mercredi 23 mars 2022

Mon avis sur "Ne t'arrête pas de courir" de Mathieu Palain

Mathieu Palain a grandi en banlieue parisienne à Ris-Orangis. Enfant, il rêvait d'une carrière de footballeur ou de prof de sport, il est devenu journaliste. Son premier roman, Sale Gosse est né de son immersion au sein de la Protection judiciaire de la jeunesse d'Auxerre pour les besoins d'un reportage. Particulièrement sensible à tout ce qui a trait à la délinquance des jeunes, l’histoire de Toumany Coulibaly a tellement intrigué Mathieu Palain qu'il lui fallait comprendre. Comment un homme peut être champion le jour, voyou la nuit ? In fine, le travail de l'auteur a abouti à la publication aux Éditions de L’Iconoclaste de son second livre, Ne t’arrête pas de courir.

Parce qu’il a y a une dizaine d’année, il a rencontré aux États-Unis Dewey Bozella, un afro-américain condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis mais qui lui a coûté vingt-six ans de sa liberté, parce qu’une jeune fille qu’il a connu enfant devenue activiste de l’ETA a été incarcérée pour terrorisme, parce que son père était éducateur de la PJJ, Mathieu Palain s’est intéressé très tôt à l’environnement carcéral. Alors, quand il a lu dans la presse que l’athlète Toumany Coulibaly qui a son âge, qui a grandi quasi au même endroit que lui, qui a été champion de France du 400 m en salle en 2015, purgeait une peine pour cambriolages, Mathieu Palain a voulu en savoir plus. Il a donc écrit au champion. Un an après, ce dernier lui a répondu. S’en est suivi deux ans de parloir. Deux années au cours desquelles ils ont parlé à cœur ouvert. 

Ne t’arrête pas de courir est le fruit de vingt-quatre mois d’échanges et de l’enquête qu’a menée l’auteur afin de tenter d’éclaircir pourquoi un sprinter courrait le jour, volait la nuit, doublé d’une réflexion sur l’enfermement. L’idée que des juges puissent encore voir la prison comme une solution le révolte. Au-delà du cas Coulibaly, il s’interroge sur ce qui fait que certains s’en sortent d’autres pas.

Ne t’arrête pas de courir est un livre passionnant à plus d’un titre. Il apporte un éclairage sur la personnalité de Toumany Coulibaly, ce champion d’athlétisme d’origine malienne, cinquième d’une fratrie de dix-huit enfants, au père absent, aux deux mères toujours en couche. Coulibaly a commis son premier vol alors qu’il n’avait que six ans. Il reconnaît être insaisissable. Il veut tellement plaire aux autres, exister, qu’il ne sait pas dire non, même s’il sait que ça va le mettre dans des histoires. Il est faible Coulibaly. Il a des pulsions incontrôlables. Il vole des téléphones, braque des pharmacies. Comme il n’aime pas la violence, qu’il ne se bat pas, il n’a pas basculé dans le grand banditisme. Mais il a le vol compulsif. Dès qu’il quitte la piste de course, il part voler. C’est plus fort que lui. Multirécidiviste, rien ne semble pouvoir l’arrêter. Ni son séjour au Mali, ni sa femme, ni la naissance de ses enfants, ni le sport à haut niveau. Reste la prison. Après avoir effectué un travail sur lui et bénéficié d’un suivi psychologique, Coulibaly en est certain, il veut maintenant s’en sortir. Il veut se réinsérer, trouver un emploi de comptable, devenir un bon père de famille et après, s’il le peut encore, courir.

Mathieu Palain l’écrit, « Il ne faut jamais s’arrêter de courir. C’est au bout du chemin qu’on trouve la liberté ». Celui de Toumany Coulibaly a commencé le mardi 16 février 2021. Ne t’arrête pas courir, cours Coulibaly, cours !

Le second livre de Mathieu Palain est un document très éclairant, passionnant et surtout qui donne de l’espoir.

Belle lecture !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire