lundi 21 février 2022

Mon avis sur "Amour, extérieur nuit" de Mina Namous

Mina Namous a passé son enfance et son adolescence en Algérie. Après un doctorat de droit, elle s’installe en tant que juriste et exerce d’abord à Alger avant de revenir vivre en France. De 2010 à 2014, cette ville lui inspire une série de chroniques et d’histoires, publiées sur son blog jeuneviealgéroise. Très suivis dans son pays, remarqués par la presse algérienne et française, repris par de grands journaux algériens, ses articles évoquent la vie quotidienne d’une jeune femme en Algérie. 
Du blog au livre, il n'y avait qu'un pas que Mina Namous a franchi. Amour, extérieur nuit est son premier roman, il est publié aux Éditions Dalva, une toute jeune maison d'édition née en mai 2021 et dont la particularité est de ne publier que des femmes qui, à travers leurs textes, évoquent leur vie, leur relation à la nature ou à notre société. Cette ligne éditoriale assumée a pour finalité de rétablir un équilibre entre les auteurs. En effet, il semblerait que les hommes soient plus publiés et reconnus par les maisons d'édition. Si comme Juliette Ponce, la Directrice éditoriale de Dalva, on croit à l’universalité de la littérature, comment imaginer qu’elle se manifeste quasi exclusivement sous la plume de 48 % de l’humanité ?  Je souhaite un beau succès aux Éditions Dalva et j'adresse mes plus chaleureux remerciements à Juliette Ponce et à Babelio pour l'envoi de Amour, extérieur nuit qui m'a transportée loin de la grisaille parisienne.

Tout commence dans un immeuble de bureaux du centre d’Alger, avec le son d’une voix assurée, le corps élégant d’un homme, sa prestance certaine. Peu importe le sujet de cette réunion, l’essentiel est ailleurs : Sarah découvre Karim. Cet homme un peu plus âgé qu’elle. Cet homme qui vit en France. Cet homme, déjà marié. Et pourtant, au-delà de ce qui rend leur amour impossible, elle deviendra pour Karim la femme d’Alger. Dans les rues de la ville, la nuit ou dans les chambres de leurs rendez-vous secrets s’écrit alors l’histoire interdite de deux amants.

L’histoire d'Amour, extérieur nuit est somme toute assez simple. C’est celle d’un amour adultère entre une jeune femme et un homme un peu plus âgé. Ils se sont rencontrés dans le cadre professionnel. Elle vit à Alger. Lui, il a quitté l'Algérie il y a une dizaine d'année. Sa vie est à Paris. Il ne revient dans son pays d'origine que ponctuellement pour ses affaires. Mais toute l'originalité de cette histoire d'amour, parce que c'est bien de cela qu'il s'agit même si elle est sans issue, c'est qu'elle se déroule à Alger. Alger la blanche avec ses odeurs, ses couleurs, sa chaleur et ses nuits étoilées est omniprésente. Cette ville se dresse entre Sarah et Karim et renvoie leur histoire au second plan. Alger est le personnage principal du roman de Mina Namous.

À travers ses mots cette dernière donne à sa ville d'origine une dimension toute particulière. Alger est présentée comme étant au carrefour de la modernité et du conservatisme, du Moyen-Orient et de l’Occident. Avec son bouillonnement, ses fragrances florales et musquées, Alger donne une certaine saveur à la rencontre de cette jeune femme libre et libérée du poids des traditions et de cet homme somme toute assez conservateur malgré l'exil. Au-delà de l'attrait des corps, c'est l'attachement viscéral que ces deux-là ressentent pour leur terre natale qui les réunit. Lors de leurs rendez-vous nocturnes, les deux amants vont explorer les coins et recoins de la capitale d'Algérie, dénicher les restaurants qui vont faire ressurgir l'Alger d'hier. 

La véritable histoire d'amour n'est donc pas là où on aurait pu l'attendre. Elle n'est pas entre un homme et une femme, entre eux tout est joué d'avance. Elle est ailleurs, bien plus ancrée. C'est une histoire de racines. Et cette histoire d'amour là est éternelle. Vous l'aurez compris, Amour, extérieur nuit est un premier roman plus subtil et plus profond qu'il n'y paraît, une histoire de sang qui coule dans les veines. Une histoire d'origines narrée à l'aide d'une plume solaire, juste et teintée d'un voile de pudeur. 

Belle lecture !

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