mercredi 2 octobre 2019

Mon avis sur "Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent" d'Alexandra Alévêque

Alexandra Lévêque est journaliste. S'appuyant sur son expérience professionnelle, elle a publié en 2017 le récit de ces souvenirs de tournage de la série documentaire 21 Jours. Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent est son premier roman. Un roman autobiographique découvert dans le cadre des 68 premières fois.

C'est pas Dieu possible d'être aussi conne. J'ai beau frapper la touche Eject de mon index, l'appareil ne veut rien savoir. Je pourrais m'y briser le doigt que cela n'y changerait rien. La cassette est là, sous mes yeux, coincée derrière le clapet en plastique transparent. La fonction lecture ne veut rien entendre non plus. La bande magnétique demeure immobile, agrippée aux bobines crantées comme si elle m'en voulait d'avoir mis près de trente ans à venir la récupérer. Sur l'étiquette verte derrière la paroi translucide, quelques mots écrits à la main il y a vingt-sept ans. A presque quarante ans, je pensais m'être suffisamment échauffée pour clore ce soir un lourd chapitre. Visiblement, mon antique ghetto-blaster en a décidé autrement. 

Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent est le récit d'une quête. Pour devenir une adulte à part entière, Violette n'a pas d'autre choix que celui de récupérer une cassette. Pour que l'enfant qu'elle était grandisse en paix. 
Qu'il est douloureux, enfant, de perdre un être cher, un être fondateur. Mais n'est-il pas plus dévastateur d'être écarté des funestes célébrations ? Dès lors, comment comprendre, comment accepter l'inacceptable ? Comment se construire sur un tel néant ? 

Avec une infinie tendresse, Alexandra Alévêque évoque cette douleur, le cheminement de cette petite fille devenue malgré tout femme, du travail qu'elle a dû entreprendre pour enfin laisser partir ce père, et une fois ce chemin réalisé, accepter tout simplement de vivre quand bien même elle vivrait plus longtemps que lui. L'auteure alterne les chapitres écrits à la première et à la troisième personne, le passé et le présent, les souvenirs d'enfance et ceux plus récents. Le tout est harmonieux, parfaitement construit. Il y a du rythme, de la délicatesse, de la justesse et de l'émotion dans Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent. Quant à la plume d'Alexandra Alévêque, elle est agréable, son style également. L'auteure n'a aucune volonté de faire pleurer, juste peut-être celle d'apporter un témoignage et de délivrer un message aux parents. Leur dire qu'à trop vouloir bien faire, ils finissent par faire mal. À trop vouloir protéger, ils détruisent. 

Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent est un roman touchant, attendrissant qui une fois ouvert capture. Mais que peut donc contenir cette cassette tout droit venue d'un autre temps ?

Belle lecture !

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