dimanche 18 septembre 2016

Mon avis sur "Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson

Qui n'a jamais rêvé de changer le monde ? 
On l'a tous refait, maintes fois. Un soir d'hiver au coin du feu avec des potes, un verre à la main ; un jour de colère ; un lendemain d'élection. Sylvain Tesson aventurier et écrivain, n'a pas échappé pas à la règle. Mais lui, il a très vite compris qu'il n'allait pas pouvoir faire grand-chose pour le changer, le monde. Il s'était juré de se retirer au fond des bois avant ses quarante ans et d'y expérimenter une existence resserrée autour de quelques besoins vitaux. Il voulait faire sa révolution. Il a acquis une isba (maison russe traditionnelle construite en bois) loin de tout, sur les bords du lac Baïkal, en Russie orientale. Là, durant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, il a tâché d'être heureux. Il croit y être parvenu.
Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence ?

Deux chiens, un poêle à bois, des livres, une fenêtre ouverte sur un lac suffisent à la vie. Sylvain Tesson l'a expérimenté. Il a vécu en ermite au bord du lac Baïkal gelé, là où la rumeur du monde n'atteint pas ses rivages, avec six mois de vivres, de quoi pêcher, de la vodka et des livres. Une cabane en bois pour tout abri, pas de route, pas de voisins, Sylvain Tesson voulait savoir s'il avait une vie intérieure. Loin des regards des autres et pour ne pas devenir fou, l'ermite s'est imposé un rite immuable.  Écriture de son journal et lecture le matin, tâches nécessaires à la survie (coupe du bois, pêche...) l'après-midi. Dans son cabinet de méditation délocalisé dans les Taïga, Sylvain Tesson s'adonne à la lecture, à la contemplation, à la réflexion. Le temps s'écoule lentement, loin du tumulte des civilisations urbanisées, il va l'apprivoiser grâce au génie du lieu. Libéré de toutes contraintes, Sylvain Tesson regarde les jours passer, face au lac et à la forêt. Les livres sont ses meilleurs compagnons, ils se tiennent là silencieux, prêts à tout donner. À l'instar du Robinson de Michel Tournier, Sylvain Tesson va tenter dans un premier temps de reproduire le monde qu'il a quitté, puis va peu à peu se métamorphoser, perdre sa mue pour finalement avoir une conversation tantôt poétique, tantôt philosophique avec la nature. Il va faire entrer en lui l'unité du monde. Il a connu l'hiver, le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement, la paix. Et puis, il a fallu rentrer...

Cette paix,  Sylvain Tesson l'a consignée dans son journal de bord qu'il a nommé Dans les forêts de Sibérie. Jour après jour, il a retranscrit ses pensées, ses réflexions, ses états d'âme. Ce journal d'ermitage est un hymne à la solitude, une invitation à une autre façon d'être dans le temps. Bien écrit, ce récit qui s'apparente davantage à un essai, a été récompensé par le Prix Médicis Essai en 2011. Il se visualise autant qu'il se lit. Il a été adapté à l'écran par Safy Nebbou. Sorti le 15 juin dernier, Dans les forêts de Sibérie sera disponible en DVD dès le 19 octobre prochain.


Comme le dit Sylvain Tesson, tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu.

Belle lecture, beau voyage intérieur et un grand merci à Lecteurs.com pour leur confiance renouvelée !

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