jeudi 3 janvier 2019

Mon avis sur "La femme brouillon" d'Amandine Dhée

La femme brouillon est le cinquième roman d'Amandine Dhée. Elle a remporté avec ce court opus le prix Hors Concours en 2017. L'auteure a écrit ce livre pour frayer son propre chemin parmi les discours dominants sur la maternité, témoigner de ses propres contradictions, de son ambivalence dans le rapport à la norme, la tentation d’y céder. Elle déplore que face à ce moment de grande fragilité et de vulnérabilité, la société continue de vouloir produire des mères parfaites. Or la mère parfaite, dit-elle, fait partie des Grands Projets Inutiles à dénoncer absolument. 

Tout commence avec une histoire de spermatozoïdes, de gamètes et d'ovulation. Nous voici propulsé dans l'univers de la maternité. S'ensuit alors les inévitables questionnements. Comment annoncer cet heureux événement ? L'est-il seulement ? N'est-ce pas pure folie que de donner la vie ? Ne vaudrait-il mieux pas avorter ? Cette étape franchie, voici venu le temps des rendez-vous médicaux et administratifs qui n'en finissent plus. Puis, ce ventre tombe dans le domaine public. Les réunions familiales n'ont plus qu'un unique sujet : la maternité. Mais de quoi donc parlait-on avant ? Et quand l'enfant arrive, comment ne pas céder à la peur ? La peur de ne pas pouvoir assumer. La peur de voir sa vie ressembler à un album de Petit Ours Brun. La peur d'être aspirée par cet enfant, qu'il engloutisse sa mère. 

Vous l'aurez compris, c'est sur un ton totalement décalé, un poil cynique,  qu'Amandine Dhée évoque à la fois la joie de procréer et l'angoisse qui accompagne un tel bouleversement. C'est donc très éloignée des conventions, sans concession qu'elle aborde ce sujet. Elle tranche. Elle éradique la mère parfaite. Et nous, on applaudit. C'est bref, sec, drôlement touchant et tellement vrai. La femme brouillon fait un bien fou à toutes les mamans et celles en devenir. Ce livre déculpabilise. En plus, il n'est pas destiné qu'aux femmes, les hommes et pères peuvent, doivent, le lire ne serait-ce que pour participer à l'éradication de cette mère parfaite qui n'existe pas. Et si en effet, le meilleur moyen de l'éradiquer, c’était de glandouiller ?  

Un grand merci aux Éditions Folio. Grâce à vous je sais que je ne serai jamais parfaite... Alors, vive la glandouille et les mères imparfaites !

Belle lecture !

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