vendredi 6 novembre 2020

Mon avis sur "Un loup quelque part" d'Amélie Cordonnier

Journaliste, Amélie Cordonnier a publié son premier roman, Trancheren 2018. Deux ans après, elle revient avec Un loup quelque part, disponible aux Éditions Flammarion. Tous deux ont pour point commun d’évoquer ce qu’il se passe une fois la porte de l’intimité fermée.

Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ?  Que fait cette tâche, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part. 
Avec une écriture aussi moderne qu’acérée, Amélie Cordonnier met en scène une femme paniquée à l'idée de ne pas parvenir à aimer son enfant et dont l’affolement devient de plus en plus inquiétant. 

Un couple marié et aimant a une petite fille de huit ans quand Ablan naît. Tout va bien jusqu'à ce qu'une puis plusieurs tâches noires apparaissent sur le corps du bébé. Pensant qu’il s’agit d’un mélanome la maman d'Alban s’inquiète et file en urgence chez le pédiatre. Ce dernier lui demande si le papa est noir ? Elle répond que non. Il lui demande alors s’il y a des noirs dans sa famille ? Non. Néanmoins, le médecin est catégorique, Alban est métis. Le couperet tombe. Sa peau va changer de couleur durant trois à six mois avant de se fixer définitivement d'ici un à deux ans. Stupéfaite, cette femme en proie à une panique grandissante va lever le voile sur un secret de famille. Pour autant, Un loup quelque part n'est pas un roman qui traite du métissage ou des origines. Ce roman aborde la thématique de l’instinct maternel. En effet, l'auteure nous interpelle sur un sujet tabou, celui du rejet de son nouveau-né. Une mère digne de ce nom a-t-elle le droit ne pas aimer son bébé ? 

Au fur et à mesure que la peau du bébé s’assombrit, que ce petit être fonce et se métamorphose, Amélie Cordonnier enfonce sa maman dans la souffrance, la honte et la culpabilité du désamour maternel. Cette femme qui a tant idéalisé son bébé, sa famille, ne peut se résoudre à accepter la réalité. Elle est au bord de la folie. Et si cette maman s'abandonnait tout simplement à une immense détresse liée à sa solitude et à sa culpabilité ?

Amélie Cordonnier au Rock'n Books du 26 sept-20

Aucun doute, avec Un loup quelque part, Amélie Cordonnier s'attaque à un sujet tabou de notre Société, celui de la maternité, ou plus précisément celui de l’instinct maternel, qui quoi qu’on en dise, ne va pas de soi. Sa plume à la fois brute et cinglante ne nous épargne rien, ni la douleur, ni la violence de cette femme. C'est en apnée, les viscères nouées, que le lecteur assiste impuissant au combat intrinsèque de cette mère. Un livre puissant qui confirme le talent de son auteure.  

Belle lecture !

vendredi 23 octobre 2020

Mon avis sur "Elles m'attendaient..." de Tom Noti

Enfant d'une famille d'ouvriers d'origine italienne, Tom Noti est instituteur. Il vit au creux de montagnes majestueuses qui sont son oxygène. Lecteur et solitaire, il a toujours eu le désir d'écrire, en réaction contre le poids de la vie familiale mais il se l'est longtemps interdit croyant que la littérature était une affaire de castes. C’est en incitant ses fils à vivre leurs rêves que le boomerang des passions intimes lui est revenu en pleine tête. Il s’est donc jeté sur ses pages restées trop blanches, trop longtemps, pour être désormais, l’auteur de plusieurs romans. Ses histoires racontent les gens qui avancent, vaille que vaille, avec leurs sentiments en bandoulière et les casseroles qu’ils trimballent. Elles m'attendaient est l'une d'elles et disponible aux Éditions La Trace. 

Deux personnes s'aiment et leurs solitudes s'aimantent. Cela ressemble à une histoire d'amour simple et lumineuse, mais c'est sans compter sur les ombres que Max cache derrière ses silences... 
Elles m'attendaient... aurait pu être une simple histoire d'amour, si tant est que les histoires d'amour soient simples, mais c'est bien plus que cela. Elles m'attendaient... c'est une jolie histoire qui commence à une terrasse de café. Une histoire de larme qui effleure de longs cils et qui va accrocher le cœur d'une comète, Halley. Elles m'attendaient... est aussi une histoire de symphonie avec des violons, et tous les instruments les plus délicats de la Terre. Une histoire de parents et d'une petite Rosie. Elles m'attendaient... c'est surtout une histoire de silences et de sentiments délicatement pesés. Des silences qui vont devenir si assourdissants qu'ils vont le faire chuter. De la chaleur de son foyer à celle de l'alcool il n'y avait qu'un saut que Max a franchi. Rattrapé par son passé, qui l'a étreint, pris à la gorge, aux tripes et au cœur Max n'a pas eu la force de retenir ce bonheur qu'il devinait éphémère... Ses démons l'ont amené à fuir son cocon familial pour échouer sur la ouate d'un sac de couchage au bout de la rue. Halley et Rosie ont un mari et un papa à part. Un mari et un papa pas comme les autres...

