jeudi 31 décembre 2020

Mon avis sur "Nos silences ne sont pas des chansons d'amour" de Tom Noti

J'ai découvert l'univers de Tom Noti voici quelques semaines avec son émouvant roman Elles m'attendaient... c'était juste avant la sortie de Nos silences ne sont pas des chansons d'amour. Ayant été particulièrement touchée par la plume et l'humanisme de cet auteur, je ne pouvais passer à côté de ce nouveau roman publié par les Éditions La Trace.

« Si vous n’aviez qu’un ami, 
mais qu’il était fan de karaoké...
Si vous n’aviez qu’un frère, mais qu’il était parti vivre sa passion loin de vous...
Si vous n’aviez qu’une passion, mais que la vie l’avait mise en sourdine...
Et si vous receviez des textos de votre mère, mais qu’elle était pourtant morte depuis des années… »
Immanquable moment !
Loser résigné et tout fraîchement largué par sa copine, Aldino est hébergé par son unique pote et de surcroît collègue de bureau, qui n'a de cesse de pousser la chansonnette. Pour couronner le tout, sa mère décédée le harcèle par SMS. Une énième fois, Aldino est au fond du trou, mais ce qu'il ne sait pas encore c'est que parfois il suffit d'une rencontre, d'enchainer les petits évènements sans conséquence comme par exemple craquer pour une Volkswagen Coccinelle orange, pour prendre un nouveau départ et qui sait goûter au bien-être voire au bonheur.

Une fois de plus, Tom Noti nous plonge dans la vie un peu en marge d'un homme qui doute. Difficile d'avoir confiance en soi quand on a grandi à l'ombre d'un grand frère champion de foot adulé par toute la famille et les proches. Difficile de croire en soi lorsque l'on a manqué d'amour, quand son enfance a été bercée de non-dits, quand on a renoncé à tant de choses parce que l'on ne se sent nulle part à sa place. Aldino est ce genre d'homme. Pas franchement à l'aise dans sa peau, gauche avec les autres, subissant la vie. C'est un vrai loser. Pour autant et c'est là tout le talent de Tom Noti, sur fond musical, allant des chansons populaires en passant par le Blues pour finir sur de bons vieux Rock, son personnage va au gré de ses rencontres se libérer et vivre. Enfin.  Let's go Aldino !

Lire Nos silences ne sont pas des chansons d'amour c'est accepter de plonger avec délicatesse dans les tréfonds de l'âme des Hommes, de voir ce qui est invisible pour les yeux, mais que l'on ne voit bien qu'avec le cœur. Comme l'a si bien écrit David Zaoui en préface, "S'inviter chez Tom, s'abandonner dans ses mots, côtoyer ses personnages, plonger dans sa puissance narrative, son charme raffiné, offre la promesse de la plus belle chose qui soit en matière littéraire : celle d'un rendez-vous avec un auteur unique." Je ne peux que confirmer les propos de David Zaoui, Nos silences ne sont pas des chansons d'amour est un beau rendez-vous avec auteur unique, Tom Noti. Alors invitez-vous dans son univers et laissez-vous séduire par son touchant Aldino.

Belle lecture !

dimanche 27 décembre 2020

Mon avis sur "Zone grise" de Loulou Robert

Il y a deux ans Loulou Robert me donnait mon premier uppercut avec son intense Sujet inconnuJ'étais sonnée par sa plume, son style, son urgence à coucher ses mots/maux, la profondeur de sa réflexion, son feu intérieur. En lisant Zone grise je crois avoir compris d'où lui vient cette puissance littéraire.

