Traductrice, auteure de nombreux ouvrages pour la jeunesse et de romans, Agnès Desarthe est une auteure reconnue. Elle a reçu de nombreux Prix littéraires. L'éternel fiancé paru aux Éditions de l'Olivier est son dernier roman.
Pour la narratrice, à une déclaration d'amour entre deux enfants de quatre ans, pendant une classe de musique.
Ou à leur rencontre en plein hiver, quarante ans plus tard, dans une rue de Paris.
On pourrait aussi évoquer un rock'n'roll acrobatique, la mort d'une mère, une exposition d'art contemporain, un mariage pour rire, une journée d'été à la campagne ou la vie secrète d'un gigolo.
Ces scènes - et bien d'autres encore - sont les images où viennent s'inscrire les moments d'une existence qui, sans eux, serait irrévocablement vouée à l'oubli. Car tout ce qui n'est pas écrit disparaît.
Tout commence dans la salle des mariages. En rang par deux, les enfants de l'école maternelle se tiennent la main. Ils assistent à un concert de Noël. Un petit garçon aux cheveux de travers se retourne vers une petite fille aux yeux ronds et lui dit qu'il l'aime. Elle non. À cause de la beauté de la musique, à cause de la salle des mariages, elle songe qu'ils sont à présent fiancés. Ce garçon lui appartient pour toujours. Liés à jamais, au gré du temps qui s'écoule, ces deux là vont se croiser, se recroiser puis se croiser à nouveau sans pour autant se rencontrer. Symphonie d'un rendez-vous manqué qui sera jouée et rejouée durant toute la vie d'une femme.
L'éternel fiancé est l'incarnation du temps qui passe. Au gré de leurs rencontres toujours impromptues, Étienne et Elle grandissent, vieillissent, aiment, désaiment, goûtent au bonheur, éprouvent. La vie, tout simplement. Voilà, Agnès Desarthe aborde toutes les thématiques qui composent une vie. La famille, l'éducation, l'amour, le couple, le travail, l'amitié, la parentalité, la déchéance, le deuil. Le tout aurait pu être d'une banalité ennuyeuse, mais il n'en n'est rien. Il faut bien reconnaître que la plume de l'auteure et la dimension poétique de la narration transforment l'ordinaire en extraordinaire. Il suffit de se remémorer la scène de la rencontre entre Étienne et Antonia, la naissance de Rita, le départ de la mère de la narratrice pour s'en rendre compte. Le récit ponctué de touches tantôt mélancoliques, tantôt poétiques, m'a renvoyé à l'univers d'Amélie Poulain pour la narratrice et à celui de Forrest Gump pour Étienne.
L'éternel fiancé oscille entre conte et partition musicale. Il stimule notre imaginaire, combine harmonieusement les mots, les arpèges, les silences. Quant aux personnages, ils sont tous divinement incarnés, véritables chefs d'orchestre de leur vie. L'ensemble forme une mélodie à la fois légère et profonde qui m'a émerveillée. Un conseil, partez à la recherche du temps perdu avec L'éternel fiancé.
Belle lecture !
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