Il y a des auteurs que l'on aime retrouver. Olivier Adam est de ceux-là. Cette fois-ci il nous est revenu avec Dessous les roses (Flammarion), un roman en forme de pièce de théâtre, qui met en scène trois enfants devenus adultes, réunis autour de leur mère après la mort du père.
J’ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n’en faisait toujours qu’à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n’avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu’il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s’il s’en défendait.
- En tout cas, a repris mon frère, si demain il s’avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce.
- Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t’y prendre…
Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l’obscurité, son sac à la main. Nous n’avions pas entendu grincer la grille. J’ignore comment il s’y prenait. Ce portillon couinait depuis toujours. Aucun dégrippant, aucun type d’huile n’avait jamais réussi à le calmer. Mais Paul parvenait à le pousser sans lui arracher le moindre miaulement.
Dessous les roses se déploie tel un huis-clos dans la maison d’enfance de trois frères et sœur, sur trois jours, de la veille de l’enterrement de leur père jusqu’au lendemain. C’est la première fois depuis longtemps que la fratrie est réunie, à la grande joie de leur mère qui se réjouit de voir ses enfants enfin ensemble, malgré les circonstances. Pourtant, c’est l’heure des comptes entre Claire, Antoine et Paul. La famille malmenée par le frère aîné, cinéaste et dramaturge, il réécrit sans cesse dans ses œuvres l’histoire de sa jeunesse. Et tout cela, Antoine, le petit dernier, ne le supporte pas : comment son frère peut-il les trahir ainsi, et rendre publique leur intimité familiale falsifiée ?
L’alcool, la fatigue et l’émotion aidant, les langues se délient enfin, après des années de silence et de non-dits.
Avec Dessous les roses, Olivier Adam explore avec une grande délicatesse tout ce qui lie et parfois ces choix de vie qui éloignent, voire qui séparent une fratrie, un père et un fils. Et lorsque le patriarche n'est plus, l'auteur nous drape dans cette nostalgie qui rapproche. Le deuil resserre alors les liens et précipite les changements et les prises de décision.
Dessous les roses est un roman dans lequel la plupart des familles peuvent se retrouver. Tout sonne terriblement juste, les dialogues sont tels une rose, à la fois piquants et emprunts de douceur, d'amour. Dessous les roses m'a fait penser à la fois au film Frère et sœur d'Arnaud Desplechin et à Ce qui nous lie de Cédric Klapisch, fichtrement émouvant et touchant.
Belle lecture !
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