« Je suis face à mon père et je raconte l’histoire de celle qui ne voulait pas. Celle qui n’a pas dit non une seule fois. Celle qui ne s’est pas débattue. Ils me diront : pourquoi tu n’as pas dit non ? Pourquoi tu n’es pas partie ? Pourquoi tu l’as revu après ? Pourquoi tu as menti ? Pourquoi tu en fais un drame ? Pourquoi tu fais toujours des drames ? Certains penseront que je fais des histoires pour rien. Pour moi, ce ne sera jamais rien. Il faut faire des histoires. Ce livre n’est pas un roman. Ce livre est un combat. »
À dix-huit ans, Loulou, alors jeune mannequin, « a une histoire » avec D, un photographe de mode. C’est ce qu’elle se raconte, parce que la réalité est trop insupportable : elle a été victime d’un prédateur, et si elle n’a pas consenti, elle n’a pas non plus résisté. Dix ans plus tard, toujours habitée par la culpabilité et la honte, elle tente de comprendre cette jeune fille qui n’a pas su, n’a pas pu dire non. Et s’attache, dans un style percutant et rageur, à effacer le gris de cette zone où rien n’est ni noir ni blanc. Au-delà de son histoire personnelle, il y a celle des filles et des garçons, de leur éducation. Parce que tout part de là.

Zone grise n'est pas un roman, c'est un récit. Le récit de ce qu'a vécu son auteure. Un photographe de renom a abusé d'elle alors qu'elle était tout juste majeure. Tout a commencé durant un week-end de shooting organisé en province, loin des siens. Quand il a commencé à la toucher, elle n'a pas dit oui, elle n'a pas su dire non. Elle s'est tue. Avant. Pendant. Après. Elle a fait comme si. Tout ce temps, son cerveau s'est mis en mode pause. Par facilité. Ça a duré des années. Vu de l'extérieur cela peut sembler incompréhensible. Mais combien de femmes ont été, sont encore victimes d'abus sexuels, de viols, dans des circonstances similaires ? Combien d'entre elles ont occulté, occultent la vérité pour survivre, ne pas sombrer tout simplement ? Parfois, il suffit d'entendre le témoignage d'une autre, pour que la vérité rejaillisse violemment. Elle vous foudroie. Vient alors le moment de mettre des mots sur ses maux. Parler. À ses proches d'abord, puis aux hommes de loi, et lorsqu'on le peut, aux journalistes. Parler pour se libérer, mais parler surtout pour que ce que l'on a à dénoncer touche le plus grand nombre et que cela ne se reproduise plus. Après la parole, est venu pour Loulou Robert le temps de l'écriture. Coucher sur papier ce qu'elle a subi. Pour que chacun reste à sa juste place. Le prédateur est le coupable. Celui ou celle qui a subi ses assauts est la victime. 

C'est donc avec beaucoup de courage et de pudeur que Loulou Robert a osé raconter son histoire. Elle apporte un témoignage fort sur ce qu'est la Zone grise cet instant où les femmes cèdent à la pression des hommes sans pour autant consentir. Pourtant c'est simple, si pas oui, et qu'on force un personne à faire ce qu'elle ne veut pas explicitement, c'est un viol. Qu'on se le dise pour qu'enfin la honte et la peur changent de camp. Zone grise est un récit percutant, poignant, il est à lire pour que plus jamais quiconque ne soit contraint de faire ce qu'il n'a pas envie de faire. Quant à Loulou Robert c'est une femme sacrément courageuse. Espérons que Zone grise lui aura permis d'abandonner cette peur et cette honte qui lui collaient à la peau. Loulou Robert a été victime d'un certain D. 

Belle lecture !

Et n'oubliez pas, le consentement c'est simple comme une tasse de thé !

dimanche 13 décembre 2020

Mon avis sur "Vivants" de Mehdi Charef

Mehdi Charef est né en Algérie. Il a dix ans lorsqu'il arrive en France en 1962. Il a connu les bidonvilles et les cités de transit de Nanterre. Fils d’ouvrier, il a travaillé près de quinze ans en usine avant de devenir écrivain, cinéaste et scénariste. Sacré parcours !
Le retour de Mehdi Charef en littérature en 2019 avec Rue des pâquerettes a été très remarqué et très bien accueilli. Il a entrepris de raconter son histoire. Vivants est le second opus de la trilogie qu'il lui consacre.

