Adèle Rosenfeld travaille dans l’édition depuis dix ans et développe des projets d’écriture à dimensions variables. Les méduses n'ont pas d'oreilles (Grasset) est son premier roman.
Quelques sons parviennent encore à l’oreille droite de Louise, mais plus rien à gauche. Celle qui s’est construite depuis son enfance sur un entre-deux - ni totalement entendante, ni totalement sourde - voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l’ORL. Face à cette perte inéluctable, son médecin lui propose un implant cochléaire. Un implant cornélien, car l’intervention est irréversible et lourde de conséquences pour l’ouïe de la jeune femme. Elle perdrait sa faible audition naturelle au profit d’une audition synthétique, et avec elle son rapport au monde si singulier, plein d’images et d’ombres poétiques. Jusqu’à présent, Louise a toujours eu besoin des lèvres des autres pour entendre. C’est grâce à la lumière qu’elle peut comprendre les mots qu’elle enfile ensuite, tels des perles de son, pour reconstituer les conversations. Mais parfois le fil lâche et surgissent alors des malentendus, des visions loufoques qui s’infiltrent dans son esprit et s’incarnent en de fabuleux personnages : un soldat de la Première Guerre mondiale, un chien nommé Cirrus ou encore une botaniste fantasque qui l’accompagnent pendant ces longs mois de réflexion, de doute, au cours desquels elle tente de préserver son univers grâce à un herbier sonore. Un univers onirique qui se heurte constamment aux grands changements de la vie de Louise - les émois d’un début de relation amoureuse, un premier emploi à la mairie, une amitié qui se délite. Le temps presse et la jeune femme doit annoncer sa décision…
Pour son premier roman, Adèle Rosenfeld aborde un sujet aussi original que déconcertant. Elle nous immerge dans le quotidien des malentendants comme pour mieux nous sensibiliser à cet handicap invisible. Louise vit entre deux mondes jusqu'à ce que son audition se dégrade. Toute l'intrigue du roman va consister à savoir si elle va accepter cet implant qui va la sortir définitivement de cet entre-deux. Durant tout le temps de la réflexion, Louise narre l'incompréhension, l'indifférence et le mépris dont elle est victime. Elle dit les angoisses qui l'étreignent, son épuisement à devoir toujours tendre l'oreille, raconte les vibrations, les bruits de la ville, la hauteur des fréquences et nous ouvre son imaginaire, cet endroit où elle se réfugie et l'herbier sonore qu'elle s'est constitué pour garder en mémoire les sons.
Les méduses n'ont pas d'oreilles est roman d'ambiance, tantôt poétique, tantôt cacophonique. Si son originalité et la plume d'Adèle Rosenfeld m'ont marquée, il m'a manqué une bonne dose d'émotion pour être totalement embarquée.
Belle lecture !
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