dimanche 9 juillet 2017

Mon avis sur "Le jour d'avant" de Sorj Chalandon

Sorj Chalandon est un auteur discret, mais ô combien talentueux ! Depuis son sublime Quatrième mur, il n'est plus à présenter. Chacun de ses livres est un voyage au cœur de l'humanité qui provoque un réel chamboulement intérieur. Et bonne nouvelle, il faudra compter avec lui pour la prochaine rentrée littéraire. Le jour d'avant sera disponible chez votre libraire préféré dès le 16 Août prochain. Save the date !
 
Enfant, Michel a rêvé de rejoindre son frère Joseph à la mine. Mais la catastrophe du 27 décembre 1974 a mis fin à ses rêves. Ce jour-là, 42 mineurs étaient tués par le grisou à la fosse Saint-Amé. Grièvement blessé  dans l’accident, Joseph Flavent devait mourir quelques semaines plus tard. «Venge-nous de la mine», lui avait écrit son père. Ses derniers mots. Michel a promis, poings levés au ciel. Il allait venger son frère, mort en ouvrier, venger son père, parti en paysan, venger sa mère, esseulée à jamais. Il allait punir les Houillères et tous ces salauds qui n'avaient jamais payé pour leurs crimes. C'est cette vengeance que Michel nous raconte.

Le Jour d'avant est tiré de la plus grande tragédie d'après-guerre qu'ait connu le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais. Le 27 décembre 1974 à 6 h 30, un violent souffle dévasta à 710 m de profondeur une part de la fosse 3, dite Saint-Amé de Lens-Liévin, à Liévin. Quarante-deux gueules noires y laissèrent leur vie. A cet instant, cent seize enfants devinrent orphelins, des femmes veuves, des parents, des frères, des sœurs meurtris. L'émotion fut considérable. Ce drame ne fut pas dû à la fatalité, mais à la négligence de la société exploitante, les Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais. Des années de procès furent nécessaires pour que leur responsabilité soit reconnue, ce fut une grande première dans l'histoire de la mine.

C'est donc sur fond de fait divers, que Sorj Chalandon nous revient. C'est à ces gueules noires, aux galibots et autres porions, à tous ces hommes qui descendent dans les entrailles de terre, qu'il  rend hommage.  Il évoque avec beaucoup d'humanité le Nord de la France de cette époque, le dur labeur de ces mineurs,  leurs difficiles conditions de travail,  leur solidarité et le nécessaire syndicalisme pour défendre leurs droits. Nous découvrons les gestes et rituels de ces ouvriers aujourd'hui disparus.

Le Jour d'avant est un peu le Germinal des temps modernes. Il l'est jusqu'au moment où tout bouscule, jusqu'au moment où Sorj Chalandon va nous surprendre pour nous embarquer sur un tout autre terrain, celui de la psychologie, de la folie. Dès lors, on retrouve l'ambiance et le thème de son précédent roman, Profession du père. Un magnifique retournement de situation qui survient lors de l'enquête et du procès qui sont magistralement reconstitués.

A n'en pas douter, la rentrée littéraire de septembre prochain devra compter avec Sorj Chalandon et son très bon roman, Le jour d'avant. Je remercie très chaleureusement les  Éditions Grasset  ainsi que NetGalley, qui m'ont permis de découvrir en avant-première ce vibrant hommage aux gueules noires.

Belle lecture !
 

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