mardi 27 décembre 2022

Mon avis sur "Ceux qui restent" de Jean Michelin

Jean Michelin est un officier militaire français. Ceux qui restent (Héloïse d’Ormesson) est son premier roman. Il nous plonge dans un univers qu'il maîtrise parfaitement tout en lui donnant une épaisseur humaine, celui des combats. L'auteur a reçu le Prix Le Temps Retrouvé 2022.

Comme chaque matin, l’aube grise se lève sur l’immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l’appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l’habitude des absences, du lit vide, du quotidien d’épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.

Il a fallu cinq ans à Jean Michelin pour rédiger ce récit autobiographique et dépasser sa passion pour l'armée. Sans fioriture ni lyrisme, il décrit le quotidien des militaires, leur vie vue de l'intérieur, en direct et sans intermédiaire. 
Avec Ceux qui restent, Jean Michelin met en scène un caporal qui tel un déserteur s'évanouit dans la nature. Cet homme était pourtant solide. Serait-ce sa dernière opération extérieure dans laquelle l’un des leurs est mort au combat qui l'aurait atteint au point de le faire disparaître ? Parce que cela ne lui ressemble pas, ses quatre frères d’armes vont tout lâcher pour le retrouver. Une quête qui dévoilera les blessures cachées du métier.

Parce qu'il est écrit avec réalisme par un officier de carrière, Ceux qui restent nous immerge dans l'intimité de ce que vivent les militaires et leur famille. 
D'un côté il y a l'horreur des combats que ces hommes ne peuvent partager avec personne si ce n'est leurs carnets ou leurs frères d'armes et de l'autre, il y a celle des familles, des femmes et des enfants qui vivent dans l'incertitude, dans l'interminable attente du retour. C'est en alternant les chapitres entre ici, là-bas et ailleurs, entre le présent et le passé que Jean Michelin a choisi de nous plonger dans le quotidien de ces militaires, qu'ils soient en caserne, en mission ou dans leur foyer. On découvre à travers le cœur de ces hommes ce qu'est le combat, ce que ça implique en terme de solitude, de perte, de culpabilité sans oublier l'indispensable camaraderie qui découle de cette vie en garnison. L'auteur évoque également l'impact de ce métier sur la vie de famille, l'inévitable fossé creusé par le silence entre ceux qui partent et ceux qui restent. 

Au-delà de tout, Ceux qui restent restera pour moi une belle histoire d'amitié, une histoire de solidarité masculine indéfectible qui s'est forgée au gré des combats, des traumatismes. C'est un récit poignant qui mérite d'être découvert.

Belle lecture !

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