Bien qu'il n'ait qu'un peu plus de trente ans, Florent Oiseau a exercé de multiples métiers, mais celui qui lui sied le mieux est indéniablement celui d'écrivain. Il a publié quatre romans chez Allary Éditions. Son dernier Les Fruits tombent des arbres a reçu le Prix du Livre qui fait du bien. Une récompense qui doit faire un bien fou !
Parce que son voisin, comme le fruit d’un arbre, est tombé raide mort à l’arrêt Popincourt, Pierre se retrouve à errer sur la ligne du bus 69.
« Fantôme urbain », comme il se définit lui-même, c’est un type plus très jeune et pas encore très vieux qui cherche des réponses dans de grands verres de lait glacé.
De laverie automatique en comptoir de bar kabyle, la liberté guide ses pas. Fumer des cigarettes avec les tapins de la rue Blondel, monter une mayonnaise pour une célèbre actrice sur le retour, appeler sa fille Trieste et se rappeler Venise… tout fait aventure quand on regarde bien et qu’on ne regrette rien. Ne pas faire grand-chose : voilà l’extraordinaire.
Faussement léger, Les fruits tombent des arbres est un roman qui explore la condition humaine contemporaine. Dans la quasi indifférence des passants, le cœur d'un homme s'est arrêté de battre à l'arrêt de bus de la ligne 69. Sa vie s'est terminée devant le numéro 112 de la rue de la Roquette. Triste sort. Au même moment, Pierre achetait des pamplemousses. Perturbé par cette mort soudaine, il ne sait qu'une chose, son voisin attendait le bus, direction Gambetta. Dès lors, Pierre, quinquagénaire un peu paumé, va arpenter cette ligne à la recherche du rendez-vous manqué de son voisin méconnu. S'ensuit une déambulation tant dans le quartier, que dans le quotidien de Pierre. Il observe, explique, digresse. Rien d'extraordinaire. Et pourtant...
Tout le talent de Florent Oiseau tient dans la poésie avec laquelle il dépeint l'infime quotidien de tout un chacun. Il porte un regard tendre et humain sur ce qui l'entoure, ces petites gens, ces petits riens qui mis bout à bout, forment ce qui pourrait bien ressembler au bonheur. L'auteur rend hommage à tous ceux que l'on ne voit plus, ces invisibles urbains. Il analyse, dissèque les faits et informations glanés de-ci, de-là. Le tout s'enchaîne délicieusement, est prétexte à réflexion, à mise en exergue de nos paradoxes. L'ensemble est empreint d'une grande humanité et d'une charmante mélancolie.
Entre douceur et amertume, Les fruits tombent des arbres rend un bel hommage à l'art de ne pas faire grand chose et fait l'apologie de l'ordinaire. Un conseil, cueillez ce livre et régalez-vous !
Belle lecture !
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