Julie Estève est journaliste spécialiste d'art contemporain. Presque le silence (Stock) est son troisième roman. Ses deux précédents livres, Moro-sphinx et Simple ont été très remarqués par la presse.
« Les mots m’étranglent. J’ai mal : tête, ventre, tout le temps. Je suis un calvaire de treize ans, un mètre cinquante, quarante kilos qui se brisent. Je ne ressemble à rien sinon à une laideur bizarre. Ce n’est pas avec cette gueule-là que je vais pécho Camille Leygues. Il est dans ma classe cette année et il me déteste, comme tout le monde. »
Cassandre est rousse, frisée et haïe des autres enfants. On l’appelle le Caniche. Elle aime Camille, un garçon très beau et fou de chevaux. Un jour, elle se rend chez un voyant pour connaître son avenir. Mais la séance tourne mal. Le cartomancien lui révèle cinq prophéties terrifiantes qui ne cesseront, au cours de sa vie, de la hanter.
Presque le silence raconte la vie d’une femme en dix chapitres, de son enfance à sa mort. Une vie qui traverse dix grandes pertes, l’amour fou et les deuils. Une vie mêlée au sort des hommes, des animaux et des arbres où les tourments de l’âme sont les miroirs de l’effondrement du monde. Presque le silence est un roman d’apprentissage, écologique et tragique, où l’intime déchire l’universel.
Cassandre traverse le monde tant bien que mal avec sa différence qui l'isole, mais également ses peurs, ses pertes, ses incertitudes mais aussi sa part d'ensoleillement. Comme pour taire ses angoisses et son perpétuel état de questionnement, malgré son jeune âge, elle consultera un voyant. Elle ressortira de chez ce dernier avec cinq prophéties qui vont impacter le cours de sa vie et à travers elle, l'Humanité.
Presque le silence est un roman métaphorique, onirique sur l'urgence. L'urgence qu'il y a à agir pour sauver notre monde du chaos qui mène à la folie. Presque le silence est un roman puissant, empreint à la fois de noirceur et d'espérance, d'amour et de poésie. Il est si dense, qu'il est impossible à résumer. Et puis, il se vit, se ressent. D'ailleurs, pour l'apprécier pleinement, le lecteur doit se rendre disponible, ne serait-ce que pour savourer la plume acérée de Julie Estève. Cette dernière écrit comme d'autres peignent ou composent une symphonie. Chaque mot est pesé, méticuleusement choisi comme pour mieux faire jaillir une merveilleuse harmonie au détour de chaque phrase, de chaque page, de chaque chapitre. De la belle ouvrage, comme on dit dans le milieu de l'Art.
J'ai refermé Presque le silence troublée. Évidemment j'ai été complètement conquise par l'écriture percutante de l'auteure et son univers, mais ce n'est que plusieurs jours plus tard que j'ai compris pourquoi j'avais été malgré tout tenue à distance de ma lecture. Enfant, pour m'extraire du monde et évacuer mes peurs je faisais toujours le même rêve. Tel un oiseau, je volais. Dès lors, c'est à l'angle du mur et du plafond de ma chambre que je me réfugiais et que j'observais ce qu'il se passait. Là, j'étais inatteignable. Cassandre malgré elle, m'a renvoyée dans le refuge de mon enfance. Pourquoi ? Ça, c'est une autre histoire...
Belle lecture !
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