vendredi 28 août 2020

Mon avis sur "Par les routes" de Sylvain Prudhomme

Sylvain Prudhomme est un écrivain français. Il a grandi à l’étranger avant d'étudier à Paris. Agrégé de lettres modernes il anime des ateliers d’écriture. Par les routes est son huitième livre pour lequel il a reçu en 2019 le prix Femina ainsi que le prix Landerneau des lecteurs.

J’ai retrouvé l’autostoppeur dans une petite ville du sud-est de la France, après des années sans penser à lui. Je l’ai retrouvé amoureux, installé, devenu père. Je me suis rappelé tout ce qui m’avait décidé, autrefois, à lui demander de sortir de ma vie. J’ai frappé à sa porte. J’ai rencontré Marie.
Par les routes est un roman déroutant, un roman binaire. Il y a ceux qui restent et ceux qui partent. Sylvain Prudhomme y raconte la force de l’amitié et du désir, le vertige devant la multitude des existences possibles. 

En quête d'une nouvelle vie, de calme et de lumière indispensables à ses projets d'écriture, Sacha, le narrateur, a quitté Paris pour s'installer dans un village du sud-est de la France. Il y retrouve par hasard l'autostoppeur un ami de jeunesse avec qui il a parcouru jadis les routes et qu'il avait perdu de vue. Bien qu'installé, marié et papa d'un petit garçon, ce dernier n'entend pas renoncer à s'offrir quelques parenthèses solitaires. Bien au contraire. Depuis qu'il a retrouvé Sacha, l’autostoppeur semble de plus en plus attiré par l’inconnu. L'attrait de nouveaux lieux, de nouvelles personnes le pousse à multiplier les départs, à espacer les retours. D'abord compréhensive, sa femme est peu à peu gagnée par la colère. L'un part, les autres restent. L'un fuit pouce levé la monotonie du quotidien, les autres découvrent la chaleur enveloppante d'un foyer. L'un est absent, l'autre est présent, mais l'un et l'autre à la recherche du bonheur.

Par les routes est un roman à la fois initiatique et introspectif qui se déguste lentement, au gré des villes et des villages parcourus. Il est un hommage à tous ces jolis coins de France. Bien qu'il soit question de voyages, ce roman traite de liberté, d'amitié et d'amour mais surtout de la difficulté à faire des choix pour trouver sa voie. Il est ce genre de roman qui se ressent plus qu'il ne se décrit.

Côté plume, celle de Sylvain Prudhomme est sobre, aussi poétique qu'intimiste comme par volonté de ne surtout rien polluer. Ni le paysage, ni l'ambiance, pas plus que la magie des rencontres. Un conseil, laissez-vous gagner par cette douce nostalgie et tracez la route.

Belle lecture !

dimanche 16 août 2020

Mon avis sur "Les actes" de Cécile Guidot

Après une école de théâtre et des études de droit, Cécile Guidot est devenue notaire spécialisée en droit de la famille et du patrimoine. Deux ans après avoir participé aux Ateliers d’écriture du Figaro, elle signe un premier roman Les actes lequel fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs 2020 du Livre de Poche.

Claire Castaigne est embauchée dans un prestigieux office notarial. Elle a trente-deux ans, elle roule à moto dans Paris, elle porte des tatouages, vit seule, lit Marguerite Duras pendant ses pauses déjeuners, est inscrite sur un site de rencontre. Mais, dans son travail, rien ne transparaît de cette vie solitaire, secrète et différente : elle se consacre à celle de ses clients, elle est touchée par leurs drames. Tout le monde entre un jour chez un notaire pour acheter un appartement, signer un contrat de mariage, divorcer, faire face à un décès ou préparer une succession.

Se rendant compte du potentiel romanesque de sa profession, Cécile Guidot n'a pas hésité à mettre sa carrière entre parenthèse pour se consacrer à l'écriture et publier son premier roman. Très éloigné de la représentation que l'on peut avoir de ce secteur d'activité, Les actes insuffle un réel vent de fraîcheur et par là même dépoussière l'image du notariat. Un réel coup double ! 

