mardi 27 août 2019

Mon avis sur "Tropique de la violence" de Natacha Appanah

Nathacha Appanah est journaliste et romancière mauricienne. Elle a quitté son île paradisiaque pour la France. Paru en 2016, Tropique de la violence est issu de l'expérience de son séjour à Mayotte où elle a découvert une jeunesse à la dérive. Ce roman a remporté pas moins de treize prix. Il est disponible en poche chez Folio que je remercie au passage.

Marie a vingt-six ans lorsqu'elle rencontre Chamsidine, infirmier comme elle. Elle en a vingt-sept quand ils se marient, vingt-huit quand elle part vivre à Mayotte, cette île française nichée dans le canal du Mozambique. Marie se désespère d'avoir un enfant. Elle a trente et un ans quand Cham l'a quitte pour une autre. Elle en a trente-trois quand une jeune comorienne de seize ans abandonne entre ses bras son bébé de quelques jours qui porte malheur. Mais ce petit ange est parfait. Il a juste un œil noir et l'autre vert. Il est atteint d'hétérochromie, une anomalie génétique bénigne. Marie le prénomme Moïse. La vie sʼécoule tranquillement jusqu'à l’adolescence. Puis, le jeune garçon se lie avec Bruce, chef de gang animé par la rage, qui l’embarque dans l’enfer des rues. Marie meurt. Moïse a seize ans et commet un meurtre.

Tropique de la violence est un roman polyphonique qui met en lumière l'incandescence d'une île de l'océan indien qu'un rien suffirait à embraser. Avec un sens de la narration parfaitement maîtrisé, Natacha Appanah donne voix à ses cinq personnages qui dépeignent un quotidien fait de misère et de violence. On reçoit leur témoignage en pleine face tel un uppercut. Dans ce pays magnifique, sauvage et au bord du chaos, la jeunesse est abandonnée, livrée à elle-même. Tropique de la violence est bien plus qu'un roman, c'est un véritable réquisitoire contre la misère, un appel au secours pour sauver cette île abîmée, coincée entre pression migratoire et montée infernale de la violence.

L'écriture simple et fluide de l'auteure, son style aride et envoûtant rend le tout éminemment puissant, rude, obscur, violent. Terriblement violent. Un peu trop peut-être pour une lecture d'été.  

Belle lecture !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire