Journaliste, Amélie Cordonnier a publié son premier roman, Trancher, en 2018. Deux ans après, elle revient avec Un loup quelque part, disponible aux Éditions Flammarion. Tous deux ont pour point commun d’évoquer ce qu’il se passe une fois la porte de l’intimité fermée.
vendredi 6 novembre 2020
Mon avis sur "Un loup quelque part" d'Amélie Cordonnier
vendredi 23 octobre 2020
Mon avis sur "Elles m'attendaient..." de Tom Noti
Bien que Elles m'attendaient... soit un court roman de 142 pages, sa densité en émotions est telle qu'il est de ceux qui reste à jamais gravé dans nos cœurs. Chaque mot est délicatement choisi, chaque page harmonieusement noircie, chaque scène magistralement dépeinte et chaque épreuve doucereusement douloureuse comme pour mieux résonner au plus profond de nous. Tom Noti se plaît à explorer l'âme humaine. Il nous emmène sur le bord, sur la marge pour mieux voir, pour élargir notre horizon, sortir des clichés. Il est de ces auteurs qui nous livre une littérature à la fois puissante, touchante, percutante, profondément humaine tout en étant empreinte d'une rare poésie. Aucun doute, Tom Noti a eu raison de s'accorder le droit d'écrire, parce qu'il le fait magnifiquement. Et même si son Max en visant le cœur d'une comète a atterri dans le caniveau, c'est les yeux remplis d'étoiles que j'ai découvert Elles m'attendaient...
Belle lecture !
lundi 19 octobre 2020
Mon avis sur "L'albatros" de Nicolas Houguet
Nicolas Houguet a organisé sa vie autour de la culture. Handicapé moteur, c'est par livres ou films interposés qu'il a appris à aimer le monde. Ses études l'ont amené à réaliser que la culture était un tout, qu'elle ne se bornait pas à un domaine ou un autre. Alors, il a choisi d'être inclassable. S'intéresser autant à Tolkien qu'à Baudelaire, à Quentin Tarantino qu'à Ingmar Bergman, à Beethoven qu'à David Bowie. Son envie, c'est de décrire ce grand patchwork de références qui a fait de lui ce qu'il est. Aujourd'hui Nicolas Houguet est chroniqueur littéraire et écrivain. Amateur de littérature, de rock et blogueur reconnu, je l'ai convié à ma troisième édition du Rock'n Books pour son roman L'Albatros paru chez Stock. Et évidemment, Nicolas a eu l'honneur d'ouvrir cet évènement.

L'albatros
Charles Beaudelaire (Les fleurs du mal)
Souvent,
pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent
des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui
suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant
sur les gouffres amers.
A peine les
ont-ils déposés sur les planches,
Que ces
rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent
piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des
avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur
ailé, comme il est gauche et veule !
Lui,
naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace
son bec avec un brûle-gueule,
L'autre
mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète
est semblable au prince des nuées
Qui hante
la tempête et se rit de l'archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
lundi 12 octobre 2020
Mon avis sur "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu
dimanche 11 octobre 2020
Mon avis sur "Je ne suis plus inquiet" de Scali Delpeyrat
Scali Delpeyrat est comédien, auteur et metteur en scène. Avec sa compagnie théâtrale Le bel établissement, il monte et adapte ses textes. Homme de théâtre, mais également de cinéma et de télévision, Scali Delpeyrat est de ces acteurs qui s'invite régulièrement sur nos écrans. Pas étonnant, sa filmographie est longue comme le bras ! Si être comédien c'est dire avec justesse des mots mis en scène, être auteur c'est savoir coucher avec une harmonieuse sonorité ses maux/mots sur papier. Dès lors, être publié fait-il de l'auteur un écrivain ? Quoi qu'il en soit, lui a osé. Je ne suis plus inquiet est le premier livre publié de Scali Delpeyrat. Il est disponible à compter du 14 octobre prochain dans la collection Au singulier chez Actes Sud-Papiers.
mercredi 30 septembre 2020
Rock'n Books - 26 septembre 2020
C'était samedi, il y avait Catherine-Rose Barbieri, Amélie Cordonnier, Léon Cornec, Nicolas Houguet, Sophie Lemp, Cécile Pellault, Lou Vernet et David Zukerman. Pour nous accompagner musicalement, il y avait Inès Rougon avec son extraordinaire voix et Julien Mutis à la guitare.
C'était samedi, on a commencé un peu plus tard que prévu, le temps de laisser le public arriver tranquillement. C'était samedi, on a fini un peu plus tard que prévu, le temps de prendre le temps d'échanger, de savourer le moment présent, parce qu'après, on sait que ce sera compliqué...
C'était samedi et c'était un joli moment de partage et de bonheur. C'était samedi et c'était bien, très bien même !
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Inès Rougon & Julien Mutis |
À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui.
