Anne Berest est écrivaine et scénariste. La Carte postale publié chez Grasset est son huitième livre et fait partie de la sélection Goncourt 2021. Parce qu'autobiographique, ce texte est bien plus qu'un simple roman. Il oscille entre enquête d'identité et quête initiatique.
Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de vœux, se trouvait une carte postale étrange. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l'opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. Cette enquête m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre. J’ai essayé de comprendre comment ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et d'éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages.
Alors que l'on n'échange guère plus de carte postale, qui a bien pu en envoyer une pour le moins énigmatique à la Famille Berest, surtout en cette période de l'année où l'on a coutume surtout de se souhaiter le meilleur pour l'année à venir ? Qui est l'expéditeur ? Et pourquoi vouloir réveiller de douloureux souvenirs ?
Alors qu'elle s'apprêtait à accoucher, Anne Berest s'est souvenu de la promesse qu'elle s'était faite lorsque La carte postale avait atterri dans la boite à lettres de ses parents. Bien qu'à l'époque elle avait une vie à vivre et d'autres histoires à écrire, elle s'était promis qu'un jour elle interrogerait sa mère sur l'histoire de sa famille. Pensant à cette lignée de femmes qui avaient donné la vie avant elle, le moment était venu d'entendre le récit de ses ancêtres. Dès lors, l'auteure a choisi de marcher dans les pas des Rabinovitch.
Mêlant confidences de sa mère et les fruits de l'enquête d'Anne Berest, La carte postale est le récit d’un passé reconstitué qui se vit au présent. Il est poignant, révoltant et interrogeant. Outre le fait que l'on apprendra à la toute fin qui est l'expéditeur de La carte postale et ce qui a motivé son envoi tant d'années après, ce roman tente surtout de répondre à une question identitaire tout en apportant un témoignage forcément singulier au plus près de chaque membre de la famille Rabinovitch.
Touchant, La carte postale est pour moi un beau livre d'histoire, pas un Prix Goncourt. Mais l'essentiel n'est pas là, il est dans l'absolue nécessité de se souvenir et de transmettre à sa descendance le patrimoine familial historique. Et de ce point de vue, c'est parfaitement réussi.
Belle lecture !
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