lundi 24 mai 2021

Mon avis sur "Over the rainbow" de Constance Joly

Constance Joly a publié son premier roman Le matin est un tigre il y a deux ans. C'est grâce au flaire des fées des 68 premières fois que j'ai découvert cette auteure. J'avais refermé ce premier livre en me disant que  cette auteure était à suivre. Je ne m'étais pas trompée. Elle revient avec un roman très personnel Over the rainbow disponible chez Flammarion. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, non seulement ce second roman fait partie de la sélection 2021 des 68 premières fois mais il a également été l'un des huit finalistes du Prix du Cercle littéraire Novotel Château de Maffliers 2021. Pour une second fois, c'est plutôt bon signe !

Celle qui raconte cette histoire, c’est sa fille, Constance. Le père, c’est Jacques, jeune professeur d’italien passionné, qui aime l’opéra, la littérature et les antiquaires. Ce qu’il trouve en fuyant Nice en 1968 pour se mêler à l’effervescence parisienne, c’est la force d’être enfin lui-même, de se laisser aller à son désir pour les hommes. Il est parmi les premiers à mourir du sida au début des années 1990, elle est l’une des premières enfants à vivre en partie avec un couple d’hommes.
Oui mais voilà, avant de s’autoriser à vivre pleinement son attirance pour eux, Jacques a été marié et a eu une fille. 

Over the rainbow est un avant tout une déclaration d’amour d’une fille à son père, d'un père qui a choisi de quitter femme et enfant pour se libérer du carcan social qui l'étouffait, pour s'épanouir sexuellement et vivre enfin son homosexualité. Ce père a osé faire ce que l'on ne faisait pas à cette époque. Nous sommes à la fin des années soixante. En ce temps-là, non seulement les divorces demeuraient exceptionnels, mais de surcroît il était rare pour un enfant de partager l'instant d'un week-end ou des vacances, la vie d'un couple d'hommes. Malgré la honte qu'elle a subie plus jeune, le jugement des autres, c'est sans parti pris que Constance Joly raconte ce père, cet homme cultivé, passionné, fantasque. Cet homme qui voulait aimer librement et s'affranchir de toute convention sociale. Cet homme qui a été l’une des premières victimes du Sida en France. Parce qu'en ce temps-là, la trithérapie n'existait pas. Parce qu'en ce temps-là, de ce virus on en crevait.

Over the rainbow est un livre à la fois très personnel et universel. Véritable exutoire pour l'auteure qui a ressenti le besoin de poser des mots pour combler le manque et pour que plus personne ne se permette de parler de son père, Jacques, comme d'un "vieil homo mort du dasse", ce livre est aussi un plaidoyer pour la différence, un hymne à la liberté d'être soi-même quoi qu'on en dise. Constance Joly ne juge personne, même pas Ivan, le compagnon de son père qui est parti dès qu'il a appris que Jacques était malade. Elle ne convoque pas la morale, juste elle raconte avec pudeur. Elle raconte les moments fantasques de ce père jusqu’à sa déchéance physique. 

Over the rainbow est aussi doux et mélodieux que la chanson. Pour ma part, j’ai vraiment attrapé un coup de lune à écouter Constance Joly nous raconter ce papa pas comme les autres, mais un papa avant tout.

Belle lecture !

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