin des deux amies va basculer. Des ruptures s'annoncent...
 
Le nouveau nom s'ouvre sur une scène particulièrement insoutenable. Être  femme et échapper à sa condition n'est pas chose aisée dans les années soixante, surtout lorsque l'on a des velléités d'indépendance. La société d'alors est très machiste. Les hommes dominent les femmes et n'hésitent pas à imposer par tous moyens leur vision du mariage et du rôle de la gent féminine. Elena Ferrante décrit avec justesse le contexte sociétal dans lequel évolue ses héroïnes et c'est là tout l'intérêt de cet opus. Pour le reste, les relations entre les amies sont évoquées à travers leur vie sentimentale mais également leur rivalité qui ne cesse de s'accroître. Avec le temps, Lila a un tempérament de plus en plus marqué, tandis qu'Elena est de plus en plus effacée, elle accepte tous les coups bas de son amie, même les plus inacceptables. Son manque de personnalité agace, au même titre que l'égoïsme de Lila la rend vraiment antipathique. Mais alors, où se niche l'amitié entre ces deux jeunes femmes ?

Malgré un début prometteur, ce second opus ne m'a pas plus convaincue que le premier. En effet, si j'ai réellement apprécié l'évocation du contexte sociétal de cette partie de l'Italie confrontée à la camorra, je ne peux en dire autant des situations vécues par Lila et Elena. Les nombreuses digressions quant à leurs états d'âme, combinées aux innombrables longueurs auront eu raison de ma patience. C'est donc sans regret que je mets un terme à la lecture de cette saga. Il n'empêche que son succès m'interpelle ? Certes, tous les goûts sont dans la nature,  mais il me semble que cette success-story  tient  essentiellement à  l'anonymat de son auteure. La fascination pour ce phénomène aveuglerait-elle les lecteurs au point qu'ils en oublieraient de jeter une œil critique sur l'histoire qui leur est narrée et sa qualité littéraire ?  Tout ceci demeurera une énigme pour moi. Mais j'ai tant de livres encore à lire que je saurai la dépasser.
 
Belle lecture à tout(te)s !


mardi 12 septembre 2017

Mon avis sur "Toutes les familles heureuses" de Hervé Le Tellier

Le dernier chapitre du roman d'Hervé Le Tellier s'ouvre avec cette citation de Tolstoï extraite d'Anna Karénine "Toutes les familles heureuses se ressemblent ; chaque famille malheureuse l'est à sa façon."  C'est bien connu, la famille peut être une vraie plaie, mais que ferait-on sans elle ? L'auteur l'affirme, il n'a jamais rêvé d'une autre famille, même si de manière confuse, il sentait que quelque chose n'allait pas. Sa famille était très particulière...
 
Hervé Le Tellier déclare n'avoir pas été un enfant malheureux, ni privé, ni battu, ni abusé. Mais très jeune, il a compris que quelque chose n'allait pas, très tôt il a voulu partir, et d'ailleurs très tôt il est parti. Son père, son beau-père sont morts, sa mère est folle. Par conséquent, ils ne liront jamais Toutes les familles heureuses, ce livre qui évoque cette bien étrange famille. L'auteur tire d'abord le portrait de ses proches. Celui du beau-père, du grand-père, de la mère qu'il nomme par son prénom, de sa tante puis du père, Genitor. S'ensuit l'évocation des principales étapes de sa vie qu'il illustre de situations concrètes aussi farfelues que croustillantes. Les pages de  Toutes les familles heureuses se tournent et pas l'ombre d'une once d'amour. De la jalousie, de la folie, ça oui, il y en a, mais de l'amour, pas vraiment. Dans sa famille, l'amour ne va pas de soi.

Toutes les familles heureuses est un roman autobiographique. Parce qu'il ne sera jamais lu des siens, Hervé Le Tellier s'est autorisé à  raconter sa famille sans colère et la décrire sans se plaindre. Il affirme même vouloir en faire rire, sans regrets.

Dès la première phrase, la première page, sa plume acérée et son style narratif nous transporte au cœur de cette cellule familiale si singulière. Il égraine son arbre généalogique, évoque sans aucune complaisance un à un les siens. Le ton est tantôt caustique, tantôt pudique comme pour y mettre de la distance et jeter pudiquement un voile sur ses sentiments. Hervé Le Tellier n'est jamais larmoyant, il est factuel, même lorsqu'il illustre les différentes étapes de sa vie. Pourtant, certaines situations sont psychologiquement insupportables et particulièrement violentes.

Toutes les familles heureuses n'est pas sans rappeler le fabuleux Profession du père de Sorj Chalandon. Ces deux romans évoquent la folie d'un parent que l'enfant subit sans s'en rendre compte. Les deux auteurs se sont autorisés à l'évoquer, à l'écrire qu'une fois la certitude acquise que leurs parents ne pourront jamais voir leur folie défiler entre les pages. J'avais aimé le roman de Sorj Chalandon, j'aime tout autant celui d'Hervé Le Tellier. Un conseil, lisez-le !


Ah la famille, quelle plaie quand même !

Impossible de publier cette dernière chronique en tant qu'explolectrice sans parler de cette famille que j'ai intégré, le temps d'un été, la famille des Explorateurs de la rentrée littéraire 2017. Je renouvelle tous mes sincères remerciements à Lecteurs.com et surtout à Karine Papillaud et Dominique Sudre, vous avez été de vraies mères pour nous ! 

Belle lecture !
 

vendredi 8 septembre 2017

Mon avis sur "Sucre noir" de Miguel Bonnefoy

Encore une jolie découverte faite dans le cadre de l'opération "Explorateurs de la rentrée littéraire" organisée  par Lecteurs.com, que je remercie une nouvelle fois au passage. Pour cette rentrée, Miguel Bonnefoy propose un roman original aux allures de conte philosophique, à moins que Sucre noir ne soit une fable...

La légende d'un trésor disparu vient bouleverser l'existence de la famille Otero qui vit dans un village des Caraïbes. Les explorateurs se succèdent. Ils sont tous à la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt. Tous, dont l'ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l'héritière de la plantation de cannes à sucre qui rêve à d'autres horizons. Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, et qu'elle distille alors à profusion le meilleur rhum de la région, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, étouffante, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument.

A travers ce roman aux allures de conte philosophique, Miguel Bonnefoy réinvente la légende de l'un des plus célèbres corsaires pour nous raconter le destin d'hommes et de femmes guidés par la quête de l'amour et contrariés par les caprices de la fortune. Il nous livre aussi, dans une prose somptueuse et délicate inspirée du réalisme magique des écrivains sud-américains, le tableau émouvant et enchanteur d'un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices. Quant à l'écriture de Miguel Bonnefoy, elle est ciselée, sucrée. Avec simplicité et sobriété, l'auteur nous offre tout au long de ce conte, un vrai festival de couleurs, d'odeurs et de sensations qu'il est impossible d'ignorer. C'est ivre et envoûté que l'on referme Sucre noir, mais soyez rassurés, la légende du trésor disparu est sauve.

Sucre Noir est à déguster sans modération.

Bonne lecture !

mercredi 6 septembre 2017

Mon avis sur "Le petit garçon sur la plage" de Pierre Demarty

Lorsque l'on a la chance d'être explolectrice pour Lecteurs.com le temps d'un été, je peux vous dire qu'on en lit des romans sur la plage... Et justement aujourd'hui, c'est sur une plage que tout commence...
Comment oublier cette photo ? Elle a fait le tour du monde, nous a tous bouleversés le trois septembre deux mille quinze. Elle représente un petit garçon mort sur une plage. Qui a oublié Aylan ? Comment ne pas être remué à la vue d'un jeune enfant abandonné sur la plage qui hurle de tout son soûl ?
 