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Nicolas Houguet |
Quand LiNa rencontre Nicolas, un Français expatrié en Floride et papa d’un petit Jay, cela aurait pu être le happy end de leur histoire. Pourtant, ce sera seulement le début d’une course contre la montre avec les ennuis : la réapparition de la femme de Nicolas, Cassandra et de son amant violent, les ambitions insatiables du producteur de LiNa qui ne souffrent aucune réponse négative de la star. La disparition de Jay, la violence du milieu de LiNa ne feront que les faire sombrer un peu plus. Auront-ils la force de tout surmonter, de puiser la force dans leur relation ou les blessures, la prison, l’alcool, l’enlèvement du petit garçon seront-ils fatales à l’image d’une plage de Floride à laquelle ils tentent de s’accrocher ?
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Cécile Pellault |
« Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi. » Cela faisait des années qu’elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n’avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l’a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d’avoir décidé pour son anniversaire.
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »
Suzanne a quarante ans, une vie tranquille, un mari et deux enfants. Un matin, son appartement est cambriolé. Ses cahiers, journal de son adolescence, ont disparu. Des cahiers qui racontent Antoine, l’écrivain qui avait trois fois son âge, qui racontent cet amour incandescent, la douleur du passage à l’âge adulte.Martin est livreur, il pédale pour épuiser ses pensées. Un soir, il trouve les cahiers au fond d’une poubelle et dévore ces mots qui le transpercent. Qui le ramèneront à la vie.« Ne jamais oublier ce que j’ai vécu de fort dans ma vie. Mes émotions, mes peurs, mes joies, mes tristesses. Être sereine. Martin poursuit sa lecture. J’ai quinze ans. En ce moment, j’attends. Mais un jour, tout s’épanouira. Martin sent que quelque chose l’étreint, l’urgence de continuer à lire. »
« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? » Que fait cette tâche, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part.
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De Gauche à droite : F. Defosse, N. Houguet, S. Lemp, A. Cordonnier & C. Pellault |
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Fabienne Defosse, Nicolas Houguet, Sophie Lemp & Amélie Cordonnier |
« J’ai aimé nos instants minuscules, nos instants de rien, ce que l’on croit être l’ennui, le quotidien, mais qui n’est autre que la manifestation sincère de l’amour, son expression nue et désintéressée. L’amour n’existe que là, dans ces intervalles dépourvus de consistance. »Ce sont des hommes de tous âges, saisis chacun à un instant de bascule. Un mari qui enquête sur la vie secrète de sa femme, un séducteur qui s’apprête à retrouver une fille dont il n’a que faire, un sportif sur le déclin… Des losers magnifiques, des romantiques déraisonnables. Des pères sans enfant, de grands enfants devenus pères. Et, au milieu de tous ces hommes, il y a Samuel, que l’on retrouve à différentes étapes de sa vie, et qui doit faire face au plus difficile des renoncements.
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De gauche à droite : Fabienne Defosse, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Léon Cornec & Lou Vernet |
Chômeur et artiste sans le sous au début, Léon Cornec entre chez HTransports, une entreprise de sous-traitance chargée par la RATP et la SNCF de veiller au bon fonctionnement des trains, métros et tramways. Il se forme sur le tas, comme électricien. Il intègre une équipe, va de chantier en chantier. Il gravit les échelons et devient contremaître.Léon Cornec ne prend pas le temps de nous introduire dans ce monde qui sent le rouge, le goudron, les armoires électriques et le caoutchouc. Il nous le fait vivre. Sortie de rails est une claque, un essentiel pour comprendre la misère des précaires, un voyage halluciné des lieux désaffectés, lunaires, où zonent des populations oubliées, déglinguées. Une sortie de rails nécessaire.
Maman dit qu’on est à nu, parce qu’il n’y a plus de murs pour nous protéger si les bougnoules arrivent. Papa répond qu’elle dit que des conneries, que les bougnoules sont pas encore là et que s’ils arrivent, il est armé jusqu’aux dents. Je rassure Maman en lui criant que moi aussi je tuerai les bougnoules s’ils arrivent pour la violer.- T’es mignon, Alex, mais tu n’as que 10 ans, mon grand. Tu pourras pas faire grand-chose.Alex vit dans un petit village du nord de la France avec sa mère et son père, un gendarme souvent en déplacement. C’est l’été, il s’ennuie. Que faire à part traîner dans la campagne et rêver aux nazis dont on parle avec fascination dans son entourage et qui l’impressionnent avec leurs costumes et leurs bottes brillantes ?Quand il rencontre Seb et Dady, deux gamins du coin, ses journées s’animent : à eux trois, ils décident de chasser le « bougnoule ». Mais ils ont beau errer dans le village, ils n’en trouvent pas et font les quatre cents coups pour passer le temps. Jusqu’à ce qu’une nouvelle famille s’installe dans le voisinage, avec un bébé adopté au Sénégal. Comment ? Une bougnoule ? Les villageois se mobilisent.