J’apprends à mon père à écrire son nom. Il tient bien le stylo entre ses trois doigts, il ne tremble pas. Est-il épaté ou troublé d’écrire pour la première fois de sa vie, à trente-six ans ?
Mon père est de cette génération qu’on a fait venir en France après la Seconde Guerre mondiale, pour reconstruire ce que les Américains et les Allemands avaient bombardé. Que de temps perdu, depuis les années qu’il est là. On aurait pu proposer aux ouvriers algériens des cours du soir, leur montrer ainsi un peu d’estime. Ils devraient tous savoir lire et écrire. Mon père sourit, ses yeux brillent. Il est là, surpris, ému, parce qu’il voit bien que ce n’est pas si difficile que ça de se servir d’un stylo. À côté de lui, j’entends sa respiration, son souffle.
À quoi pense-t-il ce soir dans notre baraque ? Se dit-il qu’analphabète, il est une proie facile pour ses employeurs, un animal en captivité ?
La colère monte en moi.

Dans Rue des Pâquerettes (disponible dorénavant en format poche chez Pocket), Mehdi Charef revenait sur son arrivée en France en 1962, dans le bidonville de Nanterre. Une fois celui-ci détruit, les familles ont été relogées dans une cité de transit en attendant de pouvoir accéder aux habitations à loyer modéré. Vivants est le récit de cette période. 

Vivre dans des préfabriqués constitue une vraie progression pour ces familles d'immigrés. Finie la promiscuité, l'eau coule à flot et chaque baraque dispose de ses propres toilettes. Même si tout n'est pas encore parfait, si cette avancée est cher payée et que le provisoire s'éternise, la vie s'organise. Des femmes et des hommes se marient, des enfants naissent et le progrès technologique s'invite dans les baraques. Les télévisions et les machines à laver révolutionnent le quotidien. Et puis chaque jeudi matin, parce que les enfants ne sont pas à l'école et qu'ils traduisent ses propos, une bonne sœur faisant office d'infirmière et d'assistante sociale déboule sur son Solex pour parler santé, hygiène et contraception aux mères pendant que leurs maris sont sur les chantiers ou dans les ateliers d'usine. Malgré tout ce qu'ils ont enduré, ces hommes, ces femmes et ces enfants sont Vivants. Ils connaissent de réels moments d'insouciance et de joie. Ils sont solidaires et forment une communauté soudée. 

Vivants est parsemé d’anecdotes du quotidien au sein de cette cité de transit, de souvenirs du bled et de réflexions personnelles. Oui parce que les français ne sont pas si accueillants que cela, ils font peur.  En dépit de son jeune âge, Mehdi Charef a conscience du monde qui l'entoure. Il sait que le retour en Algérie est un leurre, que seules l'école et la maîtrise du français l'émanciperont. Alors, malgré tous les obstacles, les préjugés, il fera tout pour s'intégrer.

Vivants est un témoignage à la fois touchant de sincérité et révoltant. Avec émotion et une certaine candeur, Mehdi Charef de sa plume alerte raconte cette période de sa vie à hauteur d'enfant et c'est là tout son talent. Ce n'est pas l'adulte érudit qu'il est devenu qui s'exprime, mais l'enfant qu'il était alors, tiraillé entre insouciance et crainte. Espoir et volonté de s'en sortir dominent le récit. Une vraie leçon d'humilité et de vie. On ressort de cette lecture, Vivants.

Belle lecture !

mardi 8 décembre 2020

Mon avis sur "Liv Maria" de Julia Kerninon

Julia Kerninon est écrivaine, docteure ès lettres, spécialiste de littérature américaine. Elle s’est fait remarquer dès son premier roman, Buvard, qui a reçu notamment le prix Françoise-Sagan. Trois livres vont suivre aux Éditions du Rouergue, dans lesquels elle affirme son talent et déroule son principal thème de prédilection, la complexité du sentiment amoureux. Liv Maria son cinquième roman disponible chez L'iconoclaste, ne déroge pas à la règle.