Bien que Elles m'attendaient... soit un court roman de 142 pages, sa densité en émotions est telle qu'il est de ceux qui reste à jamais gravé dans nos cœurs. Chaque mot est délicatement choisi, chaque page harmonieusement noircie, chaque scène magistralement dépeinte et chaque épreuve doucereusement douloureuse comme pour mieux résonner au plus profond de nous. Tom Noti se plaît à explorer l'âme humaine. Il nous emmène sur le bord, sur la marge pour mieux voir, pour élargir notre horizon, sortir des clichés. Il est de ces auteurs qui nous livre une littérature à la fois puissante, touchante, percutante, profondément humaine tout en étant empreinte d'une rare poésie. Aucun doute, Tom Noti a eu raison de s'accorder le droit d'écrire, parce qu'il le fait magnifiquement. Et même si son Max en visant le cœur d'une comète a atterri dans le caniveau, c'est les yeux remplis d'étoiles que j'ai découvert Elles m'attendaient... 

Belle lecture !

lundi 19 octobre 2020

Mon avis sur "L'albatros" de Nicolas Houguet

Nicolas Houguet a organisé sa vie autour de la culture. Handicapé moteur, c'est par livres ou films interposés qu'il a appris à aimer le monde. Ses études l'ont amené à réaliser que la culture était un tout, qu'elle ne se bornait pas à un domaine ou un autre. Alors, il a choisi d'être inclassable. S'intéresser autant à Tolkien qu'à Baudelaire, à Quentin Tarantino qu'à Ingmar Bergman, à Beethoven qu'à David Bowie. Son envie, c'est de décrire ce grand patchwork de références qui a fait de lui ce qu'il est. Aujourd'hui Nicolas Houguet est chroniqueur littéraire et écrivain. Amateur de littérature, de rock et blogueur reconnu, je l'ai convié à ma troisième édition du Rock'n Books pour son roman L'Albatros paru chez Stock. Et évidemment, Nicolas a eu l'honneur d'ouvrir cet évènement.

Mardi 20 octobre 2015. À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui. Autobiographie musicale, poétique et anticonformiste, L’Albatros est un hymne à la liberté insufflée par une Pythie des temps modernes.

Il suffit parfois d'un concert pour que tout bascule, pour qu'au gré des chansons, les souvenirs ressurgissent, que votre vie défile sous vos yeux et qu'enfin, quelque chose lâche. C'était le 20 octobre 2015, c’était à l’Olympia et c’était Elle… Elle c'est Patti Smith, cette immense rockeuse poétesse qui sans le savoir, en jouant chaque titre de son premier album Horses a permis à Nicolas Houguet de se confronter à ce qu'il avait de plus cher. Son enfance, sa famille, ses joies, ses peines, ses amours, mais également les deuils et les silences qu'il n'avait pas eu la force de briser ni de surmonter. Submergé par l'émotion, libéré de tous ses liens, c'est à ce concert que Nicolas Houguet a retrouvé cette insouciance qui l'a concentré sur l'essentiel. Grâce à la voix de Patti Smith et contrairement à l'Albatros de Beaudelaire, Nicolas a pris son envol. Avec ses ailes de géant, il a regagné ses cieux. De cette bouleversante expérience, il a décidé de mettre en musique ses maux/mots, ses émotions. C'est ainsi qu'est né L'Albatros

L'Albatros est un récit intime mais Ô combien intense. Il est des ces précieuses confessions que l'on reçoit et dont on se sent gratifié. Oui, ce livre est un cadeau. C'est une grâce qui étreint les cœurs et les corps meurtris. Bercé par les notes de musique et les titres de Patti Smith, L'Albatros nous immerge dans un bain de mélancolie, dans les affres de la douleur et des blessures passées, mais c'est nourri du suc de la vie, ce précieux liquide qui nous revigore tant, que l'on en ressort. Voilà, L'Albatros est une ode à la vie, tout simplement. Une ode à la vie servie par la plume magistrale de Nicolas Houguet et tellement sonore. L'émotion effleure les mots, les titres de Patti Smith la révèle. Le Rock et les mots, un savoureux mélange. Un conseil, laissez-vous gagner par la magie.

Belle lecture !


Nicolas Houguet - Rock'n Books
26 sept-20

L'albatros 

Charles Beaudelaire (Les fleurs du mal)


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de voyage,

Le navire glissant sur les gouffres amers.

 

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

 

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

 

Le Poète est semblable au prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer ;

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


lundi 12 octobre 2020

Mon avis sur "Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu

Après des études d’histoire et de cinéma et l'exercice d'une multitude de métiers, Nicolas Mathieu s'adonne à l'écriture. En 2014, il publie son premier roman, Aux animaux la guerre, dans la collection Actes noirs, et reçoit le prix Erckmann-Chatrian, le prix Transfuge du meilleur espoir Polar et le prix Mystère de la critique. Il participe à l’adaptation du roman qui devient une série diffusée sur France 3. En 2018, il remet le couvert avec Leurs enfants après eux et remporte rien de moins que le prix Goncourt ! Promesse d'une belle lecture... ou pas.

Août 1992. Une vallée perdue quelque part dans l’Est, des hauts-fourneaux qui ne brûlent plus, un lac, un après-midi de canicule. Anthony a quatorze ans, et avec son cousin, pour tuer l’ennui, il décide de voler un canoë et d’aller voir ce qui se passe de l’autre côté, sur la fameuse plage des culs-nus. Au bout, ce sera pour Anthony le premier amour, le premier été, celui qui décide de toute la suite. Ce sera le drame de la vie qui commence.
Leurs enfants après eux, c'est l'histoire d’une vallée, d’une époque, de l’adolescence, le récit politique d’une jeunesse qui, malgré l'absence d'horizon doit trouver sa voie. 

Anthony, Steph, Clem, Hacine sont dépeints de quatorze ans à vingt ans, au cours de quatre étés de 1992 à 1998 à Heillange (Hayange en Moselle). Ils grandissent dans une région dévastée par le chômage, désindustrialisée et dominée par les hauts fourneaux désaffectés évocateurs du temps où la sidérurgie rassemblait les ouvriers qui, malgré leurs difficiles conditions de travail transmettaient à leur descendance leur fierté et leur savoir-faire. Depuis que la crise est passée par là, alcoolisme, violence, ennui, désœuvrement et racisme ordinaire règnent en maître. Incapables de transmettre le moindre repère à leurs enfants, les adultes font de ces derniers des paumés qui occupent leur temps comme ils peuvent. Ils boivent, se droguent, flirtent avec la délinquance tout en essayant d'avoir un semblant de vie amoureuse. Les plus ambitieux d'entre eux ne rêvent que d'une chose, fuir cette région sinistrée, où les seules distractions se résument au foot, aux fêtes foraines, au Picon bière et à Johnny Hallyday.

Vous l'aurez compris, avec Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu nous propose une analyse sociologique de ces territoires délaissés qu'il a si bien connu. S'il faut bien reconnaître que le contexte est justement restitué, que la plume de l'auteur est talentueuse, que ses personnages sont criants de vérité, il n'en demeure pas moins que le tout est magistralement déprimant et que de surcroît, il ne se passe pas grand chose. Dans le genre, j'ai préféré et de loin Fief de David Lopez qui, bien qu'il n'ait pas obtenu le Goncourt m'avait frappée en plein cœur.  

Belle lecture !

dimanche 11 octobre 2020

Mon avis sur "Je ne suis plus inquiet" de Scali Delpeyrat

Scali Delpeyrat est comédien, auteur et metteur en scène. Avec sa compagnie théâtrale Le bel établissement, il monte et adapte ses textes. Homme de théâtre, mais également de cinéma et de télévision, Scali Delpeyrat est de ces acteurs qui s'invite régulièrement sur nos écrans. Pas étonnant, sa filmographie est longue comme le bras ! Si être comédien c'est dire avec justesse des mots mis en scène, être auteur c'est savoir coucher avec une harmonieuse sonorité ses maux/mots sur papier. Dès lors, être publié fait-il de l'auteur un écrivain ? Quoi qu'il en soit, lui a osé. Je ne suis plus inquiet est le premier livre publié de Scali Delpeyrat. Il est disponible à compter du 14 octobre prochain dans la collection Au singulier chez Actes Sud-Papiers.

Je ne suis plus inquiet est un court recueil de soixante trois pages et de soixante et un textes exactement. Difficile à résumer et à la fois facile tant ce livre touche tout un chacun. En effet, qui ne s'est jamais auto-interpellé de scènes du quotidien tantôt drolatiques, tantôt horripilantes ? Qui ne s'est jamais agacé du comportement d'autrui, ne s'est jamais retourné sur ses amours perdues, sur son enfance, sur ses origines ? Voilà, Je ne suis plus inquiet c'est cela. Des tranches de vie savamment et harmonieusement mises en scène. Mais il serait réducteur de s'en tenir à cela. Je ne suis plus inquiet c'est tellement plus ! C'est drôle, c'est touchant, c'est questionnant, c'est mélancolique mais c'est surtout débordant d'amour. Oui, Je ne suis plus inquiet est de ces petits livres universels fait d'éclats de rire, de sourires qui s'étirent, de sourcils qui se froncent, d'estomac qui se noue, de larmes qui perlent au coin des yeux. C'est doux, c'est tendre, c'est juste, c'est émouvant et c'est truffé d'humour. C'est à lire et à relire. 

