vendredi 30 juillet 2021

Mon avis sur "Une famille presque normale" de Mattias T. Edvardsson

Mattias T. Edvardsson est suédois. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont deux pour la jeunesse. Professeur dans le secondaire, il vit avec sa famille à Löddeköpinge, en Suède. Une famille presque normale est son premier roman traduit en français. Il est disponible en poche aux Éditions Pocket et concourt dans la catégorie meilleur thriller étranger du Prix des Nouvelles Voix du Polar 2021. 

Une famille suédoise tout ce qu’il y a de normal, ces Sandell…
Le père, pasteur. La mère, avocate. Une fille de 19 ans, bosseuse, qui rêve de voyages au long cours.
Le samedi, on file au cinéma. Le dimanche, en forêt. Ils trient leurs déchets, n’oublient jamais leur clignotant, rendent toujours à temps leurs livres à la bibliothèque.
Normale en apparence, du moins, comme toutes les familles qu’un meurtre sordide s’apprête à faire basculer dans l’horreur…

Jusqu'au irions-nous pour protéger notre famille ? Adam, le père est pasteur, il ne peut donc mentir. Ulrika, la mère est une avocate de renom. Elle ne peut mentir, pas plus qu'elle ne peut entraver une enquête. Quant à Stella, la fille, une ado de dix-neuf ans, elle ne peut connaître cet homme de trente-deux ans qui a été retrouvé mort dans le square. Non tout cela ne peut arriver à cette famille si respectable. Et pourquoi pas ? Après tout, est-on seulement sûr de bien connaître nos proches ?

Une famille presque normale est un pavé de plus de six cents pages divisé en trois parties. Après le meurtre de Chris et l'arrestation de Stella, chaque membre de la famille tente de reconstituer un puzzle dont il ne possède pas toutes les pièces. C'est d'abord Adam qui s'exprime, puis Stella, et enfin Ulrika. Chaque fois, de nouvelles perspectives se font jour. Le point de vue précédent est remis en question, la vérité s'éloigne. Chacun d'entre eux relate les faits à travers le prisme de leur subjectivité. Dès lors, le lecteur traque le moindre indice, il est à l'affût de toute contradiction ou confirmation. Pourtant au gré des récits, nos certitudes s'effondrent, sauf une. Les Sandell ne sont pas une famille normale, si tant est qu'il en existe.

Une famille presque normale est un très bon thriller non seulement dans sa construction mais également dans l'analyse de ce qui fonde une famille. Mattias T. Edvardsson passe au crible la psychologie de ceux qui la compose sans oublier leurs silences, leurs secrets, leur culpabilité, leur mensonges et leur amour. Le crime est relayé au second plan, il n'est que prétexte pour disséquer Une famille presque normale. Et le plus extraordinaire, c'est que ça fonctionne. Aussitôt commencé, aussitôt terminé. La plume fluide de l'auteur, les courts chapitres, la remise en cause à chaque fois qu'un nouveau membre de la famille prend la parole sont autant de composants qui rendent complètement accros jusqu'aux dernières pages où la vérité explose. Un thriller presque normal.

Belle lecture !

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