Son nom est Liv Maria Christensen. Enfant solitaire née sur une île bretonne, entre une mère tenancière de café et un père marin norvégien. Envoyée subitement à Berlin à l’âge de 17 ans, elle tombe amoureuse de son professeur d’anglais. Le temps d’un été, elle apprend tout. Le plaisir des corps, l’intensité des échanges. Mais, à peine sortie de l’adolescence, elle a déjà perdu tous ses repères. Ses parents décèdent dans un accident, la voilà orpheline. Et le professeur d’été n’était peut-être qu’un mirage. Alors, Liv Maria s’invente pendant des années une existence libre en Amérique latine. Puis, par la grâce d’un nouvel amour, elle s’ancre dans une histoire de famille paisible, en Irlande. Deux fils viennent au monde. Mais Liv Maria reste une femme insaisissable, même pour ses proches. Comment se tenir là, dans cette vie, avec le souvenir de toutes celles d’avant ?

Julia Kerninon brosse le portrait fascinant d’une femme insulaire marquée à vif par un secret qu'elle juge inavouable. Femme libre, indépendante, Liv Maria est née d'un père marin venu du froid, passionné de littérature et d'une mère îlienne au sang bouillonnant, forte mais taiseuse. Après une malencontreuse rencontre, ses parents décident de l'envoyer passer un été à Berlin. Ces quelques mois sur le continent vont définitivement bouleverser sa vie. Liv Maria va découvrir l'amour, l'abandon et la solitude. Les différentes épreuves de la vie la mèneront en Amérique du Sud où elle va s'établir et asseoir son destin jusqu'à ce qu'elle rencontre celui qui la ramènera en Europe et fera d'elle une mère et une libraire heureuse. Heureuse Liv Maria le sera jusqu'à ce que son honnêteté et son imprévisibilité la conduisent ailleurs. Femme libre, elle deviendra prisonnière de son passé.

Avec une plume sensible et lumineuse, Julia Kerninon nous propose un voyage non seulement d'une île à une autre, d'un continent à l'autre, mais surtout un voyage qui nous plonge dans l'intimité d'une femme à la fois forte et fragile, abrupte et subtile, libre et fugitive. On suit cette héroïne au gré de ses rencontres, ses aventures, ses questionnements. Et même si parfois les hasards semblent peu vraisemblables, on les épouse au même titre que les choix de Liv Maria.

Liv Maria est une pluralité de femmes, que je n'oublierai pas de sitôt et Julia Kerninon une auteure que je vais vite retrouver, son précédent roman Ma dévotion, me fait déjà de l'œil.

Belle lecture !

jeudi 3 décembre 2020

Mon avis sur "Les cœurs imparfaits" de Gaëlle Pingault

Gaëlle Pingault est novelliste, romancière, animatrice d'ateliers d'écriture, orthophoniste et bretonne. Bien qu'elle compte plusieurs livres à son actif,  Les cœurs imparfaits est son deuxième roman publié aux Éditions Eyrolles. C'est grâce aux 68 premières fois que j'ai eu l'occasion de le découvrir.

Barbara est seule. Sa solitude a des allures de refuge ou de bastion, érigé dès l'enfance, pour tenir une mère imprévisible à distance. Quand le médecin de l'EHPAD "Les genêts" la convoque, ce passé qu'elle fuit la rattrape.
Médecin en fin de carrière, Charles s'ennuie. Coincé dans sa vie, coincé dans son couple, voilà où l'ont conduit des choix par défaut. L'intransigeance de Barbara le contraint à faire face à ses propres petites lâchetés.
Lise est aide-soignante. Elle s'impose une discipline rigoureuse, tente d'offrir aux résidents des Genêts des moments de partage arrachés à la cadence minutée des soins. Mais pour combien de temps ?
Barbara, Charles, et Lise... Dans l'histoire de chacun, des empêchements sont venus enrayer la possibilité d'aimer librement. Autour de Rose, la mère absente, ces cœurs imparfaits se rencontrent et inaugurent des voies possibles de consolation.

