L'un l'a chanté, une autre l'a écrit. Oui, avec le temps, avec le temps, va, tout s'en va, L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie, l'autre qu'on devinait au détour d'un regard entre les mots, entre les lignes, et sous le fard d'un serment maquillé, qui s'en va faire sa nuit...
Thomas est cet autre. Il était l'ami et un temps l'amant de Catherine Cusset. Il est parti, il n'avait même pas quarante ans. Parce que de tous ses amis c'est celui qu'elle aimait le plus, celui qui la faisait sentir plus vivante grâce à ce quelque chose d’exceptionnel qui l’illuminait, le rire. Mais Thomas n'a pas toujours eu envie de rire. Il n'a pas ri lorsque par deux fois il a raté le concours d'entrée à Normale Sup alors que ses amis réussissaient et qu'ils se dessinaient un bel avenir. Non, Thomas n'a pas ri, il est parti vivre outre-Atlantique. Sa passion pour Proust alliée à sa culture musicale et cinématographique lui ouvriront les portes de l'université de Columbia, à New York. Un avenir prometteur semble enfin se profiler pour Thomas. Il décroche un contrat d'enseignant à l'université, les jolies filles succombent à son charme. Le temps d'un instant, Thomas est heureux. Puis, progressivement le rêve américain se transforme en véritable cauchemar. Thomas s’enfonce dans la solitude qu’il crée comme malgré lui, à coups de sautes d’humeur, d'excès d'alcool, de maladresses, de caprices. Aux perspectives d'un bel avenir succèdent les échecs tant professionnels que personnels. Peu à peu, Thomas sombre jusqu'à perdre définitivement pied, jusqu'à perdre la vie.
L’autre qu’on adorait est une oraison touchante que Catherine Cusset a composée pour son ami disparu. Á travers ses quelques pages, Catherine Cusset rend hommage à ce virtuose des échecs, à ce bipolaire tardivement diagnostiqué. Elle lui offre un tombeau qu'elle tapisse de velours rouge, de bulles de champagne, de notes de musique classique et de jazz et de quelques morceaux choisis de l'œuvre de Marcel Proust. Á titre posthume, elle rend à son brillant ami toute son épaisseur.
L’autre qu’on adorait est écrit à la deuxième personne du singulier pour mieux mettre en exergue la vie intérieure de cet autre. Il est construit pour nous faire comprendre au fil des pages ce qui a amené cet homme à défier les lois de la gravité. L'écriture de Catherine Cusset est fluide, musicale, classique, mais tellement agréable.
L'autre qu'on adorait, paru aux Éditions Folio a été distingué par la Communauté des blogueurs littéraires comme lauréat de l'été en poche 2018. Ce fut l'occasion de rencontrer Catherine Cusset et d'évoquer cet autre qu'elle adorait. Nous blogueur(euse)s, on a tout simplement adoré. L'autre qu'on adorait est à glisser dans votre valise si vous ne l'avez pas encore lu et Avec le temps de Léo Ferré est ma suggestion d'accompagnement.
Avec le temps - Léo Ferré
Belle lecture (et ravie de vous retrouver après ces quelques mois d'absence) !
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