Oui parce que Je ne suis plus inquiet est ce genre de livre qui ne trônera jamais dans une bibliothèque à l'abri de la poussière. Non. Il est de ceux qui va rejoindre cette pile posée à même le sol à la tête du lit. Oui. Je ne suis plus inquiet est de ces livres que l'on ne se lassera jamais d'ouvrir à n'importe quelle page. Sa lecture achevée, il en surgira selon le tableau dépeint, un éclat de rire, ou bien une question existentielle sur le sens de nos gestes, de nos actes, ou encore des hypothèses sur ce que nous serions si telle ou telle chose ne s'était pas produite. On s'interrogera sur nos origines, ou bien on retournera en enfance ou tout simplement, on prendra conscience de l'importance d'aimer et de savoir le dire. Oui, Je ne suis plus inquiet est ce genre de livre, exactement comme La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules de Philippe Delerm. Mais ne vous y trompez pas, il n'est point question de plaisirs minuscules, c'est même tout l'inverse ! Et comme il semblerait que Noël approche (oui, oui j'ai croisé hier avec consternation tous les apparats de cette fête dans un magasin alors même que nous ne sommes qu'au début du mois d'octobre... Comme si nous n'avions qu'une envie... Ah ces gens du marketing), bref, comme Noël approche disais-je, Je ne suis plus inquiet sera le cadeau idéal tant il est aisé de s'identifier à ces saynètes si joliment peintes, parfaitement décrites et reliées entre elles. Les mots sont subtilement choisis, le tout est délicieusement construit. Aucun doute, vous ferez des heureux !

Avant de clôturer cette chronique, ne pas oublier de dire à Scali Delpeyrat que Je ne suis pas inquiet est bon, check. / Non, lui dire qu'il est très bon, check. / Ne pas oublier d'oublier d'imaginer Scali Delpeyrat dans la scène de la minuterie, check. / Ne pas oublier demain dans le métro de prêter attention à la voix ascendante et descendante, check. / Ne pas oublier que si ma voix déraille et devient fluette, c'est juste parce que je suis émue, check. / Ne pas oublier de dire merci à Scali Delpeyrat d'avoir eu la merveilleuse idée de me faire envoyer Je ne suis plus inquiet, check. / Ne pas oublier de remercier Actes Sud et leur dire combien le livre est beau, check. / Enfin, ne pas être inquiète de savoir que l'auteur, que dis-je, que cet écrivain va lire ma chronique... hum, pas check...

Belle lecture !

mercredi 30 septembre 2020

Rock'n Books - 26 septembre 2020

C'était samedi dernier, c'était la troisième édition du Rock'n Books et c'était, je crois réussi, malgré le contexte sanitaire que nous traversons depuis plusieurs mois. Il y avait des auteurs, des musiciens, le public et moi. Il y avait des livres, de la passion, de l'amour, de la bienveillance, des voix et des étoiles plein les yeux (surtout dans les miens... mais pas que...).

C'était samedi, il y avait Catherine-Rose BarbieriAmélie Cordonnier, Léon CornecNicolas HouguetSophie LempCécile PellaultLou Vernet et David Zukerman. Pour nous accompagner musicalement, il y avait Inès Rougon avec son extraordinaire voix et Julien Mutis à la guitare. 

C'était samedi, on a commencé un peu plus tard que prévu, le temps de laisser le public arriver tranquillement. C'était samedi, on a fini un peu plus tard que prévu, le temps de prendre le temps d'échanger, de savourer le moment présent, parce qu'après, on sait que ce sera compliqué... 

C'était samedi et c'était un joli moment de partage et de bonheur. C'était samedi et c'était bien, très bien même !