Les cœurs imparfaits est un roman empreint d'une douce mélancolie qui évoque le temps qui passe. Vous savez, celui que l'on ne peut pas rattraper, celui qui use parfois, ou bien qui délave l'amour, qui révèle les mensonges, les incompréhensions pour finalement faire surgir les regrets. Oui, le second roman de Gaëlle Pingault réunit tout cela autour de trois destins qui se croisent dans un établissement pour personnes âgées. Ce qui les relie, une Rose qui se fane. Rose est la mère que Barbara a fui dès qu'elle a pu, cette femme que Charles doit renoncer à soigner, il ne peut malheureusement plus rien pour elle et que Lise chouchoute le temps d'une toilette ou d'une lecture. Au gré de leurs rencontres et de leurs échanges, ces trois personnages vont s'entraider. Inconsciemment mais ensemble, ils vont cheminer pour dénouer ce qui les ronge depuis tant d'années et enfin devenir acteur de leur vie.

Les cœurs imparfaits est un roman profondément humain qui incite à l'introspection sans pour autant surfer sur la vague du développement personnel. Á travers ces trois destins croisés, Gaëlle Pingault nous sensibilise à l'importance de ne pas ruminer sans cesse son passé, mais au contraire de le dépasser pour vivre et faire des choix en toute conscience, tout simplement. Elle rend hommage au dévouement du personnel soignant malgré le manque de moyens et les contraintes budgétaires. Quant à la plume de l'auteure, elle a la simplicité et la tendresse de l'élégance.

Les cœurs imparfaits est un roman à découvrir et Gaëlle Pingault une auteure à suivre.

Belle lecture !

mardi 1 décembre 2020

Mon avis sur "La fièvre" de Sébastien Spitzer

Sébastien Spitzer est traducteur et journaliste. Son premier roman Ces rêves qu’on piétine a reçu un formidable accueil critique et public. Il a été le lauréat de nombreux prix. Avec Le Cœur battant du monde, il a été finaliste du Goncourt des Lycéens 2020. La fièvre est son troisième roman, disponible chez Albin Michel. Ndlr : Toute ressemblance avec la pandémie que nous connaissons actuellement est purement fortuite. 

Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d’un mal fulgurant, un homme s’écroule et meurt. Il est la première victime d’une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours.

Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l’homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d’homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c’est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui. Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie.

À l'origine de ce troisième roman, La fièvre, il y a eut le fou rire d’Elvis Presley lors d'un concert en août 1969. Désireux de savoir pourquoi le King a éclaté de rire sur scène et ne pouvant se dépêtre de son habit de journaliste, Sébastien Spitzer a effectué des recherches. En lisant une biographie qui était consacrée au chanteur, il a découvert que Memphis avait été touchée par une épidémie qui a tué plus de cinq mille de ses habitants et complètement ruiné son économie. Une recherche en amenant une autre, l'auteur a voulu savoir précisément ce qu'il s'était passé l’été 1878. La fièvre a balayé le King. 

La fièvre nous transporte quelques années après la fin de la Guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage, à Memphis. La fièvre jaune y décima en quelques jours une grande partie de la ville. Cette épidémie va pousser les memphisiens à révéler leur véritable nature. D'aucuns vont l'affronter avec courage et rester pour aider les malades, d'autres vont s'empresser de fuir et se comporter en parfait égoïste. Les plus valeureux ne seront pas forcément ceux que l'on croit. Une petite métisse épileptique désespérément à la recherche de son père, le directeur du journal local, le Memphis Daily, raciste notoire et membre du Ku Klux Klan et la tenancière du bordel de la ville vont se battre pour sauver ce qui pourra encore l'être. Ensemble, ils transformeront ce lieu de débauche en hôpital de fortune. Ailleurs un ancien esclave qui était rejeté de tous, va organiser la défense et le sauvetage de Memphis.

Si l'épidémie est le fait générateur du troisième roman de Sébastien Spitzer, l'auteur s'attache davantage à mettre en avant le comportement des Hommes face à cet évènement dramatique. Le courage des uns contrebalance la lâcheté des autres. La fièvre est un roman admirablement documenté, la plume de Sébastien Spitzer et son talent de conteur nous transportent d'une crise sanitaire à une autre ce, pour notre plus grand plaisir.

Belle lecture !