jeudi 15 août 2019

Mon avis sur "Ivoire" de Niels Labuzan

Niels Labuzan jeune auteur trentenaire aime poser ses valises en Afrique. Son premier roman Cartographie de l’oubli était consacré à l'histoire de la Namibie. Son second, Ivoire  nous emmène au Botswana plus précisément, aux côtés des rangers engagés dans la préservation des espèces sauvages et de leurs territoires. 

Au Botswana, du delta de l’Okavango à la rivière Chobe, les animaux, et en particulier les éléphants, ont trouvé un refuge  : des hommes veillent nuit et jour pour préserver la vie sauvage. Douaniers, rangers, militaires, éleveurs, civils, braconniers… ils tuent ou protègent, vivent au milieu de ces paysages grandioses, entourés de ces animaux qui ont pu conserver leur liberté et leur dignité. Tous connaissent le prix de ces vies, savent ce que certains hommes sont capables de faire pour de l’ivoire ou une peau. Parmi eux il y a Seretse, qui travaille pour le gouvernement du Botswana, Erin, qui a quitté la France pour vivre dans une réserve et Bojosi, un ancien braconnier reconverti en garde. Ils n’idéalisent pas la nature, ne la sacralisent pas, ils y vivent, la protègent et pourraient y mourir.

Préoccupé par la préservation des territoires et des animaux sauvages, et avant de se rendre au Botswana, Niels Labuzan lui a consacré des mois de recherche. Il a étudié les ­enquêtes d’Interpol sur le trafic d’ivoire et compulsé des articles sur les massacres d’éléphants commis au Cameroun ou au Congo par des janjawids, les sinistres miliciens soudanais, échappés du Darfour. 
Les chiffres sont édifiants : au nombre de vingt millions sur le territoire africain avant l’époque coloniale européenne, les éléphants n’étaient plus qu’un million en 1970. À raison d'une centaine tués chaque jour en Afrique, ils ne seraient plus que trois cents à quatre cents mille aujourd’hui. Ce trafic alimente tant l'Asie que certains groupes terroristes africains. 

À travers le parcours des personnages d'Ivoire dont celui d'Erin et de Bojosi, rangers isolés en guerre contre les braconniers, mais également la description d’une faune et d’une flore extraordinaires, Niels Labuzan a souhaité dénoncer ces cartels et rappeler que grâce aux initiatives prises au Botswana, qui a mis son armée et des unités d’élite au service de la lutte contre le braconnage et fait de son territoire un véritable sanctuaire pour les éléphants, il était possible d'endiguer ce phénomène ce, même si les réseaux restent opaques et qu'il est difficile d'avoir vue globale de ce trafic. 

Ivoire aurait pu n'être qu'un plaidoyer destiné à lutter contre le trafic des défenses des éléphants, c'est finalement un roman engagé et très instructif mêlant aventure et action que Niels Labuzan nous propose. Son combat est servi par une écriture fluide. 

Dès lors que nous ne voulons pas vivre dans un monde où les éléphants, les rhinocéros ou les lions ne seraient que des souvenirs, cette guerre, bien que se jouant sur un territoire éloigné, nous concerne tous. Ivoire nous sensibilise aux enjeux écologiques, économiques et politiques de celle-ci et surtout à l'urgence qu'il y a de l'endiguer.

Sur ce, belle lecture !

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