Bruno Huisman (Maire de Valmondois) & Fabienne Defosse

Inès Rougon & Julien Mutis
S’il y avait bien un auteur en parfaite adéquation avec mon Rock’n Books c’est bien lui, Nicolas Houguet et son premier roman, L'albatros (Stock). Je ne pouvais lancer cette troisième édition sans commencer par lui. Alors la magnifique voix d'Inès a interprété le Because the night de Patti Smith que Nicolas a entendu ce fameux mardi 20 octobre 2015. 
À l’Olympia, la foule se presse pour aller écouter Patti Smith. Nicolas emprunte une coursive, fait rouler son fauteuil jusqu’à l’ascenseur et s’installe au milieu des gradins, au-dessus de la table de mixage, absurdement placé, comme toujours. C’est la première fois qu’il se rend seul à un concert. Dans la fosse, invisible, se trouve celle qu’il a aimée et qui est partie. Soudain, Patti Smith entre en scène. Elle a soixante-huit ans, la puissance des sorcières, le regard sauvage. Gloria ! Sa voix est un ciel dans lequel Nicolas s’élance les yeux fermés. Il y retrouve l’enfance, les peines et les joies, les chers disparus, les histoires d’amour, les rêves d’un corps empêché. Il y retrouve tous les poètes, les chanteurs et les écrivains qui lui ont donné une place dans le monde. Il s’y retrouve lui. 
Nicolas Houguet
Si Nicolas a trouvé sa voie lors de ce concert qui l'a amené à l'écriture, la LiNa de Cécile Pellault a perdu la sienne de voix si bien qu'elle ne peut plus honorer ses concerts. Star de la pop américaine elle ne parvient plus à pousser de la voix. Inès a interprété Try a little tenderness d'Otis Redding pour annoncer Les voix meurtries (Les éditions du loir)le quatrième roman et deuxième thriller de Cécile Pellault. 
Quand LiNa rencontre Nicolas, un Français expatrié en Floride et papa d’un petit Jay, cela aurait pu être le happy end de leur histoire. Pourtant, ce sera seulement le début d’une course contre la montre avec les ennuis : la réapparition de la femme de Nicolas, Cassandra et de son amant violent, les ambitions insatiables du producteur de LiNa qui ne souffrent aucune réponse négative de la star. La disparition de Jay, la violence du milieu de LiNa ne feront que les faire sombrer un peu plus. Auront-ils la force de tout surmonter, de puiser la force dans leur relation ou les blessures, la prison, l’alcool, l’enlèvement du petit garçon seront-ils fatales à l’image d’une plage de Floride à laquelle ils tentent de s’accrocher ?
Cécile Pellault
De la voix aux mots qui génèrent des maux il n’y avait qu’un pas… que dis-je une insulte… Le vent nous portera de Noir Désir a introduit Trancher (Flammarion), le premier roman d'Amélie Cordonnier. Victime de violence verbale de la part de son mari et père de ses deux enfants, l'héroïne à l'aube de ses quarante ans, s’impose de faire un choix, de trancher : Partir ou rester. 
« Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi. » Cela faisait des années qu’elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n’avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l’a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d’avoir décidé pour son anniversaire.
Amélie Cordonnier
Partir implique la séparation du couple. Si une séparation peut s'avérer salutaire, elle est souvent vécue comme un drame par les enfants. Alors Inès s'est glissée dans les mots de Jacques Brel et nous a interprété Ne me quitte pas pour évoquer Leur séparation (Allary Éditions) de Sophie Lemp. 
« Ce samedi matin de janvier, ma mère m’attend à la sortie de l’école. Comme les autres jours, nous remontons la rue des Boulangers mais, au lieu de nous arrêter au carrefour, nous prenons à gauche dans la rue Monge. Je me retourne et aperçois un camion de déménagement garé en bas de notre immeuble. Ma mère serre ma main dans la sienne. Je n’ai pas envie de parler, je pense au camion, aux cartons, au salon qui demain sera à moitié vide. Je pense à mon père. Désormais, j’irai chez lui tous les mercredis soir et un week-end sur deux. Ma mère s’est organisée pour que je passe l’après-midi et la nuit chez une amie. Avant de partir, elle me dit Profite bien de ta journée, amuse-toi, essaye de penser à autre chose. Je hoche la tête mais je sais que jamais plus je ne penserai à autre chose. »
Puis naturellement la version française de la Suzanne de Léonard Cohen, interprétée par Alain Bashung, que dis-je par Inès, nous a permis de parler de Les miroirs de Suzanne (Allary Éditions), le troisième livre mais premier roman de Sophie Lemp. 
Suzanne a quarante ans, une vie tranquille, un mari et deux enfants. Un matin, son appartement est cambriolé. Ses cahiers, journal de son adolescence, ont disparu. Des cahiers qui racontent Antoine, l’écrivain qui avait trois fois son âge, qui racontent cet amour incandescent, la douleur du passage à l’âge adulte.
Martin est livreur, il pédale pour épuiser ses pensées. Un soir, il trouve les cahiers au fond d’une poubelle et dévore ces mots qui le transpercent. Qui le ramèneront à la vie.
 « Ne jamais oublier ce que j’ai vécu de fort dans ma vie. Mes émotions, mes peurs, mes joies, mes tristesses. Être sereine. Martin poursuit sa lecture. J’ai quinze ans. En ce moment, j’attends. Mais un jour, tout s’épanouira. Martin sent que quelque chose l’étreint, l’urgence de continuer à lire. »
Et comme nous évoquions l'amour, la famille, nous sommes naturellement revenus vers Amélie Cordonnier pour aborder la question de l'instinct maternel et son dernier roman, Un loup quelque part (Flammarion).
« Paupières closes coupées au canif, lèvres parfaitement dessinées, l’air imperturbable. Royal même. Au début, elle a cru qu’il lui plaisait, ce petit. Seulement voilà, cinq mois plus tard, elle a changé d’avis. Ça arrive à tout le monde, non ? Elle voudrait le rapporter à la maternité. Qui n’a pas un jour rendu ou renvoyé la chemise, le pantalon, le pull, la ceinture ou les chaussures qu’il venait d’acheter ? » Que fait cette tâche, noire, dans le cou de son bébé ? On dirait qu’elle s’étend, pieds, mains, bras, visage. Mais pourquoi sa peau se met-elle à foncer ? Ce deuxième enfant ne ressemble pas du tout à celui qu’elle attendait. Aucun doute, il y a un loup quelque part.
De Gauche à droite : F. Defosse, N. Houguet, S. Lemp, A. Cordonnier & C. Pellault