Ce que l'aube promet au jour n'est souvent qu'un leurre. Anne Carrière le vérifie à chaque découverte macabre. Cette fois-ci, il s'agit d'une jeune femme, Sandra Link, 24 ans, retrouvée morte dans sa baignoire. Un banal suicide, à première vue, comme il en existe toutes les quarante secondes dans le monde. Une histoire vite retracée. Fugueuse depuis ses dix-huit ans, la jeune femme venait d'accoucher deux jours plus tôt dans un hôpital parisien d'où elle s'était enfuie aussitôt en abandonnant son enfant. Bien trop jeune et seule pour porter un si lourd fardeau. Ce n'est pas la première ni la dernière fois et pourtant la légiste ne s'y fait pas. Surtout que c'est le second cas en moins d'un mois. À croire que toutes les guerres et les catastrophes ne suffisent plus à la misère humaine. Il faut encore que soient ajoutés au nombre des victimes des nourrissons. Comme un besoin d'éradiquer tout espoir, toute rédemption.
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panamá aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n'a pour seul talent apparent qu'une force singulière dans les mains.Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d'une population jusque-là oubliée de Dieu.
Camille bosse dans une grosse boîte.Elle n'a pas d'attachement particulier pour son boulot.Ni pour ses collègues.Ni pour grand monde, d'ailleurs, si ce n'est pour son amie Anna et son voisin de palier septuagénaire, Monsieur Lambert.Dans son appartement, chaque soir, elle s'évade en dévorant films, séries et livres, du moins quand elle ne peste pas contre la piètre isolation phonique au sein de l'immeuble, et notamment contre son voisin du dessus, aux mœurs mystérieuses et certainement dissolues.Et puis un jour, au travail, elle trouve un courrier inattendu dans sa boîte mail... Inattendu et anonyme.Commence alors un jeu de piste improbable pour en démasquer l'auteur, qui va forcer Camille à ne plus seulement croiser les gens sans les voir, mais à prendre le temps de les regarder et parfois même de les apprécier. Entre situations burlesques et malentendus, la jeune femme apprendra à dépasser ses préjugés pour enfin décider de la suite de sa vie, réparer ses erreurs et peut- être même tomber amoureuse.
Lorsqu'Héloïse rencontre James dans ce wagon du TGV Lyon-Paris, le coup de foudre est réciproque.Mais rien n'est simple pour Héloïse. D'abord, elle ne croit pas au coup de foudre le romantisme, très peu pour elle ! Ensuite son sens de la loyauté est particulièrement aigu, au point d'être dans cette histoire un vrai handicap. La jeune femme fait donc taire ces sentiments inédits dont elle ne sait que faire, et ce qui aurait pu être le début d'une belle idylle en reste là.Deux ans et demi plus tard, après bien des épreuves et pas mal d'errance, Héloïse et James se retrouvent par hasard en Ecosse. Le cœur d'Héloïse n'a rien oublié. Elle est prête à croire que le destin vient de lui accorder une faveur. James, en revanche, ne se souvient pas d'elle. En effet, beaucoup de choses ont changé en deux ans et demi. Beaucoup, oui, mais pas toutes...
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De gauche à droite : Nicolas Houguet, Sophie Lemp, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Fabienne Defosse, Inès Rougon, Julien Mutis, Lou Vernet, Cécile Pellault & Léon Cornec. |
mardi 1 septembre 2020
Mon avis sur "Frangines" d'Adèle Bréau
Frangines est le roman idéal pour prolonger les grandes vacances. Adèle Bréau aborde l'un de ses thèmes phare, celui de la famille. Elle dépeint les relations entre trois sœurs qui, le temps d'un été se retrouvent avec conjoints et enfants dans la maison où elles ont grandi. Deux semaines durant, souvenirs d'enfance, tracasseries du quotidien, divergences de point de vue, disputes et secrets sont convoqués sous le soleil provençal. On assiste à la vie d'une famille comme tant d'autres, une famille à laquelle tout un chacun peut s'identifier et c'est d'ailleurs ce qui fait la force de Frangines. Bien que tout le monde n'ait pas une maison de famille, on a tous des souvenirs de réunions familiales et pour peu que l'on ait des frangins et/ou des frangines, à tous les coups cette ambiance très particulière chargée à la fois d'amour et d’agacement résonnera au plus profond de vous.
Frangines est un roman universel parce qu'il traite avant tout de la fraternité, de cette complicité et de cet amour qui unissent les membres d'un clan. Humour et émotions ne cessent de s'entrechoquer pour le plus grand bonheur du lecteur qui assiste à ces retrouvailles annuelles et à l'évolution de cette famille. Pour ma part, j'ai été heureuse de retrouver le ton et la fraîcheur de la plume d'Adèle Bréau qui a fait le succès de la trilogie La cour des grandes et que je n'ai pas retrouvé dans son précédent roman L’odeur de la colle en pot.
Alors n'hésitez plus, plongez dans ce feel-good book qu'est Frangines, venez vous ressourcer à l'ombre des oliviers, bercé par le chant des cigales confortablement installé dans un transat, un verre de rosé à la main.
Belle lecture !