Si Le procès du cochon peut laisser à penser que le cinquième roman d'Oscar Coop-Phane relate l'audience d'un homme particulièrement porté sur la chose et que cela vous émoustille, vous risquez d'être fichtrement déçu. Certes, le personnage central est un monstre, il est très animal, a croqué la chair, mais ce n'est pas vraiment ce que vous imaginez !
Dans un village et un temps reculé, un cochon croque la joue et l’épaule d’un bébé laissé quelques instants sans surveillance, avant de repartir tranquillement vers la forêt. Traqué, il est jeté en prison puis sur la scène du tribunal où toute la Société attend de comparaître pour accuser la bête. Dans le monde des Hommes, la justice, comme la mort, se rendent au tribunal. Commence alors la grande mascarade de la justice. Même si le monstre en question est un cochon qui n’a ni conscience ni parole, comment pourrait-il se défendre, comment dire sans mots ?
Le procès du cochon est un texte allégorique qui narre le procès non pas d'un être humain, mais d'un animal, à l'instar de ceux que l'on intentait du XII au XVIIIème siècle. Une pratique aussi surprenante que méconnue de nos jours. En effet, chaque fois qu'un animal commettait l'impardonnable, les Hommes le jugeaient. Ils allaient même jusqu'à contraindre des animaux de la même espèce à assister au procès afin que ces derniers prennent conscience de leurs actes et des supplices qu'ils pouvaient encourir. Une telle justice était punitive et préventive, les animaux, sujets de droit.
Bien que court (125 pages), Le procès du cochon n'en n'est pas moins dense. Divisé en quatre parties, vient le temps d'évoquer "Le crime", cet acte odieux commis par ce porc errant, marginal et affamé. Une fois capturé, s'ensuit "Le procès" ou plutôt sa parodie. Cette partie est théâtralisée comme pour mieux accentuer son côté burlesque. Comment peut-on juger un cochon incapable de s'exprimer, de se défendre ? Il n'en sera pas moins condamné. Chacun s'organisera pour assister sur la place publique au châtiment du coupable. À "L’attente" succède "Le supplice", cet instant où le criminel finira par être délivré.
À l'heure où la tendance est à l'animalisation des hommes (#balancetonporc), Oscar Coop-Phane humanise les animaux, comme pour mieux interpeller. En outre, l'auteur nous renvoie à notre rapport à l'Autre et à la différence. Il y dénonce une certaine Justice, celle qui parfois n'est que le simulacre d'elle-même. Assurément, Le procès du cochon questionne au même titre que le plaidoyer de Thierry Illouz, Même les monstres. Impossible en lisant l'un de ne pas repenser à l'autre.
Belle lecture !
Bien que court (125 pages), Le procès du cochon n'en n'est pas moins dense. Divisé en quatre parties, vient le temps d'évoquer "Le crime", cet acte odieux commis par ce porc errant, marginal et affamé. Une fois capturé, s'ensuit "Le procès" ou plutôt sa parodie. Cette partie est théâtralisée comme pour mieux accentuer son côté burlesque. Comment peut-on juger un cochon incapable de s'exprimer, de se défendre ? Il n'en sera pas moins condamné. Chacun s'organisera pour assister sur la place publique au châtiment du coupable. À "L’attente" succède "Le supplice", cet instant où le criminel finira par être délivré.
À l'heure où la tendance est à l'animalisation des hommes (#balancetonporc), Oscar Coop-Phane humanise les animaux, comme pour mieux interpeller. En outre, l'auteur nous renvoie à notre rapport à l'Autre et à la différence. Il y dénonce une certaine Justice, celle qui parfois n'est que le simulacre d'elle-même. Assurément, Le procès du cochon questionne au même titre que le plaidoyer de Thierry Illouz, Même les monstres. Impossible en lisant l'un de ne pas repenser à l'autre.
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