vendredi 2 mars 2018

Mon avis sur "Ce qu'il nous faut, c'est un mort" d'Hervé Commère

Le dimanche 12 juillet 1998, la France gagne la coupe du monde de football, le destin de toute une équipe a basculé. Les Champs Elysées s'embrasent au son du tube "I will survive". Ailleurs, d'autres destins vont chavirer. Aucun doute, Ce qu'il nous faut, c'est un mort.
 
I will survive, mais à quel prix ? Ça, la chanson ne le dit pas. Alors que la France fête sa victoire, 1, et 2, et 3 garçons pleins d'avenir ont renversé une jeune femme. Ailleurs, une étudiante s'est fait violer, un jeune flic a croisé son âme sœur et un bébé est né. Près de vingt ans plus tard, voilà que tous se retrouvent à Vrainville, en Normandie, concernés par la même cause. L'usine  centenaire de fabrication de sous-vêtements que Gaston Lecourt a fondé va fermer ses portes. Le temps est venu du rachat par un fonds d'investissement américain. Cybelle c'est l'emploi de la quasi-totalité des femmes du village depuis trois générations, l'excellence en matière de sous-vêtements féminins, une réussite et surtout, une famille. Le temps béni de Gaston Lecourt, ce fondateur aux idées larges et au cœur vaste est révolu. Cybelle va être délocalisée, ça signifie plus que la fin d'une belle histoire entrepreneuriale, la mise au ban, la galère et l'oubli. Le directeur et héritier de l'usine n'est autre que Vincent, l'un des trois amis d'enfance pleins d'avenir. Un autre est devenu maire de Vrainville, quant à Maxime, le troisième garçon, il est ouvrier mécanicien chez Cybelle et délégué syndical plutôt actif. Des trois, c'est lui qui sera le plus impacté par la vente de l'usine. Alors c'est décidé, puisque tout semble inéluctable et que personne ne parle d'eux, ils n'ont plus le choix : ce qu'il leur faut, c'est un mort.
 
Ne vous fiez pas au titre. Ce qu'il nous faut, c'est un mort  n'est pas un polar comme les autres, il est bien plus que cela.  Hervé Commère signe ici une formidable fresque sociale à la fois noire et lumineuse parce qu'éminemment humaine. Bien que toujours d'actualité, la thématique abordée sous fond de crise économique, n'est pas sans rappeler le combat mené par la classe ouvrière de Fralib ou encore de Lejaby. Mais le plus surprenant reste la construction du roman. En effet, tout commence comme un polar. Délit et crime s'enchaînent puis très rapidement on se retrouve vingt ans plus tard au cœur d'un petit village de Normandie à partager le quotidien de ses habitants. Très vite l'impression de lire un tout autre livre nous gagne, jusqu'à ce qu'une jeune fille qui a à voir avec le passé, ressurgisse. Présent et passé se mêlent, s'entremêlent pour mieux se dénouer.

Ce cinquième roman d'Hervé Commère est intriguant, captivant  et surtout particulièrement réussi. Aucun doute, Ce qu'il nous faut, c'est un mort.

Belle lecture !
 

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