En effet, c'est une véritable immersion dans les dossiers en tous genres que Cécile Guidot nous propose, agrémentée d'une jolie galerie de portraits très hétéroclite. Ambition, rivalité et petites magouilles en tous genres sont au rendez-vous. Ça pique, ça balance, c'est croustillant. Le tout est particulièrement divertissant  et rafraîchissant et n'est pas sans rappeler la série télévisée Dix pour cent dont on retrouve la tonalité en raison de la personnalité plutôt Rock'n Roll de Claire Castaigne. Jugez plutôt, une notaire tatouée, friande des rencontres d'un soir et se déplaçant à moto, voilà qui est très éloigné de l'image austère des notaires, non ?

Coté plume, l'écriture de Cécile Guidot est fluide et dynamique, ce qui rend la lecture de ce roman plutôt agréable. La suite, Les volontés vient de paraître.

Belle lecture !

mercredi 12 août 2020

Mon avis sur "Les recettes de la vie" de Jacky Durand

Journaliste au service Société de Libération la semaine, Jacky Durand mute en chroniqueur gourmand le week-end. Depuis des années il sillonne la France des terroirs pour ses savoureuses chroniques culinaires dans Libération Tu mitonnes et tous les samedis matin sur France Culture Les mitonneries de JackyLes recettes de la vie est disponible aux éditions Folio. Il a été initialement publié sous le titre Le cahier de recettes.

Henri est le Chef dévoué du Relais fleuri, un bistrot traditionnel qui régale ses clients de plats généreux. Sous les yeux subjugués de son fils Julien, il élabore des recettes que sa femme consigne dans un cahier. Mais un jour, celle-ci quitte la maison sans explication. 
Henri décrète alors que jamais Julien ne deviendra cuisinier. En cachette, le jeune homme poursuit son rêve et dans sa quête, il lui faudra démêler les secrets de famille et comprendre pourquoi Henri a laissé partir sa femme sans un mot…
Les recettes de la vie est un goûteux roman dressant le portrait d'un homme pour qui la cuisine n'était pas qu'un simple métier, c'était une passion. La passion du terroir et celle de la transmission.

Alors que son père vient de s'éteindre à l'hôpital d'un cancer, Julien espère trouver dans le tiroir de sa table de nuit le cahier en cuir dans lequel sa mère notait toutes les recettes de cuisine que son père élaborait. Les ingrédients tout comme les temps de cuisson et les commentaires y étaient indiqués scrupuleusement. Le tiroir est vide. Julien a l'impression que son père vient de mourir une seconde fois. Dès lors, il se remémore avec beaucoup de tendresse et d'émotions son enfance au Relais fleuri, le bistrot traditionnel où son père officiait.

Entre deux plats, on découvre le caractère taiseux du père, tout ce qu'il n'a jamais su verbaliser, les sentiments qu'il n'a pas exprimés à son fils unique malgré l'amour inconditionnel qu'il lui portait. Alors qu'il espérait que sa progéniture s'éloignerait des fourneaux, ce fils pétri d'admiration pour son père, n'avait qu'une envie, marcher dans les pas de ce Maître de l'art culinaire, faire chanter les marmites et perpétrer les recettes consignées dans ce fameux cahier. Au gré des pages et à travers une large palette de personnages, les secrets du père sont percés laissant place à une relation filiale touchante.

Avec Les recettes de la vie, Jacky Durand nous sert un roman intimiste drapé dans un bel amour filial père-fils. Il rend hommage à tous ces ouvriers qui réveillent nos papilles mais également à la gastronomie du terroir, celle qui est généreuse et goûteuse. Les recettes de la vie est un roman à déguster sans modération.

Belle lecture !

lundi 10 août 2020

Mon avis sur "Les fureurs invisibles du cœur" de John Boyne

John Boyne est né en Irlande en 1971. Auteur de dix romans et de quelques livres pour la jeunesse dont le célèbre Garçon en pyjama rayé (Gallimard, 2006), Les fureurs invisibles du cœur est son livre le plus personnel et le plus ambitieux. Je l'ai lu dans le cadre du Prix des lecteurs 2020 organisé par Le livre de poche.

