Brigitte Giraud est une écrivaine française, auteure de romans et de nouvelles. Elle a remporté le sacro saint Prix Goncourt avec Vivre vite (Flammarion).
"J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence. Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l'accident."
En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s'étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu'à produire l'inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux. Brigitte Giraud mène l'enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.
Avec des si, c'est bien connu, on mettrait Paris en bouteille. Ce n'est pas tout à fait ce que Brigitte Giraud cherche à faire. Avec Vivre vite, elle remonte le temps ou plus exactement le fil des évènements qui ont conduit, vingt ans plus tôt, au décès accidentel de son conjoint. Au gré des chapitres, l'auteure égrène tout ce qui a précédé cette tragédie pour tenter de comprendre et donner du sens. Parce que lorsque l'on a plein de projets, parce que lorsque l'on est heureux, que tout va bien, on se sent invincible. Pourtant, il suffit parfois d'un rien pour que tout bascule. Mais quel est ce rien qui a fait voler en éclat cette femme, cette famille ? C'est justement ce que cherche l'auteure à travers une litanie de vingt-trois si. Et si ce rien se nichait dans un si ? Si elle n'avait pas voulu vendre l'appartement, si son grand-père ne s'était pas suicidé, si elle n'avait pas visité cette maison, s'ils n'avaient pas demandé les clés à l'avance... Et si, et si, et si ?
À quoi bon se poser toutes ces questions, rembobiner l'histoire dont on connaît d'avance l'issue, si ce n'est pour clore un chapitre, pour accepter enfin l'inacceptable et enfermer vivant entre les pages celui qui n'est plus ?
Construit tel un thriller, Vivre vite est une somme d'hypothèses qui dessine les contours du portrait d'un homme amoureux, un mélomane passionné, un être libre bien ancré dans son époque, sa ville, son quartier. Vivre vite est un hommage attendrissant à l'aimé parti trop tôt.
Et si Claude n'était pas monté sur cette Honda 9OO CBR Fireblade, s'il n'avait pas démarré au feu vert, s'il n'était pas décédé le 22 juin 1999. Et si, et si, et si ? Et si ces si n'existaient pas, s'ils étaient rien, est-ce que Brigitte Giraud aurait écrit Vivre vite ? Toujours est-il que Vivre vite existe bel et bien, qu'il est touchant de sincérité sans jamais sombré dans le pathos.
Belle lecture !
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