dimanche 3 janvier 2021

Mon avis sur "De pierre et d'os" de Bérangère Cournut

C'est dans le cadre de l'opération, #onneconfinepasles68 organisée par les fées des 68premièresfois, qui consistait durant ce second confinement, non seulement à soutenir les libraires indépendants mais également à faire découvrir à son binôme un livre que l'on avait aimé, que j'ai découvert De pierre et d'os de Bérangère Cournut publié chez Le Tripode. Ce roman avait reçu le Prix du Roman Fnac 2019 et je ne l'avais pas lu. Well done !

Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.
Les Inuits sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques.

A l'origine de ce roman, il y a une découverte fortuite en 2011, de minuscules sculptures inuit en os, en ivoire, en pierre tendre, en bois de caribou... Désireuse de savoir quel peuple pouvait produire de telles œuvres à la fois si simples et si puissantes, Bérengère Cournut s'est lancée dans d'innombrables explorations livresques jusqu'à une immersion de dix mois dans le fonds polaire Jean Malaurie et le fonds d'archives Paul-Emile Victor, à la bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle. Avec De pierre et d'os, l'auteure nous ouvre la porte d'un univers foisonnant dans une immensité blanche.

Imaginez-vous en pleine nuit sur la banquise. Elle gronde, puis se fracture. Juste le temps d'attraper la dent et la peau d'ours que votre père vous lance et vous voici séparé des vôtres. Il faut survivre et avancer seul ou presque. Par chance la fidèle chienne d'Uqsuralik l'a suivie. Commence alors l’errance dans un univers très hostile où tout est question de vie et de mort. De pierre et d’os nous embarque quelque part en Arctique. On ne sait pas vraiment où, on ne sait pas vraiment quand. Peu importe, l'essentiel est ailleurs. Il est dans la nature, les animaux, dans tout ce qui est invisible, le souffle de l'air, les esprits et le chant.

De pierre et d'os est bien plus qu'un roman, c'est un conte onirique et poétique, un hymne à un peuple guidé par ses ancêtres et les énergies. À la fois mythique et métaphysique, ce livre nous transporte dans un autre monde, un monde totalement parallèle au nôtre qui invite au voyage intérieur. À travers son existence nomade, Uqsuralik nous transporte dans son univers dont la principale préoccupation est de satisfaire ses besoins premiers. Chasser, pêcher, dépecer, préparer les peaux, trouver un clan, celui avec qui se reproduire. 

De pierre et d'os est aussi un récit initiatique d'une jeune femme en quête de sa féminité, qui nous interpelle sur la quintessence de la vie, notre rapport à la nature, le tout rythmé par des chants de gorge propres aux Inuits et des mythes nous transportant en terres inconnues. Un voyage intérieur puissant.

Belle lecture ! Et j'adresse tous mes remerciements à Fabienne Balcon qui s'est prêtée au jeu et à sa librairie La nuit des temps située 10 quai Émile Zola à Rennes.

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