jeudi 10 octobre 2019

Mon avis sur "Rhapsodie des oubliés" de Sofia Aouine

Après des études de lettres modernes, Sofia Aouine est devenue reporter et documentariste. Quand elle était enfant, son père, travailleur de nuit, s’estimant incapable d’élever seul sa fille, la confiait à l’Assistance publique en 1980. C’était une procédure de placement volontaire dont elle est sortie en 1998. Rhapsodie des oubliés est son premier roman.

Abad a treize ans, il vit rue Léon, dans le quartier de Barbès, la Goutte d'Or, Paris XVIIIe. Il est malicieux et turbulent et rêve d’un avenir meilleur. La sève coule, le cœur est plein de ronces, l'amour et le sexe torturent la tête. Mais dans cette jungle urbaine où une population démunie et bigarrée tente tant bien que mal de cohabiter, ses aspirations sont vite reclassées au rang des illusions perdues. Pourtant, des échappées pour s’extirper de ce monde étouffant se dessinent et parmi elles, la découverte du désir et de la sexualité. Abad va donc devoir outrepasser les règles et en imposer d’autres pour réussir son apprentissage de la vie.

Rhapsodie des oubliés est un roman polyphonique à la croisée des tourments de la puberté et de la diversité d'un quartier populaire de Paris, celui de la Goutte d'Or. Un jeune garçon de treize ans témoigne de la vie vue de sa rue avec une odeur de poubelles. Il dépeint à la fois avec sarcasme et ce qui lui reste d'innocence, la dure réalité de ce monde cosmopolite qui l'entoure. Il ne devra sa résurrection qu'à la découverte du désir, du sexe et de la masturbation (la bagnette). Pour sauver ce qui peut encore l'être, cjeune garçon ira tâter l'aide sociale à l'enfance et sera sommé tous les mardis de rendre visite à la dame chargée d'ouvrir dedans, la psy.

Rhapsodie des oubliés c'est le récit de tranches de vie des habitants d'un quartier que l'on voudrait ne pas voir, de ceux qui utilisent leur corps pour survivre, de ceux qui se droguent pour rendre leur misère un peu plus supportable, de ceux qui hurlent parce qu'ils ne savent plus faire autrement, de ceux qui frappent pour décharger leur haine, de ces mômes qui préfèrent mater les seins des filles et jouer de la bagnette parce qu'ils n'ont plus que ça à faire pour tuer le temps. C'est dur, c'est cru, c'est abrupt, mais c'est la réalité de ce quartier.

Certainement parce qu'elle adoucit les mœurs, mais surtout parce qu'elle colle à cette jeunesse là, la musique telle que le rap, le hip-hop ou la soul, rythme les pages et l'écriture de Sofia Aouine. Dès lors, ce n'est qu'à voix haute que j'ai pu lire la première partie du roman. Loin d'être aisé, ce mode lecture combiné au langage familier voire cru, aux situations décrites, m'a quelque peu gênée. Rhapsodie des oubliés était pour moi la promesse non pas l'aube, (même si la référence à Romain Gary ou plus exactement à Émile Ajar soit présente tout au long du roman, tout comme celle à un autre Émile, Émile Zola), mais la promesse d'un moment inoubliable, la découverte d'une plume et d'une auteure singulière. Bien que la lecture de la seconde partie soit plus agréable notamment parce que la tendresse et l'humour du jeune Abad sont mis en avant, Sofia Aouine et moi, nous sommes ratées. Dommage j'aurais vraiment préféré que Rhapsodie des oubliés  soit pour moi inoubliable.

Belle lecture !

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