mardi 16 avril 2019

Mon avis sur "Suiza" de Bénédicte Belpois

Bénédicte Belpois est sage-femme. Les enfants ayant quitté le nid, elle a ressenti le besoin d'expérimenter. Elle s’est essayé à l'écriture. Essai transformé ! Son premier roman est publié chez Gallimard. C'est l'Espagne, plus précisément la Galice qu'elle a choisi pour encrer Suiza.

Elle avait de grands yeux vides de chien un peu con, mais ce qui les sauvait c’est qu’ils étaient bleu azur, les jours d’été. Des lèvres légèrement entrouvertes sous l’effort, humides et d’un rose délicat, comme une nacre. À cause de sa petite taille ou de son excessive blancheur, elle avait l’air fragile. Il y avait en elle quelque chose d’exagérément féminin, de trop doux, de trop pâle, qui me donnait une furieuse envie de l’empoigner, de la secouer, de lui coller des baffes, et finalement, de la posséder. La posséder. De la baiser, quoi. Mais de taper dessus avant. Elle, c'est Suiza
Dès qu'elle débarque dans ce petit village de Galice, c'est sa sensualité renversante que l'on remarque. Son innocence la rend d’autant plus attirante. Comme tous les hommes qui la croisent, Tomás est immédiatement fou d’elle. Ce qui n’est au départ qu’un simple désir charnel va se transformer peu à peu en véritable histoire d'amour.

Autant vous le dire de suite, on ne peut que se féliciter du fait que Suiza ait été écrit par une femme, s'il l'avait été par un homme, à n'en pas douter, on crierait au scandale tellement ce livre regorge de clichés sur la gent féminime. Et oui, Suiza n'est pas à mettre entre toutes les mains, notamment entre celles des puristes du féminisme. Ils demanderaient à ce que ce roman soit immédiatement mis au pilon. Et très sincèrement ce serait un réel gâchis, car Suiza est une ode à la sensualité, à la féminité, aux plaisirs de la chair. Il est un cri à la vie, à l'amour. Charnel, puis brutal et bestial, il devient au gré des pages Amour tout court. 

Suiza est une jolie fille terriblement sensuelle, nécessairement conne, qui après avoir quitté la Suisse échoue en Galice parce qu'elle voulait voir la mer. Elle n'a pas de famille, pas de papiers, pas de langue. Elle ne parle pas, d'ailleurs elle n'a rien à dire, n'a aucun avis. Elle accepte tout, même de se faire baiser par qui veut la posséder. Suiza sort d'un orphelinat où on lui a appris à devenir une bonne femme d'intérieur au service de l'homme de jour comme de nuit.
Tomás est un agriculteur machiste, bourru, veuf. Il vient d'apprendre qu'il est atteint d'un cancer. Quand il rencontre Suiza, il n'a qu'une envie. Comme tous les autres mâles, il doit la posséder, la déposséder de son corps. Comme elle n'appartient à personne, même pas à elle, il la prendra. Suiza deviendra sa propriété. Comme à son habitude, Suiza se laissera faire.
Peu à peu, ces deux-là s'apprivoiseront, se laisseront gagner par l'envie. Ensemble, ils vont connaître la rédemption, le bonheur de faire couple. Ils vont découvrir l'Amour tout simplement.

Toute l'originalité de Bénédicte Belpois tient au fait que c'est essentiellement du point de vue de Tomás qu'elle raconte cette histoire. Elle utilise des mots crus, des mots d'homme. Elle pense comme lui. Elle devient rustre, machiste, est sans complaisance pour la gent féminine. Ce récit est agrémenté de la voix de Suiza. Elle s'émerveille de tout, apporte douceur et naïveté pour finalement devenir le point d'ancrage de Tomás.

Suiza est un roman âpre, violent et sensuel, outrageusement sensuel. Je comprends qu'il puisse secouer, choquer, mais une chose est certaine, il bouscule, réveille nos sens. Suiza est un premier roman très réussi. Un conseil, lisez-le !

Belle lecture !

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