Céline Lapertot est professeur de français. Elle n’a pas cessé d’écrire depuis l’âge de 9 ans. Ses écrits ont été plébiscités unanimement aussi bien par les lecteurs que par les médias et les libraires. Tous voient en elle une auteure au talent prometteur de la littérature française contemporaine. Il étant temps que je la lise. Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance publié aux Éditions Viviane Hamy est son cinquième roman.
À 10 ans, Roger Leroy vit comme une trahison l’arrivée dans sa vie de son demi-frère, Nicolas Lempereur. C’est le début d’une haine que rien ni personne ne saura apaiser.
Bien des années plus tard, Roger, garde des Sceaux d’un gouvernement populiste, œuvre à la réhabilitation de la peine de mort. Nicolas, lui, est une véritable rock star, pacifiste et contre toute forme de discrimination. Un fait divers impliquant un pédophile récidiviste rallie bientôt l’opinion publique à la cause du garde des Sceaux, et la peine de mort est rétablie. Mais quand Nicolas est accusé du meurtre d’une jeune femme et clame son innocence, la querelle fraternelle qui l’oppose à Roger devient alors un enjeu sociétal et moral.
Clef de voûte des systèmes répressifs jusqu'au XVIIIème siècle, la peine de mort a été mise en cause à partir du XIXème siècle, puis abolie dans la majorité des pays. "Parce qu'aucun homme n'est totalement responsable, parce qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable", tels étaient les mots de Robert Badinter devant l'Assemblée Nationale le 17 septembre 1981, la veille du vote de la loi abolissant la peine de mort. Depuis et à chaque fois qu'un crime abject est commis, notamment lorsqu'un pédophile ôte l'innocence et la vie à un enfant, ce débat qui semblait définitivement clos, ressurgit. D'aucuns semblent penser que la solution à cette criminalité serait le rétablissement de la peine capitale. Roger Leroy, garde des Sceaux d'un gouvernement populiste, est de ceux-là. Alors qu'un pédophile a encore sévi, il s'apprête à plaider devant l'Assemblée Nationale pour le vote d'une loi restaurant la guillotine. Elle le sera. Mais ce qu'ignore le Ministre à cet instant, c'est que ce sera son demi-frère qui sera le premier à être condamné à la peine capitale. Même s'il a toutes les raisons du monde de détester cet homme qui clame à cor et à cri son innocence, il n'en demeure pas moins que Roger va être ébranlé. Et c'est là que tout le talent de Cécile Lapertot se révèle. À aucun moment elle ne prend parti. Elle insuffle juste un vent de réflexion sur les conséquences d'une décision définitive prise trop hâtivement, en réponse à la vox populi et à l'émotion collective que génèrent certains crimes.
Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance est un roman puissant, incisif. Impossible de sortir indemne de cette lecture. Tout est crédible, parfaitement amené. L'auteure explore à la perfection les fêlures de chacun de ses personnages tout en élevant le débat et en faisant voler en éclats nos certitudes. Ce qu'il nous faut de remords et d'espérance est un roman que je qualifierai d'opinion. À l'approche des élections présidentielles, il faut le faire lire au plus grand nombre de sorte qu'à l'émoi collectif et aux décisions à l'emporte-pièce, on oppose prise de conscience et une bonne dose de morale. L'espérance plutôt que les remords. Plus que jamais, rappelons-nous des mots de Robert Badinter "aucune justice ne peut être absolument infaillible, la peine de mort est moralement inacceptable".
Belle lecture !
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