Fabienne Defosse, Nicolas Houguet, Sophie Lemp & Amélie Cordonnier
Et qui dit maternité, dit paternité donc masculinité. Bien qu'il ait eu un empêchement de dernière minute, j'ai tout de même présenté Boys (JC Lattès) le premier roman de Pierre Théobald sous les riffs de Julien et la voix d'Inès qui a entonné le Boys don't cry de The Cure. 
« J’ai aimé nos instants minuscules, nos instants de rien, ce que l’on croit être l’ennui, le quotidien, mais qui n’est autre que la manifestation sincère de l’amour, son expression nue et désintéressée. L’amour n’existe que là, dans ces intervalles dépourvus de consistance.  »
Ce sont des hommes de tous âges, saisis chacun à un instant de bascule. Un mari qui enquête sur la vie secrète de sa femme, un séducteur qui s’apprête à retrouver une fille dont il n’a que faire, un sportif sur le déclin… Des losers magnifiques, des romantiques déraisonnables. Des pères sans enfant, de grands enfants devenus pères. Et, au milieu de tous ces hommes, il y a Samuel, que l’on retrouve à différentes étapes de sa vie, et qui doit faire face au plus difficile des renoncements.
Après que Nicolas Houguet, Sophie Lemp, Amélie Cordonnier et Cécile Pellaut cèdaient leur place sur scène à David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Léon Cornec et Lou Vernet, Ma petite entreprise d'Alain Bashung magnifiquement chanté par Inès, nous a plongé dans un tout autre univers, un monde rongé par la démotivation, l’absentéisme, l’alcoolisme et l’incompétence.

De gauche à droite : Fabienne Defosse, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Léon Cornec & Lou Vernet
Bienvenue en gare à Léon Cornec et son effarant Sortie de rails (Pocket). Ce livre est une claque, un essentiel pour comprendre la misère des invisibles, un voyage halluciné des lieux désaffectés, lunaires, où zonent des populations oubliées, déglinguées. Il est de ces livres qui marquent au fer rouge, qui font frémir. Les usagers des transports ferroviaires, ne resteront certainement pas insensibles à ce qu'ils y découvriront et comprendront pourquoi leurs trains arrivent rarement à l'heure... 
Chômeur et artiste sans le sous au début, Léon Cornec entre chez HTransports, une entreprise de sous-traitance chargée par la RATP et la SNCF de veiller au bon fonctionnement des trains, métros et tramways. Il se forme sur le tas, comme électricien. Il intègre une équipe, va de chantier en chantier. Il gravit les échelons et devient contremaître. 
Léon Cornec ne prend pas le temps de nous introduire dans ce monde qui sent le rouge, le goudron, les armoires électriques et le caoutchouc. Il nous le fait vivre. Sortie de rails est une claque, un essentiel pour comprendre la misère des précaires, un voyage halluciné des lieux désaffectés, lunaires, où zonent des populations oubliées, déglinguées. Une sortie de rails nécessaire.
Et parce que son second roman est paru en juin dernier, Léon Cornec nous a parlé ensuite de Un été nazi (Robert Laffont). Un roman à lire au second degré surtout.
Maman dit qu’on est à nu, parce qu’il n’y a plus de murs pour nous protéger si les bougnoules arrivent. Papa répond qu’elle dit que des conneries, que les bougnoules sont pas encore là et que s’ils arrivent, il est armé jusqu’aux dents. Je rassure Maman en lui criant que moi aussi je tuerai les bougnoules s’ils arrivent pour la violer.
- T’es mignon, Alex, mais tu n’as que 10 ans, mon grand. Tu pourras pas faire grand-chose.
Alex vit dans un petit village du nord de la France avec sa mère et son père, un gendarme souvent en déplacement. C’est l’été, il s’ennuie. Que faire à part traîner dans la campagne et rêver aux nazis dont on parle avec fascination dans son entourage et qui l’impressionnent avec leurs costumes et leurs bottes brillantes ?
Quand il rencontre Seb et Dady, deux gamins du coin, ses journées s’animent : à eux trois, ils décident de chasser le « bougnoule ». Mais ils ont beau errer dans le village, ils n’en trouvent pas et font les quatre cents coups pour passer le temps. Jusqu’à ce qu’une nouvelle famille s’installe dans le voisinage, avec un bébé adopté au Sénégal. Comment ? Une bougnoule ? Les villageois se mobilisent.
Léon Cornec
Ces entreprises qui abandonnent leur salariés nous ont inspiré surtout le pire… C'est alors que Francis Cabrel s'est invité sur le plateau et par l'intermédiaire d'Inès nous a interprété C'était l'hiver.  Lou Vernet avec son Surtout le pire (Les éditions du loir) nous a fait basculer du côté obscur. En effet, son neuvième ouvrage publié est un roman noir qui explore la dualité de tout être humain. Mais, que l'on ne s'y trompe pas, ce roman est aussi lumineux que sombre. Surtout le pire c’est l’histoire de Raphaël et de son frère d’adoption, JIM. Tous deux ont été abandonnés à la naissance par leur mère, placés en famille d’accueil, puis adoptés par la même famille. Raphaël et JIM grandissent ensemble jusqu’au jour où JIM disparaît. Raphaël sombre alors. Il grandit tant bien que mal dans le Roussillon. Puis un beau jour, JIM réapparaît. Le tout est servi par une plume particulièrement acérée, on est loin du pire !
Ce que l'aube promet au jour n'est souvent qu'un leurre. Anne Carrière le vérifie à chaque découverte macabre. Cette fois-ci, il s'agit d'une jeune femme, Sandra Link, 24 ans, retrouvée morte dans sa baignoire. Un banal suicide, à première vue, comme il en existe toutes les quarante secondes dans le monde. Une histoire vite retracée. Fugueuse depuis ses dix-huit ans, la jeune femme venait d'accoucher deux jours plus tôt dans un hôpital parisien d'où elle s'était enfuie aussitôt en abandonnant son enfant. Bien trop jeune et seule pour porter un si lourd fardeau. Ce n'est pas la première ni la dernière fois et pourtant la légiste ne s'y fait pas. Surtout que c'est le second cas en moins d'un mois. À croire que toutes les guerres et les catastrophes ne suffisent plus à la misère humaine. Il faut encore que soient ajoutés au nombre des victimes des nourrissons. Comme un besoin d'éradiquer tout espoir, toute rédemption.
Léon Cornec & Lou Vernet
Du roman noir, au roman d'aventure fantastique, il n'y avait qu'un pas que l'on a franchi en se tournant vers David Zukerman, un auteur qui dépeint des destins tragiques avec une telle palette de couleurs qu’il y met de la lumière pour changer le monde. Sur les notes d'Eric Clapton magnifiquement joué par Julien Mutis, Inès a poussé la voix sur Change the world. D'un seul coup, le charismatique Yerbo Kwinton l'un des personnages phare de San Perdido (Calmann Lévy) était parmi nous. Nous l'avons tous vu et avons tous été subjugués par sa force et sa personnalité. Qu'est-ce qu'un héros, sinon un homme qui réalise un jour les rêves secrets de tout un peuple ? Yerbo est de ceux-là. Enfant noir aux yeux bleus, il est un orphelin muet qui n'a pour seul talent apparent qu'une force singulière dans les mains. Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d'une population jusque-là oubliée de Dieu. Dans la salle, nous sommes tous tombés d'accord pour dire que San Perdido est un livre rare à tous points de vue, un livre inclassable à la fois conte, fable sociale, roman d'aventure et que David Zukerman est un conteur extraordinaire.
Un matin de printemps, dans la décharge à ciel ouvert de San Perdido, petite ville côtière du Panamá aussi impitoyable que colorée, apparaît un enfant noir aux yeux bleus. Un orphelin muet qui n'a pour seul talent apparent qu'une force singulière dans les mains.
Il va pourtant survivre et devenir une légende. Venu de nulle part, cet enfant mystérieux au regard magnétique endossera le rôle de justicier silencieux au service des femmes et des opprimés et deviendra le héros d'une population jusque-là oubliée de Dieu.
Fabienne Defosse & David Zukerman



Et puis, nous avons quitté la décharge à ciel ouvert de l'Amérique centrale, pour rejoindre la lumière du feel-good book… Le fameux Don't look back in anger d'Oasis a clôturé le tour de chant d'Inès et avec notre rayon de soleil, Catherine-Rose Barbieri, nous avons basculé du côté des comédies romantiques. Nous avons  évoqué Camille, l'héroïne de Am stram, gram... ce sera toi qui me plairas (Eyrolles), le premier roman de Catherine-Rose Barbieri.
Camille bosse dans une grosse boîte.
Elle n'a pas d'attachement particulier pour son boulot.
Ni pour ses collègues.
Ni pour grand monde, d'ailleurs, si ce n'est pour son amie Anna et son voisin de palier septuagénaire, Monsieur Lambert.
Dans son appartement, chaque soir, elle s'évade en dévorant films, séries et livres, du moins quand elle ne peste pas contre la piètre isolation phonique au sein de l'immeuble, et notamment contre son voisin du dessus, aux mœurs mystérieuses et certainement dissolues.
Et puis un jour, au travail, elle trouve un courrier inattendu dans sa boîte mail... Inattendu et anonyme.
Commence alors un jeu de piste improbable pour en démasquer l'auteur, qui va forcer Camille à ne plus seulement croiser les gens sans les voir, mais à prendre le temps de les regarder et parfois même de les apprécier. Entre situations burlesques et malentendus, la jeune femme apprendra à dépasser ses préjugés pour enfin décider de la suite de sa vie, réparer ses erreurs et peut- être même tomber amoureuse.
Puis un vent d'Ecosse nous a amené l'irrésistible James, le héros du tout dernier roman de Catherine-Rose, Souviens-toi que tu m'aimes (Eyrolles). Si comme moi, vous fondez en regardant You've got a mail ou encore Coup de foudre à Notting Hill, si Bridget Jones vous fait marrer, aucun doute, les romans de Catherine-Rose Barbieri sont pour vous ! Rien de tel pour combattre la grisaille automnale et voyager à travers l'Europe.
Lorsqu'Héloïse rencontre James dans ce wagon du TGV Lyon-Paris, le coup de foudre est réciproque.
Mais rien n'est simple pour Héloïse. D'abord, elle ne croit pas au coup de foudre le romantisme, très peu pour elle ! Ensuite son sens de la loyauté est particulièrement aigu, au point d'être dans cette histoire un vrai handicap. La jeune femme fait donc taire ces sentiments inédits dont elle ne sait que faire, et ce qui aurait pu être le début d'une belle idylle en reste là.
Deux ans et demi plus tard, après bien des épreuves et pas mal d'errance, Héloïse et James se retrouvent par hasard en Ecosse. Le cœur d'Héloïse n'a rien oublié. Elle est prête à croire que le destin vient de lui accorder une faveur. James, en revanche, ne se souvient pas d'elle. En effet, beaucoup de choses ont changé en deux ans et demi. Beaucoup, oui, mais pas toutes...
Catherine-Rose Barbieri
Les heures ont filé, est venu le temps de clôturer la troisième édition du Rock'n Books. C'est donc les yeux remplis d'étoiles, le cœur débordant d'amour, que j'ai remercié les auteurs sans qui tout cela n'existerait pas, le public qui, malgré tout était présent, le Maire de Valmondois qui, depuis le début m'a accordé toute sa confiance, Fêtes et loisirs, l'association qui a cru en mon concept et me soutient depuis plus de trois ans. 
Tous mes plus sincères remerciements vont à vous tous, à vous qui faites le succès du Rock'n Books. Tout simplement MERCI !

