dimanche 23 janvier 2022

Mon avis sur "Toucher la terre ferme" de Julia Kerninon

J'ai découvert la plume sensible de Julia Kerninon avec Liv Maria, son cinquième roman. Je m'étais promis de poursuivre son exploration avec Ma dévotion, à peine ai-je eu le temps de me retourner que l'auteure a déjà publié un récit Toucher la terre ferme qui a été sélectionné dans la catégorie document d'un prix littéraire dont je suis jurée. Inutile de préciser que je n'ai pas boudé mon plaisir. Justement en parlant de plaisir...

J'étais là, un bébé parfait dans les bras, et mon corps déchiré. Dans mon orgueil comme dans mon innocence, j'ai pensé que tout s'arrêtait, alors qu'au contraire, tout commençait.
Un soir de novembre, en pyjama sur le parking de la clinique, Julia Kerninon hésite à fuir. Son premier enfant vient de naître et, malgré le bonheur apparent, elle perd pied, submergée par les doutes et la peur des contraintes. Sa vie d'avant lui revient comme un appel au large : les amours passionnels, les nuits de liberté et les vagabondages sans fin.

Devenir mère et rester femme, voilà une des plus grandes préoccupations de la plupart des femmes. Parce que l'on ne naît pas mère, on le devient, celles qui ont vécu une telle expérience savent la déflagration que ce changement de statut opère au plus profond de nous. C'est violent, flippant, questionnant.
Entre désir de donner la vie et la peur des responsabilités, de l'inconnu, le cœur de Julia Kerninon balance, tout comme le mien a balancé lorsque je suis devenue maman pour la première fois. Toucher la terre ferme est le récit intimiste de l'auteure. Elle partage son ressenti, ses questionnements lorsqu'elle a plongé dans cet inconnu, lorsque pour la première fois elle est devenue maman.     
Loin d'être synonyme de bonheur absolu, cette expérience est devenue pour elle source de peurs, de craintes. La maternité lui a donné l'envie de fuir. Dès lors, Julia Kerninon raconte sans détour l'impression de perdre pied, la difficulté à trouver sa place, le poids des contraintes.

Toucher la terre ferme s'ouvre sur l'accouchement difficile qui convoque la douleur, mutile le corps, le transforme à jamais et rappelle dare-dare les souvenirs d'une liberté tout juste perdue. L'auteure évoque ses amours passées, sa vie faite d'insouciance, d'excès, de folie et d'erreurs. Cette étape fut pour elle un passage nécessaire pour dire au revoir à quelque chose qui ne reviendra pas et accueillir la suite, ancrée dans la terre.

Parce que l'instinct maternel ne va pas de soi, qu'il ne naît pas avec la naissance d'un enfant, Toucher la terre ferme est un récit qui ose mettre des mots sur des maux. Des mots/maux de femmes qui deviennent mère, qui ont peur de se perdre, de ne plus pouvoir être ce qu'elles sont intrinsèquement. Ce livre est aussi une très belle déclaration d'amour à l'homme qui à deux reprises l'a rendu mère.
Toucher la terre ferme est une belle introspection servie par une très belle plume. C'est un précieux cadeau que Julia Kerninon offre à ses lecteurs et qui aidera, à n'en pas douter, plus d'une femme et d'un homme.

Belle lecture !

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