Judith Perrignon est une journaliste, écrivaine et essayiste. Entrée en 1991 au journal Libération comme journaliste politique, elle fera un détour par la page "Portraits" du journal, avant de le quitter en avril 2007. Depuis, elle partage son temps entre piges et écriture. Là où nous dansions est son dernier roman disponible chez Rivages.
Detroit, 2013. Ira, flic d’élite, contemple les ruines du Brewster Douglass Project où s’est déroulée son enfance. Tant d’espoirs et de talents avaient germé entre ces murs qu’on démolit. Tout n’est plus que silence sous un ciel où planent les rapaces. Il y a quelques jours, on y a découvert un corps - un de plus.
Pour trouver les coupables, on peut traverser la rue ou remonter le cours de l’Histoire.
Quand a débuté le démantèlement de la ville, l’abandon de ses habitants ?
La prose puissante de Judith Perrignon croise ici les voix, les époques, les regards, l’histoire d’une ville combative, fière et musicale que le racisme et la violence économique ont brisée.
Là où nous dansions est un roman choral dont le personnage principal est la ville de Détroit, plus particulièrement le quartier des tours du Brewster Project dont la construction a été annoncée en grande pompe en 1935 par Eleanor Roosevelt. Ces tours vont abriter les afro-américains que la crise a laissé sur le pavé. Grâce à l'industrie automobile l'économie redémarre faisant ainsi émerger une classe moyenne américaine noire. Détroit est également le berceau de la soul et du rhythm and blues qui a donné naissance à la Motor Town, plus connue sous le nom de Motown, le label notamment des Supremes. Mais comme rien ne dure vraiment, Détroit va connaître le déclin. Racisme, criminalité, prostitution, ce quartier va être livré aux gangs et devenir une zone de non droit. Les tours qui ont fait la fierté de tous, sont vouées à la démolition. Au milieu des décombres, un cadavre. Un jeune homme blanc. Que faisait-il là ? Il est le moteur de Là où nous dansions. Grâce à lui, nous remontons le temps, nous revivons une époque mythique. Les voix alternent, petite et grande histoire se mêlent, les conflits ethniques et sociaux surgissent, le tout sur fond de soul et R’n’B.
Si je reconnais à l’auteure un travail colossal de recherches, une plume agréable à lire, il n’en demeure pas moins que le flot d’informations, la multitude de personnages, les flash-back m'ont quelque peu perdue. Là où nous dansions aurait pu être un beau roman, s’il n’avait pas été un documentaire. Mais Judith Perrignon a le mérite de rendre un magnifique hommage à cette ville de l'industrie automobile et du disque qu'a été Détroit sans oublier The Supremes. Rien que pour elles, Là où nous dansions est à découvrir !
Belle lecture !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire