Laure de Rivières est une ancienne journaliste qui a évolué pendant près de quinze ans dans la presse féminine où elle a essentiellement traité de sujets de société concernant les femmes. Elle vit depuis peu à Los Angeles. La belle famille est son premier roman (Flammarion) et justement de femmes il est question.
« Quand j’ai répondu à cette petite annonce, et Dieu sait qu’à cette époque j’aurais pris n’importe quoi, je n’aurais jamais pu imaginer ce qui allait m’arriver.
D’ailleurs, personne n’aurait pu s’en douter.
Et je ne sais pas si quelqu’un aurait pu m’en protéger. »
Manon a 20 ans quand elle rencontre l’homme qui va changer le cours de sa vie. Charmeur et sûr de lui, ce catholique intégriste et père de cinq enfants révèle peu à peu son caractère trouble et dangereux. En fonçant tête baissée dans l’obscurité d’une famille et d’un monde qui lui sont étrangers, Manon s’engage sur un chemin chaotique dont personne ne sortira indemne.
Inspiré d’une histoire vraie, La belle famille est un roman polyphonique. La voix de Manon, jeune étudiante indépendante et affranchie, ainsi que celle de tous les autres protagonistes se font l'écho de cette incroyable histoire. Une histoire d'emprise psychologique. Sans jugement, à tour de rôle, chacun y va de son point de vue. Dès les premières pages, nous sommes saisis par l'ambiance très singulière de ce roman qui peu à peu devient suffocante. On devine très rapidement qu'une fois la porte de la maisonnée refermée, il se passe des choses pas très catholiques. La belle famille traite de violence conjugale, pas celle qui fracasse les assiettes, celle qui vous prend dans ses filets, qui s'insinue sournoisement là où on ne l'attendait pas, celle qui intervient entre un homme et une femme, celle qui vous enserre, vous étouffe, qui fait douter celle qui la subit, qui fait mentir celui qui la fait subir. Il est question d'emprise et de manipulation. Du haut niveau. Du très haut niveau. Tellement haut que même une jeune fille libre et indépendante tombe dans le piège, que son entourage n'y voit rien. Cette histoire interpelle, révolte, questionne. Mais qu'avons-nous appris de toutes les générations de femmes qui nous ont précédés ? Comment est-ce possible que de nos jours, une jeune fille puisse tomber entre les serres d'un tel prédateur et surtout qu'elle n'en n'ait pas conscience ?
Admirablement construit, ce livre, à l'instar de son personnage masculin principal, vous asservit. Impossible de le lâcher, d'y renoncer. Jusqu'au bout, jusqu'à la dernière page, la dernière ligne on reste sous l'emprise de ce pervers tout en admirant la force et la détermination de cette jeune fille qui s'évertue obstinément à rester optimiste, à tenir sa lign(é)e de conduite.
La belle famille est un premier roman percutant, glaçant, mais ce qui l'est encore plus c'est qu'il est inspiré d'une histoire vraie. Laure de Rivières a rencontré Manon un été, quand elle avait vingt ans. Elle était pleine d'une radieuse envie de vivre. Quelques années plus tard, l'auteure l'a retrouvée et a pu mesurer les effets de l'emprise sociale et amoureuse, et l'impact de la maladie mentale sur les proches. Laure de Rivières a voulu écrire un livre racontant le courage d'une femme qui doit tout affronter et supporter par pur amour, bonté et sincérité. Une femme qui découvre la maternité, sous toutes ses formes, et qui s'y abandonne, qui découvre l'amour et qui veut y croire malgré toute la violence que cela impose. La belle famille est une fiction, fondée, hélas, sur des faits réels. Il est à lire pour aider celles qui connaissent ces situations et surtout pour aider les autres à décrypter tous les signaux de l'emprise et de la manipulation.
Belle lecture !
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