Cyril n’est pas « un vrai Avery » et il ne le sera jamais - du moins, c’est ce que lui répètent ses parents, Maude et Charles. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? 
Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif des Avery, un couple dublinois aisé et excentrique, Cyril se forge une identité au gré d’improbables rencontres et apprend à lutter contre les préjugés d’une société irlandaise où la différence et la liberté de choix sont loin d’être acquises.

Les Fureurs invisibles du cœur est un roman historique aux accents politiques qui débute en 1945 pour s'achever en 2015. John Boyne embrasse soixante-dix années de l'histoire de l'Irlande à travers le destin Cyril Avery. Toutes ces décennies sont baignées d'une violence sidérante. Jugez plutôt !

La saga commence dans l'immédiat après-guerre. Totalement corsetée par la religion catholique, l'Irlande d'alors ne saurait tolérer qu'une jeune femme puisse procréer hors mariage. Il n'y a donc pas d'autre issue que de la répudier publiquement. Vient alors le temps de la survie et inévitablement celui de l'abandon puis, celui de l'adoption. L'enfant sera élevé par un couple chrétien totalement fantasque qui ne cessera de lui répéter qu'il n'est pas des leurs sans pour autant pouvoir lui indiquer d'où il vient. Cette violence psychologique entretiendra le mal-être de Cyril désespérément en quête d'identité. 

À cette impérieuse nécessité de découvrir ses racines, s'ajoute le besoin de comprendre l'origine du malaise grandissant. En effet, depuis qu'il a rencontré celui qui deviendra son meilleur ami, Cyril est troublé et irrésistiblement attiré par ce garçon. Considérée comme une tare, il découvrira très rapidement que son homosexualité déclenchera l'ire des uns, la honte des autres. Face à la violence qu'elle génère et faute de pouvoir vivre sa sexualité en toute quiétude, Cyril n'aura d'autres choix que de s'exiler. Il traversera l'Atlantique où la tolérance est de mise et devra affronter les ravages du SIDA. Fuir pour mieux revenir. Le temps aidant et après avoir connu la douleur de la perte, Cyril reviendra en Irlande pour combattre l'homophobie et obtenir en 2015, un référendum permettant de légaliser le mariage des personnes de même sexe. Tel sera l'ultime combat de Cyril toujours en quête de son identité existentielle.

Les fureurs invisibles du cœur est l'histoire d’une vie qui n’aura été vécue que sous la contrainte de l’oppression catholique, de la vindicte populaire et l’homophobie institutionnalisée. Ce roman est une épopée contemporaine éminemment romanesque mêlant histoire, drame et comédie. Il se lit d'une traite à l'instar des romans de John Irving à qui John Boyne dédicace le sien

Un conseil, lisez ce captivant pavé et laissez-vous embarquer dans cette Irlande d'un autre temps.

Belle lecture !

samedi 8 août 2020

Mon avis sur "La soustraction des possibles" de Joseph Incardona

Joseph Incardona est écrivain, scénariste et réalisateur. Né d'un père italien et d'une mère suisse, il a vécu notamment à Paris et Bordeaux avant de s'installer à Genève. Riche de sa culture suisse et italienne, admirateur de la vitalité des écrivains de la péninsule, il puise ses références dans le roman noir, roman social par excellence, et la littérature américaine du XXe siècle. Il a plus d'une dizaine de romans à son actif. La soustraction des possibles est disponible aux Éditions Finitude.  

On est à la fin des années 80, la période bénie des winners. Le capitalisme et ses champions, les Golden Boys de la finance, ont gagné : le bloc de l’Est explose, les flux d’argent sont mondialisés. Tout devient marchandise, les corps, les femmes, les privilèges, le bonheur même. Un monde nouveau s’invente, on parle d’algorithmes et d’OGM. À Genève, Svetlana, une jeune financière prometteuse, rencontre Aldo, un prof de tennis vaguement gigolo. Ils s’aiment mais veulent plus. Plus d’argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Leur chance, ce pourrait être ces fortunes en transit. Il suffit d’être assez malin pour se servir. Mais en amour comme en matière d’argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi.

