Pascale Robert-Diard est journaliste et chroniqueuse judiciaire depuis 2002. Elle suit toutes les grandes affaires, procès d'assises, scandales politico-financiers, mais aussi tout ce quotidien de la justice ordinaire, celle des tribunaux correctionnels, des comparutions immédiates, des chambres civiles. La petite menteuse (L'iconoclaste) est son dernier roman.
Lisa a quinze ans. C’est une adolescente en vrac, à la spontanéité déroutante. Elle a eu des seins avant les autres filles, de ceux qui excitent les garçons. Elle a une sale réputation. Un jour, Lisa change, devient sombre, est souvent au bord des larmes. Ses professeurs s’en inquiètent. Lisa n’a plus d’issue pour sortir de son adolescence troublée et violente. Acculée, elle finit par avouer : un homme a abusé d’elle. Les soupçons se portent sur Marco, un ouvrier venu faire des travaux chez ses parents. En première instance, il est condamné à dix ans de prison. Lors du procès en appel, Lisa est majeure. Elle débarque dans le bureau d'Alice, une avocate de la petite ville de province et déclare "Je préfère être défendue par une femme." C'est comme cela que tout a commencé.
Parce qu'elle arpente les salles d'audience depuis vingt ans, Pascale Robert-Diard met son expérience au service de La petite menteuse tout en nous interpellant sur le fonctionnement de la justice lequel a parfois tendance à oublier ses grands principes et à renverser la charge de la preuve. De la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité, il n'y a qu'un pas. Lisa n'a pas hésité à le franchir en accusant un innocent de viol. Alors que le procès en appel approche, Lisa devenue majeure, veut se repentir. Pour ce faire, elle décide de changer d'avocat. Elle sera défendue par Maître Alice Keridreux. Avant d'accepter cette nouvelle affaire, cette dernière déroutée de ne plus être la justicière qu'elle a été, se lance à corps perdu dans l'étude de toutes les pièces du dossier jusqu'à ce que sa cliente lui révèle la vérité et tout ce qui l'a poussé à agir de la sorte. Dès lors, Alice n'aura de cesse de chercher à comprendre ce qui s'apparente à une erreur judiciaire.
La petite menteuse est une véritable plaidoirie en faveur des grands principes de la justice. Habillement, son auteure nous invite à nous interroger quant à la valeur de la parole d'une femme qui se présente comme victime d'un viol. Á l'ère du mouvement #MeToo, les affirmations d'une victime suffisent-elles à faire le procès ? Quid de la parole de l'accusé ? Quid de l'instruction à charge et à décharge ? En épluchant les procès-verbaux d'audition, en scrutant la personnalité et le vécu de chacun des protagonistes, Pascale Robert-Diard interroge notre empathie pour la figure de la victime au détriment de ce qui devrait nous motiver, à savoir notre quête de vérité. Au passage, elle dénonce toutes les formes de harcèlement envers les adolescents, ausculte l'engrenage enfermant du mensonge et l'impact que celui-ci peut avoir sur la vie des autres, de l'autre. Tout n'a été que mensonge, tout deviendra vérité. Mais à quel prix ?
La petite menteuse est un véritable plaidoyer pour un retour à une justice plus respectueuse des grands principes fondamentaux. Ce roman interpelle quant au poids accordé à la parole de la victime, il pointe les dérives dues aux préjugés et en plus, il se lit comme un thriller psychologique. Quand on sait que l'erreur judiciaire existe mais que les réhabilitations sont rarissimes, il y a vraiment de quoi s'interroger.
Belle lecture !
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