vendredi 3 juin 2022

Mon avis sur "Celle que je suis" de Claire Norton

Claire Norton est l'auteure de cinq romans. Celle que je suis (Pocket) ayant été sélectionné pour concourir au Grand Prix des Lecteurs Pocket, c'est dans ce cadre-là et en ma qualité de jurée que je l'ai lu.

Discrète, ordinaire, Valentine jongle entre son petit garçon Nathan, qu’elle chérit de tout son cœur, et son travail à temps partiel dans une grande surface culturelle. Pourtant, dès que la porte de leur appartement se referme, elle vit dans la terreur, redoutant la colère et la jalousie de son mari...
L’arrivée d’un couple dans l’appartement d’en face bouleverse sa vision du monde. Comment résister à la bonté de Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu’il n’a jamais eu ? Comment refuser la tendresse de Suzette, cette femme si maternelle ? Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu’au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques... Mais alors, elle ne sera plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée.

Dès les premières lignes la tension est palpable et on devine qu'elle ne pourra aller que crescendo. Celle que je suis est ce genre de livre qui vous alpague les tripes et vous les essore jusqu'à la dernière page. Autant vous dire que cette lecture m'a éprouvée. Et pour cause, ce roman aborde un sujet  douloureux, celui des violences conjugales. Celles que certaines femmes subissent dans l'intimité de leur foyer. Valentine est de ces femmes. Au vu des autres, elle est une jeune maman qui partage son temps entre l'éducation de son gentil petit garçon et sa passion pour les livres. Mais à l'intérieur, elle est une femme rabaissée, humiliée, corrigée à la moindre erreur. Pour ne pas réveiller la bête qui sommeille en son mari, elle essaie d'être une épouse parfaite. Parfaitement soumise. Son petit garçon a bien intégré cette donnée. Lui aussi essaie d'être un petit garçon sage comme une image. Et puis, il suffit d'une mauvaise journée, d'une promotion compromise, d'un hamster un peu trop agité, pour que toute parte à vau l'eau. Valentine ne peut pas à elle seule contenir le monde. Elle ne peut éviter la fureur de celui qui est censé la chérir. Heureusement, l'arrivée d'un couple dans son immeuble va bousculer l'ordre des choses. Ils vont aider Valentine à colorer son monde si noir. Et peut-être que tous ceux qui se sont tus, qui n'ont pas voulu voir, retrouveront peu à peu l'ouïe, la vue ?

Claire Norton aborde un sujet de société qui dérange, qui touche une femme sur dix en France et combien d'enfants ? Elle nous transporte dans leur univers de terreur et de soumission. Tout n'est qu'extrême tension. Grâce à sa plume, à chaque page on craint qu'une pluie de coups ne s'abatte sur nous. On tremble, on encaisse, on espère un avenir meilleur pour Valentine et son fiston, Nathan. On les voudrait éloignés à jamais de leur tortionnaire. 

Bien qu'étant un roman, Celle que je suis sensibilise, s'il en était encore besoin, à la cause des femmes battues. Il permet d'entrevoir la psychologie de ces femmes sous emprise et celle de leurs bourreaux sans oublier les victimes collatérales que sont les enfants. Ce roman est d'une telle force et d'une telle puissance que c'est la peur au ventre et en apnée que je l'ai lu. Même si j'ai un peu moins aimé la partie romancée qui entame la crédibilité de l'histoire, Celle que je suis mérite d'être lu. Il mérite d'être lu ne serait-ce que pour dire à toutes les victimes de ces lâches, ces pleutres, ces malades, que oui, il est possible de briser les chaînes. Soyez fortes Mesdames, brisez-les !

Belle lecture !

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