mardi 12 octobre 2021

Mon avis sur "La fille qu'on appelle" de Tanguy Viel

À l'instar de Article 353 du code pénalle précédent roman de Tanguy Viel, La Fille qu’on appelle est roman noir construit selon la même trame et dont les faits se déroulent quasi dans les mêmes lieux. D'ailleurs, le titre aurait même pu être un autre article du code pénal.

Quand il n'est pas sur un ring à boxer, Max Le Corre est chauffeur pour le maire de la ville. Il est surtout le père de Laura qui, du haut de ses vingt ans, a décidé de revenir vivre avec lui. Alors Max se dit que ce serait une bonne idée si le maire pouvait l'aider à trouver un logement.
 
Un père, une fille et un maire, presque une famille. Sauf qu'en réalité La fille qu'on appelle aborde une toute autre thématique, celle de l'emprise et du consentement, le tout, sur fond de pouvoir politique. 
Avis aux lecteurs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être tout à fait fortuite.

L’intrigue de La fille qu'on appelle se déroule dans une ville portuaire bretonne où le premier magistrat de la commune -qui deviendra ministre- ne se rend à tous ses rendez-vous, qu'ils soient publics ou privés, qu'avec son chauffeur. Alors lorsqu'on véhicule Monsieur le maire depuis des années, et que de surcroît on a participé à la gloire de son pays en remportant un championnat de boxe, on peut bien demander un service à son patron. Laura, la fille de Max, d'une beauté divine et ancien mannequin, est à la recherche d'un logement. Le maire pourrait tout à fait intercéder en sa faveur auprès de la commission logement. Il n'en demandait pas plus Max. Mais le maire lui, en demandera plus. Beaucoup plus. Non, à vrai dire, il ne demandera jamais rien. Ce n'est pas le genre. Et c'est là que le bât blesse justement.

Il y a ceux qui ne demandent rien et qui obtiennent et ceux qui demandent et qui donnent. Les dominants et les dominés. Il y a ceux qui détiennent le pouvoir et qui en abusent et ceux qui sont abusés. La fille qu'on appelle c'est exactement cela en beaucoup plus subtil et moins caricatural. En effet, Tanguy Viel s'évertue à explorer les rapports de domination sociale, les jeux de pouvoirs qui conduisent à l'emprise sans oublier la cruciale question du consentement ou plus précisément cette fameuse zone grise. Vous savez celle qui vous amène à céder sans jamais consentir, celle qui vous paralyse et vous rend inerte. Et ce qui devait arrivé, arriva. Pas de surprise, pas de revirement, mais l'essentiel n'est pas là. Il réside dans le détricotage du mécanisme de domination pour mieux le décrypter. À travers la déposition de la victime mais surtout à travers le témoignage d'un observateur, Tanguy Viel analyse avec finesse les faits et le psyché de ses personnages. Il nous livre un roman court mais ô combien dense et percutant. Qu'il obtienne ou non le prix Goncourt, La fille qu'on appelle est un roman qui fait mouche. 

Belle lecture !

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