Au cours d'une interview, Joseph Incardona a déclaré : "L'écriture est l'art du pauvre, il n'y a pas de conservatoire, pas d'école. L'écriture, c'est autodidacte, tu voyages léger". Je ne sais pas si l'écriture est l'art du pauvre, en revanche, ce que je sais, c'est que celle de Joseph Incardona est sacrément riche. En effet, La soustraction des possibles est un roman noir, donc un roman social par excellence, qui débute légèrement -un prof de tennis pour pénétrer un milieu social auquel il n'a pas accès, devient le gigolo de l'épouse délaissée d'un richissime banquier- pour finalement dénoncer la cupidité des hommes et par là même, le capitalisme.  Et pour grossir le trait, l'auteur a volontairement choisi de dérouler l'intrigue à la fin des années quatre-vingts, en Suisse et de surcroît dans le milieu bancaire. Tout semble tellement caricatural alors qu'in fine, tout n'est que subtilité et intelligence.

Si Joseph Incardona commence par dépeindre une société totalement superficielle où tout n'est que marchandisation, où l’argent et le pouvoir règnent en maître, il  n'hésite pas à affirmer que la seule réponse à ces dérives est l’amour. D'ailleurs, n'a t-il pas pris soin de nous prévenir dès le prologue ?  La soustraction des possibles n’est pas une histoire d’argent, ni de truands, ni de bourreau, ni de copains, ni de désir, ni de trahison, ni d’ambition. Alors quoi ? Ceci est une histoire d’amour. Autant vous le dire de suite, avant les beaux sentiments, il est surtout question de l'amour de l'argent, parce qu'il impliquerait les femmes, les biens, le confort. Les beaux sentiments s'invitent plus tardivement même si pour le monde de la finance, l’amour n’a jamais été une valeur refuge.

La soustraction des possibles est une critique acerbe du milieu de la finance où l'argent coule à flot et est synonyme de pouvoir et de criminalité en col blanc. Le tout est superbement écrit, intelligemment amené et parfaitement cadencé. La soustraction des possibles est un roman social noir cynique à souhait et d'une immense richesse. Un conseil, ne passez pas à côté, ce serait vraiment dommage !

Belle lecture !

mercredi 5 août 2020

Mon avis sur "Avant la longue flamme rouge" de Guillaume Sire

Guillaume Sire est écrivain et enseignant à l’université Toulouse Capitole. Avant la longue flamme rouge est son quatrième roman publié chez Calmann-Lévy. Il a été récompensé par le Prix Orange du Livre 2020 mais également par le Prix Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers.

1971 : le Cambodge est à feu et à sang. Saravouth a  onze  ans. Sa petite sœur Dara en a neuf. Leur  mère  enseigne la littérature au lycée français. Leur  père travaille à la chambre d’agriculture. Dans  Phnom  Penh assiégée, le garçon s’est construit un  pays imaginaire  : le  «  Royaume  Intérieur  ». Mais un jour, la guerre frappe à sa porte. Les fondations du  Royaume vacillent. Séparé de ses parents et de sa sœur, réfugié dans la forêt sur les rives du Tonlé Sap, Saravouth devra survivre dans un pays en plein chaos, animé par  une  volonté farouche de retrouver sa famille.

Avant la longue flamme rouge est non seulement un roman initiatique mais également une fresque familiale qui raconte de l'intérieur, l'horreur qui a touché le Cambodge assiégé par les Khmers Rouges au début des années soixante-dix. Saravouth n'a que onze ans lorsque l'indicible se produit. Alors pour résister à cette guerre civile qui tue, sépare les familles, dont la sienne, il aura le réflexe de dresser en rempart entre lui et la dure réalité, son monde imaginaire nourri par les lectures que lui faisait sa mère telles que L’Odyssée, Peter Pan ou les poèmes de René Char. Ce n'est que grâce à son royaume intérieur que Saravouth trouvera le courage d'avancer, de partir à la recherche des siens et de résister à la violence et l'horreur qui l'entourent. La puissance de son monde intérieur parviendra à le sauver malgré lui. 

