samedi 31 juillet 2021

Mon avis sur "Une bête au paradis" de Cécile Coulon

Voici presque six ans que je suis Cécile Coulon et à chaque fois que je la lis, je me dis que je fais bien. Elle ne cesse de nous surprendre, de nous émerveiller. Elle a publié sept romans (bientôt huit), deux recueils de poèmes et est également éditrice à l’Iconopop. Une bête au Paradis est publié en grand format aux Éditions L'iconoclaste et en format poche chez Le livre de poche. Voici plusieurs mois que la bête était enfouie dans ma pile, je l'ai enfin sortie et comme Blanche, l'ai dévorée.

La vie d’Émilienne, c’est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d’un chemin sinueux. C’est là qu’elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu’à ce que l’adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s’appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance.

Une bête au Paradis est avant tout un roman de femmes d'une même lignée toutes attachées et sacrifiées à leur terre, leur Paradis. Émilienne, Marianne et Blanche ont en commun qu'elles sont toutes viscéralement attachées à leur ferme coupée du reste du monde. Décédée accidentellement, Marianne ne verra jamais combien sa fille, Blanche, a hérité de cet amour pour cette vie rurale. Aux côtés d'Émilienne, sa grand-mère et de Louis, le commis à demeure, elle apprendra le respect et la valeur de la terre, des animaux, du labeur. Que ces femmes aiment cette vie rurale. Rien ne pourra les en détourner. Pas la dureté du travail, pas l'envie de découvrir le monde, pas même l'amour. Rien, sauf la mort bien sûr. Le Paradis forge le caractère et les personnalités. Ces femmes en sont l'illustration parfaite. Émilienne est la matriarche, le pilier de cette famille et de ce Paradis. C'est elle qui non seulement portera l'exploitation et élèvera seule ses deux petits-enfants devenus orphelins. C'est elle qui fera passer Louis de l'enfer au Paradis. Émilienne est aussi douce que âpre. Blanche quant à elle est une âme pure. D'une beauté renversante, d'une intelligence et d'une détermination hors du commun, elle hypnotise. Son amour pourtant incommensurable pour Alexandre ne parviendra pas à l'éloigner du Paradis. Rien ni personne ne peut rivaliser avec le Paradis. Ces femmes sont ancrées d'une telle force dans leur terre qu'elles en deviennent indéboulonnables. Et c'est justement tout ce qui fait la force et la beauté de ce roman. Le Paradis, la terre et les animaux constituent un personnage à part entière, tellement ils sont omniprésents.

Cécile Coulon décrit avec une telle ferveur ce lien indéfectible qui unit ces êtres et cette terre que Une bête au Paradis en devient hypnotique. C'est tellement vrai qu'on en perdrait la raison si on voulait nous en arracher. La plume à la fois ciselée et âpre de l'auteure ne fait que renforcer ce sentiment d'attachement, sans compter que ses personnages sont tous terriblement bien campés. Qu'ils soient taiseux, ambitieux, amoureux, blessés ou  écorchés à vif, ils sont tous fascinants. J'ai retrouvé un peu la pâte de Franck Bouysse dans ce roman, probablement en raison la noirceur alliée au terroir. Quoi qu'il en soit, en lisant Une bête au Paradis, j'étais aux anges. J'ai retrouvé le style habité de Cécile Coulon et j'ai vraiment adoré. Allez, hop tous au Paradis !

Belle lecture !

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