jeudi 14 décembre 2017

Mon avis sur "Une chaise jaune au bout du couloir B" de Philippe Didier

Rares sont ceux qui ont le talent de pouvoir embarquer le lecteur dans un univers très singulier en quelques mots, quelques pages. Les  Éditions Border Line et Philippe Didier sont de ceux-là. Je les ai découverts à l'occasion du Prix Hors Concours en lisant un extrait de trois pages d'Une chaise jaune au bout du couloir B.  De suite j'ai été conquise par la plume de l'auteur, par l'atmosphère de cet hôpital psychiatrique. Un véritable coup de cœur ! Alors d'une lecture de trois pages, je suis passée à celle du roman...

Il est reclus volontaire parmi les fous, confiné dans l’étroit couloir B de l’hôpital psychiatrique d’une ville de province sans nom. On ne sait pas quelle est sa part de folie, ou même si cette part de folie n’est pas également la nôtre… Il ne parle pas -ainsi l’a-t-il décidé- si ce n’est à lui-même. Son monologue, vibrant, nous livre, par petites touches imprécises, les raisons qui lui firent choisir l’asile plutôt que la vie, la vraie, celle qui grouille et vrombit au-delà du mur d’enceinte… Jusqu’au jour où, poussé par le souvenir toujours ardent de Sophie, il brise enfin ses chaînes, et retourne à la vie aussi soudainement qu’il s’en était extrait. Et c’est en homme libre et déterminé qu’il marche vers elle, pour tout recommencer, autrement…
 
Une chaise jaune au bout du couloir B n'est paraît-il que le second roman de Philippe Didier. Une sacrée performance ! Il explore la folie, cette douleur d’être avec une sensibilité et une profondeur comme on en rencontre rarement en littérature. Chaque pensée nous embarque un peu plus aux tréfonds de l'âme d'un homme torturé qui a choisi de s'enfermer dans son mutisme assourdissant. Il ne parle pas, mais il pense. Les jours, les années passent et il attend dans son couloir. Il attend de comprendre et comprend enfin, qu'il n'y a rien à attendre.  Rien à attendre, jusqu'au jour où il entend un prénom. Sophie agit tel un sésame. Sophie et soudain une porte de la mémoire de cet homme s'ouvre et qui sait, un avenir différent peut-être se dessine.
 
Une chaise jaune au bout du couloir B est un roman à la fois sombre et lumineux, tellement humain, tellement sensible qu'il est impossible de ne pas se laisser bercer par la voix intérieure de cet homme emporté par la folie. Quant à la plume de Philippe Didier, elle magnifie ce couloir B, cet univers fait de camisoles, d'isolement et de molécules destinées à endormir le fou qui sommeille en chacun de nous ce, jusqu'à la dernière page où tout définitivement bascule....
 
Une Chaise jaune au bout du couloir B est publié aux Éditions Border Line, cette maison d'édition qui depuis 2012 partage les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire, qui se démarque des autres parce qu'elle est sur le fil du rasoir. Elle prône la tolérance, le respect des différences, le développement par l’enrichissement dû à nos différences, la prise de risques pour se dépasser, l’humain à tous les étages pour évoluer ensemble. Par la culture, donc par la conscience de soi et de l’autre, elle n'a qu'une volonté, partager des connaissances et des émotions. Il suffit de regarder la première de couv superbement illustrée par Yann Lovato pour se rendre compte qu'au-delà du discours, il y a l'action. Aucun doute, chez Border Line, tous les arts se croisent.
 
Une Chaise jaune au bout du couloir B de Philippe Didier, c'est exactement tout cela et bien plus encore. Un conseil, lisez-le et soutenez cette maison d'édition tellement Borderline !
 
Belle lecture !
 

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