Avant la longue flamme rouge est inspiré de l'histoire de Saravouth que Guillaume Sire a rencontré à Montréal en 2004 dans la rue. SDF, il jouait de la guitare, chantait, organisait des parties d'échecs avec les passants pour gagner quelques dollars. Trois années durant, l'auteur a écouté ce Cambodgien hors du commun lui parler de son enfance bercée par la littérature française, de son long combat pour retrouver les siens, de son arrivée à Washington malgré lui, de son placement en famille d'accueil et de tout ce qu'il aura vécu avant de sombrer dans la folie et d'échouer sur le trottoir. 

Guillaume Sire avait promis à Saravouth qu'il ferait un livre de son histoire. Il a tenu parole et c'est d'ailleurs bien plus qu'un livre qu'il a fait. Avant la longue flamme rouge est non seulement une véritable ode à la littérature mais également un récit intense et puissant particulièrement documenté. Le tout est servi par une plume magistrale. Il est à lire par tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le génocide khmer rouge. Au fait, avez-vous lu L’Odyssée ?

Belle lecture !

Gambit d'Odysseus, film documentaire dédié à Saravouth

dimanche 2 août 2020

Mon avis sur "Le répondeur" de Luc Blanvillain

Luc Blanvillain est agrégé de lettres et enseignant. Il écrit essentiellement sur l’adolescence et se régale à mettre en scène élèves, parents et enseignants, ce trio infernal qu’il fréquente assidûment. Dans ses romans, il aborde souvent les thèmes des adolescents, des problèmes familiaux, de la croyance fanatique et de l'indiscipline. Le répondeur est son second roman adulte, une réflexion sur la création littéraire et artistique à l’ère de la tyrannie des smartphones.

Baptiste sait l'art subtil de l'imitation. Il contrefait à la perfection certaines voix, en restitue l'âme, ressuscite celles qui se sont tues. Mais voilà, cela ne paie guère. Maigrement appointé par un théâtre associatif, il gâche son talent pour un quarteron de spectateurs distraits. Jusqu'au jour où l'aborde un homme assoiffé de silence. Pas n'importe quel homme. Jean Chozène. Un romancier célèbre et discret, mais assiégé par les importuns, les solliciteurs, les mondains, les fâcheux. Chozène a besoin de calme et de temps pour achever son texte le plus ambitieux, le plus intime. Aussi propose-t-il à Baptiste de devenir sa voix au téléphone. Pour ce faire, il lui confie sa vie, se défausse enfin de ses misérables secrets, se libère du réel pour se perdre à loisir dans l'écriture. C'est ainsi que Baptiste devient son répondeur. A leurs risques et périls.

Voici bien longtemps que je n'avais pas lu un roman aussi jubilatoire ! Le répondeur est une vraie bonne comédie doublée d'une satire sociale qui met en exergue notre hyperconnexion. C'est simple, ce roman pétille d'intelligence, sans compter sur sa très grande qualité d'écriture.

En effet, non seulement l'idée de départ est originale, les personnages sont très bien travaillés et particulièrement attachants mais de surcroît, l'écriture est magnifique. Drôle et caustique à souhait, agrémentée d'un vocabulaire riche voire, très soutenu. Aucun doute Luc Blanvillain a une plume incisive qui fait mouche. Un réel régal pour le lecteur. Quant au genre, comment dire ?  Il est pluriel. Le répondeur embrasse le burlesque, le tragique, la caricature. Un vrai vaudeville des temps modernes qui réunit éloquence et critique de notre Société hyperconnectée mais paradoxalement en rupture de communication. L'imposture, la superficialité des relations dans le milieu artistique en général et littéraire en particulier, sont des thèmes également abordés avec brio et finesse. C'est simple, impossible de s'ennuyer tellement on va de rebondissement en rebondissement et que l'intrigue est parfaitement ficelée. 

Nan mais allô quoi, entendez mon message, lisez Le répondeur puisque je vous dis que ce roman est drolatique, vif, ironique, intelligent, fin, un poil déjanté et admirablement bien écrit ! Jouissif, tout simplement.

Belle lecture !