lundi 1 novembre 2021

Mon avis sur "Seule en sa demeure" de Cécile Coulon

Après Une bête au paradis, Cécile Coulon nous embarque pour cette rentrée littéraire dans l'enfer du mariage arrangé comme il en existait tant au dix-neuvième siècle. Bienvenue dans le Jura où se déroule Seule en sa demeure, le huitième roman de l'auteure publié chez L'Iconoclaste.

À dix-huit ans, Aimée se plie au charme froid de Candre Marchère, un riche propriétaire terrien du Jura. Pleine d’espoir et d’illusions, elle quitte sa famille pour le domaine de la Forêt d’Or. Mais très vite, elle se heurte au silence de son mari, à la toute-puissance d’Henria, la servante. Encerclée par la forêt dense, étourdie par les cris d’oiseaux, Aimée cherche sa place. La demeure est hantée par le fantôme d’Aleth, la première épouse de Candre, morte subitement peu de temps après son mariage. Aimée dort dans son lit, porte ses robes, se donne au même homme. Que lui est-il arrivé ? Jusqu’au jour où Émeline, venue donner des cours de flûte, fait éclater ce monde clos. Au fil des leçons, sa présence trouble Aimée, éveille sa sensualité. La Forêt d’Or devient alors le théâtre de désirs et de secrets enchâssés.

Seule en sa demeure est une histoire de domination, de passions et d’amours empêchés. Cécile Coulon mélange les styles et les références littéraires. Les premiers chapitres font référence au classicisme des romans du XIXème. On a l'impression d'avoir ouvert un livre d'Honoré de Balzac ou de Jane Austen. Puis, le mariage célébré, nous voici spectateur d'un huis clos pour le moins fantastique. Le fantôme de l'ancienne épouse vient troubler la tranquillité des lieux, sans compter l'énigmatique servante et son démoniaque descendant. Dès lors, on bascule dans l'univers merveilleux qui caractérise les contes. À l'innocence et à la légèreté du début, succède l'angoisse et le mystère. Et parce que l'auteure prend un malin plaisir à planter le décor, à décrire les lieux, la forêt et les atmosphères, le tout est vraiment intrigant. Si l'on y ajoute son écriture toujours aussi acérée, puissante et poétique, Seule en sa demeure devient un roman vraiment prenant. 

Néanmoins et même si les différentes ambiances sont parfaitement rendues, l'environnement magistralement dépeint, il n'en demeure pas moins que j'aurais aimé que les personnages soient un peu plus incarnés, leur psychologie et leur histoire plus déflorées. À l'exception d'Aimée, j'ai eu le sentiment que les autres protagonistes étaient relayés au second plan. J'aurais aimé en savoir plus sur le silencieux Candre, sur l'envoûtante Aleth, la précédente épouse, sur l'énigmatique gouvernante, Henria, et la stricte Émeline. J'aurais aimé un peu plus de puissance et d'incarnation. 

En dépit de ces quelques regrets et même s'il est en-deçà de Une bête au paradis, Seule en sa demeure reste un roman très agréable à lire et Cécile Coulon une valeur sûre.

Belle lecture !

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