Michel Moutot est un journaliste, spécialiste des questions de terrorisme international. J'ai découvert le romancier qu'il est devenu avec son vertigineux Ciel d'acier. Alors lorsque Babelio m'a proposé de lire son dernier roman, Route One (Éditions du Seuil), je n'ai pas hésité une seconde.
À l’aube du XXe siècle, des hommes intrépides bâtissent la mythique route One, balcon sur l’océan Pacifique qui longe la côte ouest des États-Unis, de la Californie du Sud aux confins du Canada. Mais le destin du jeune ingénieur chargé de tracer la voie sur ces terres sauvages va croiser celui du dernier grand propriétaire terrien de Big Sur, mormon polygame à la fortune mystérieuse, prêt à empêcher toute intrusion dans son domaine et préserver ses secrets.
La construction de la route One, c’est aussi la parabole de la fin d’un monde, poussé dans les oubliettes de l’Histoire par un autre. Le XXe siècle et ses machines rugissantes remplacent le XIXe siècle, la pelle mécanique chasse le grizzly. À l’autre bout de l’Amérique, la dernière route part à l’assaut des falaises du Pacifique et met le point final à la conquête de l’Ouest.
S’étendant sur un peu plus de 1 000 km entre Dana Point et Leggett, la California State Route One fait partie du club très sélect des plus belles routes du monde. On peut y voir des paysages spectaculaires. Cette route est une vraie ode à la Californie sauvage, ses falaises, ses criques et ses forêts de séquoias. Il se dit que le tronçon Big Sur est l'un des coins les plus pittoresques des Etats-Unis. Et c'est justement là que se situe l'intrigue du roman.
Avec Route One, Michel Moutot nous raconte l'histoire de ceux qui, au sortir de la Première Guerre mondiale, au péril de leur vie, ont tracé la route. D'un côté, il y a ce mormon polygame, propriétaire terrien qui, pour préserver ses propres intérêts et sa source de revenus, mettra tout en œuvre pour saboter le chantier. De l'autre, il y a ce jeune ingénieur fraîchement diplômé, originaire du Maine, intègre et particulièrement doué qui mettra un point d'honneur à achever cette route. Et au milieu, les mafieux et corrompus prêts à tout pour s'enrichir.
Pour parvenir à bâtir cette mythique Route One, Wilbur Tremblay devra composer avec cet environnement particulièrement hostile, faire preuve d'ingéniosité pour percer la roche, aplanir le relief et veiller à ce que la main-d'œuvre composée pour l'essentiel des prisonniers de San Quentin, applique ses consignes. Les bâtisseurs devront être efficaces au risque de voir les crédits budgétaires supprimés. Un défi semé d'embûches auquel Wilbur Tremblay se frottera. Mais si la liberté et l'amour sont au bout de la route, alors, tout n'aura pas été vain.
Route One est un roman historique absolument passionnant parce que parfaitement documenté. Il faut bien reconnaître que Michel Moutot maîtrise l'histoire de la construction de la Californie et que de surcroît, il sait captiver avec brio notre attention pour ces chantiers titanesques. Une fois les premiers chapitres passés qui à grand coup de flash-back nous posent le décor et les personnages, on est totalement embarqué dans cet époustouflant road trip sous fond de crise économique et de mutation de la Californie. Un conseil, partez à la conquête de l'Ouest.
Belle lecture !
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