Le petit garçon sur la plage s'ouvre avec cette image extraordinairement puissante, ancrée à jamais dans notre mémoire collective. Un petit garçon a échoué sur la plage. Il porte un T-shirt rouge, légèrement remonté sur le ventre, un short ou un pantalon remonté aussi aux genoux, des baskets bleues. Ce petit garçon échoué sur la plage, Aylan, laisse vite place à un autre petit garçon d'un an à peine qui pleure, hurle sur la plage. Il est seul.  On rembobine les images d'un film, autre référence du livre. La scène surréaliste se déroule sous nos yeux. D'abord un chien. Il s'approche trop du bord de la falaise, attiré, il tombe à l'eau. Il est englouti par la mer. Son corps ne réapparaît pas. Le père inquiet de ne plus le voir se penche à son tour. Il tombe et disparaît. Vient le tour de la mère. Même scène, même sort. Le chien, le père puis la mère tombent à l'eau, qui reste-t-il ? Un petit garçon sur la plage. Il est seul.

Ces deux images de petits garçons vont bouleverser un homme. Deux enfants seuls. L'un est mort, il a échoué sur la plage, l'autre est en vie, mais abandonné. Un fait divers envahit les écrans du monde entier, y compris celui de ce père de famille. Cette image réelle va faire resurgir l'image fictive, la fameuse scène du film et va réveiller les émotions que cet homme avait enfouies. Sa peur de l'abandon va le rattraper et il va perdre pied.
 
Si l'idée de départ m'a plutôt séduite, je dois bien avouer que Pierre Demarty m'a semée en chemin. Je m'attendais à ce que ces deux images aussi fortes l'une que l'autre fassent vraiment vaciller cet homme, qu'il nous révèle avec la même force ses fêlures, ses failles, tout ce qu'il a enfoui au plus profond de lui. Malheureusement, rien de cela ne s'est produit. Les images défilent en boucle et nous, nous tournons en rond. Á vouloir faire imploser son personnage en silence, sans faire de vague, Pierre Demarty a mué Le petit garçon sur la plage en une mer d'huile et noie le lecteur dans une logorrhée pour le faire échouer sur la plage, sans savoir s'il y avait un message à saisir. Dommage, l'écriture et le style sont maîtrisés, il m'a juste manqué l'essentiel. Une autre fois, peut-être...

Belle lecture et encore merci à toute l'équipe de Lecteurs.com !
 

mardi 5 septembre 2017

Mon avis sur "Qui ne dit mot consent" d'Alma Brami

Qui n'a jamais opposé le fameux adage, Qui ne dit mot consent à celui ou celle qui s'obstinait à se taire ?  Mais le silence vaut-il vraiment acceptation y compris s'agissant de l'inacceptable ?
Qui ne dit mot consent est le dernier roman d'Alma Brami et il va faire parler de lui à l'occasion de cette rentrée littéraire. 
 
Prétextant qu'ils y auraient une vie plus saine, Bernard, dit Gary pour les intimes, a convaincu sa femme de quitter la ville pour s'installer à la campagne. Isolée de ses amis et de ses parents, Émilie n'a d'autre choix que d'accepter docilement la visite des amies de son mari. C'est donc sous le toit familial que les maîtresses de Gary seront accueillies au vu et au su de leurs deux enfants. D'apparence cocasse et consentie, la situation fait en réalité souffrir Émilie et les enfants. Même si cette femme est rompue aux relations triangulaires, enfant déjà elle faisait partie du trio qu'elle formait avec ses parents, elle va prendre conscience de l'anormalité de la situation et manifester son mécontentement et sa colère jusqu'à s'en rendre malade.

Qui ne dit mot consent est un huis clos psychologique dont la narratrice n'est autre qu'Émilie, la femme humiliée, manipulée par son mari. Tout l'intérêt de ce roman réside dans sa construction et l'écriture d'Alma Brami. En effet, l'auteure restitue à merveille l'atmosphère malsaine et pesante de cette cellule familiale. Tel un insecte emprisonné dans une toile d'araignée, le piège nuptial se referme sur cette femme qui se révèle de plus en plus meurtrie. Alma Brami prend le lecteur à témoin de cette descente aux enfers à laquelle il assiste impuissant. De plus, elle fait monter crescendo la pression, si bien que c'est le souffle court et poisseux que l'on achève la lecture de ce récit. On renferme Qui ne dit mot consent avec l'irrépressible besoin d'aller se décrasser.