De gauche à droite : Nicolas Houguet, Sophie Lemp, David Zukerman, Catherine-Rose Barbieri, Fabienne Defosse, Inès Rougon, Julien Mutis, Lou Vernet, Cécile Pellault & Léon Cornec.

À l'année prochaine et d'ici là, on vous souhaite de belles lectures !

mardi 1 septembre 2020

Mon avis sur "Frangines" d'Adèle Bréau

Adèle Bréau est l’auteure de la trilogie initiée par La cour des grandes, dont les droits ont été vendus à la télévision, et de L’odeur de la colle en pot. Ancienne rédactrice en chef de Elle.fr, elle croque avec humour et férocité les petits travers de notre société sur son blog et dans de nombreux médias. Frangines est son cinquième roman.

Mathilde, Violette et Louise sont sœurs. Depuis l’enfance, elles vivent leurs plus belles heures à La Garrigue, une bâtisse que leurs parents ont achetée autrefois à Saint-Rémy-de-Provence. Tout les oppose et pourtant rien ne peut séparer Mathilde, éblouissante et dominatrice, Violette, qui a grandi dans l’ombre de son aînée, et Louise, la benjamine, née des années plus tard. Cet été, les frangines se réunissent dans la demeure familiale pour la première fois depuis le drame de l’année précédente. Entre petites exaspérations et révélations inattendues, ces retrouvailles vont bouleverser à jamais leur vie. Car les murs de La Garrigue, gardiens des secrets de trois générations, ne les protégeront peut-être plus. 

Frangines est le roman idéal pour prolonger les grandes vacances. Adèle Bréau aborde l'un de ses thèmes phare, celui de la famille. Elle dépeint les relations entre trois sœurs qui, le temps d'un été se retrouvent avec conjoints et enfants dans la maison où elles ont grandi. Deux semaines durant, souvenirs d'enfance, tracasseries du quotidien, divergences de point de vue, disputes et secrets sont convoqués sous le soleil provençal. On assiste à la vie d'une famille comme tant d'autres, une famille à laquelle tout un chacun peut s'identifier et c'est d'ailleurs ce qui fait la force de Frangines. Bien que tout le monde n'ait pas une maison de famille, on a tous des souvenirs de réunions familiales et pour peu que l'on ait des frangins et/ou des frangines, à tous les coups cette ambiance très particulière chargée à la fois d'amour et d’agacement résonnera au plus profond de vous. 

Frangines est un roman universel parce qu'il traite avant tout de la fraternité, de cette complicité et de cet amour qui unissent les membres d'un clan. Humour et émotions ne cessent de s'entrechoquer pour le plus grand bonheur du lecteur qui assiste à ces retrouvailles annuelles et à l'évolution de cette famille. Pour ma part, j'ai été heureuse de retrouver le ton et la fraîcheur de la plume d'Adèle Bréau qui a fait le succès de la trilogie La cour des grandes et que je n'ai pas retrouvé dans son précédent roman L’odeur de la colle en pot. 

Alors n'hésitez plus, plongez dans ce feel-good book qu'est Frangines, venez vous ressourcer à l'ombre des oliviers, bercé par le chant des cigales confortablement installé dans un transat, un verre de rosé à la main. 

Belle lecture !