dimanche 28 juillet 2019

Mon avis sur "Des jours sans fin" de Sebastian Barry

Sebastian Barry est un écrivain irlandais d'exception, il suffit de plonger dans l'un de ses romans pour s'en rendre rapidement compte. Des jours sans fin, son  sixième roman traduit en français s'inspire tant de son histoire familiale que de celle de son pays. Une aventure humaine hors du commun.

Dans les années 1850, chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, part tenter sa chance en Amérique. Sur sa route, il rencontre le beau John Cole, qui devient l’ami et l’amour de sa vie. Livrés à la faim, au froid et à la peur, tour à tour, Thomas et John vont combattre les Indiens des grandes plaines de l’Ouest, se travestir en femmes pour monter des spectacles, et s’engager du côté de l’Union dans la guerre de Sécession. Jusqu’à ce que la violence de la guerre les rattrape… 
Sebastian Barry se plaît à dire qu'il a mis cinquante ans à écrire Des jours sans fin. Enfant, dans son Irlande natale il avait l'habitude de se glisser dans le lit de son grand-père pour se réchauffer. Ce dernier lui racontait alors l'histoire de son arrière-grand-oncle parti faire la guerre contre les Indiens. Fort de cette légende familiale, Sebastian Barry a lu des dizaines d'ouvrages sur le massacre des Indiens et la guerre de Sécession. Il s'est imprégné de tout ce qu'il pouvait, il s'est attaché à entendre la voix de Thomas McNulty, cette voix qui l'a guidée tout comme celle de son fils, Toby, sa muse à qui il dédie ce roman. Cinquante ans pour donner naissance non seulement à un personnage hors norme, mais à un roman qui traite de l'exil, de la nature des hommes et de l'identité sexuelle.

Sebastian Barry décrit avec âpreté la faim, le froid, les grands espaces, la dureté de la nature, les absurdités de la guerre, la haine, les viols, le sang versé, le massacre des Indiens, la chasse des bisons, les instincts primaires des hommes et puis au milieu de ce sombre tableau, à l'opposé il y a cette touche de couleur baignée d'instants de bonheur et de légèreté, le plaisir de la danse, la beauté du paysage et celle de l'amour entre deux hommes, la douceur des gestes, l'amitié, la volonté malgré tout de fonder une famille aussi atypique soit-elle. Il y a d'un côté la violence et de l'autre, pour toute réponse, la générosité et l'amour. 

La plume de Sebastian Barry est acérée, si bien que c'est sous tension que se lit Des jours sans fin. Heureusement l'humour de l'auteur qu'il parsème au détour d'une phrase, d'une page, permet de reprendre son souffle et de décompresser. Impossible de rester insensible à cette fresque puissante et intimiste à la fois. Le mieux est encore de lire Des jours sans fin pour s'en rendre compte.

Un grand merci aux éditions Folio pour ce moment intense de lecture.
Belle lecture !

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