Vous l'aurez compris, toute la force, toute la puissance de Qui ne dit mot consent tient à l'écriture et au style d'Alma Brami. Elle nous livre là une vraie performance d'auteur et un récit que l'on ne pourra oublier de sitôt. Retenez bien ce titre, Qui ne dit mot consent parce qu'il ne va pas passer inaperçu.

Je tiens à adresser mes remerciements les plus chaleureux à Lecteurs.com qui m'a permis non seulement de devenir explolectrice de la rentrée littéraire 2017 et ainsi d'avoir le privilège de lire en avant-première des romans qui vont faire l'actualité. Bronzer en lisant avec un temps d'avance et découvrir des plumes bien trempées, telle que celle d'Alma Brami, fut un réel plaisir. Pour cela et bien plus encore, merci !

Belle lecture !
 

samedi 2 septembre 2017

Mon avis sur "Îles flottantes" de Jean-Luc Cattacin

La fin du mois d'août sonne la fin des vacances, alors pourquoi ne pas les prolonger avec Rouquin qui passe les siennes sur une île. Une île pour amorcer la rentrée en douceur, Îles flottantes de Jean-Luc Cattacin pour une rentrée littéraire, joli programme non ? 

Rouquin passe ses vacances seul dans la maison familiale. Sur une idée presque originale de ses parents, Ficelle son copain de lycée, le rejoindra afin qu'il ne s'ennuie pas dans cette grande maison sur la dune. Pour une bouchée de pain, il a acheté une étrange tablette de bois sur laquelle sont gravés des signes. Voulant en comprendre la signification, il se rend à la bibliothèque, rencontre Elisabeth et découvre le rongo-rongo de l'île de Pâques. L'été s'annonçait bien, mais ça c'était avant. Avant l'arrivée de Ficelle. Avec lui, Rouquin découvrira les excès en tous genres. Ficelle est le genre de garçon qui change le cours de l'histoire.

Sans être le coup de cœur de la rentrée Îles flottantes reste néanmoins un livre qui marque. Il marque en raison de son écriture. De longues phrases s'enchaînent intégrant les dialogues entre les personnages. Aucun saut de ligne. Aucun tiret. Juste des mots au kilomètre agrémentés d'une douce poésie qui nous invite à la contemplation. Côté personnages, rien n'est révélé, pas même les prénoms de Rouquin et de Ficelle. Nous suivons la quête de Rouquin qui l'amènera à croiser le chemin d'Elisabeth, cette femme de savoir qu'il va finir par admirer pour son érudition du rongo-rongo et sur laquelle il va peu à peu fantasmer. Adolescent plutôt timide et sensible, Rouquin se laissera entraîner sur la mauvaise pente par Ficelle le rebelle. Avec lui, il découvrira l'alcool et les drogues en tous genres jusqu'au very bad trip qui annoncera pour Rouquin la perte d'un amour fantasmé et l'entrée dans le monde adulte. 

Bien que le style de Jean-Luc Cattacin soit somme toute agréable à lire, l'usage par moment d'un vocabulaire particulièrement soutenu surprend, déroute. Par ailleurs, Îles flottantes pèche par son intrigue qui n'est, de mon point de vue, pas aboutie. En effet, les scènes s'enchaînent de manière un peu décousue à l'instar de ces adolescents livrés à eux-mêmes, vivant au jour le jour. Et puis soudain tout s'accélère. La fin de l'été annonce la fin d'un cycle, celui de l'adolescence. Îles flottantes s'achève sur l'ouverture d'un autre monde, celui des adultes dans lequel Rouquin va basculer.

Je remercie les Editions Phébus ainsi que Babelio de m'avoir permis de découvrir un des romans de cette rentrée littéraire.

Belle lecture !