La vie est remplie de premières fois. Riquet à la houppe est l'une d'elles. Et oui, c'est la première fois que je lis du Amélie Nothomb. Pourtant j'ai déjà essayé. Je me souviens par exemple, que Métaphysique des tubes m'était littéralement tombé des mains. N'en parlons plus ! D'autant que si certaines premières fois s'annoncent délicieuses, je sais maintenant que l'on peut s'en délecter. Riquet à la houppe m'a procuré cette émotion. Revisiter le conte de Perrault, pour redonner aux lecteurs un peu de leur enfance perdue, en voilà une belle idée !
Enceinte à quarante-huit ans pour la première fois, Énide attendait l'accouchement comme d'autres la roulette russe. Ce qu'Énide ne savait pas encore c'est que ce bébé serait particulièrement laid, vraiment laid et qu'il le resterait toute sa vie durant. Peu importe, Énide et Honorat se résignèrent à aimer leur rejeton. Conscient de sa répugnance, Déodat la compensera par son intelligence hors norme. Non loin de là, Lierre et Rose donnèrent naissance à une petite Trémière d'une beauté exceptionnelle mais dotée de peu d'esprit. Trop accaparée par son activité professionnelle, Rose
confiera sa fille à sa propre mère. Trémière sera élevée par Passerose.
L'un est laid mais aimé de ses parents, l'autre est belle mais délaissée de ses géniteurs, deux destins qui divergent et pourtant qui vont converger. Tous deux doivent affronter le regard des autres. L'un parce que particulièrement hideux, l'autre parce que gâtée par dame nature. L'un et l'autre seront harcelés et marginalisés quand retentira la cloche de l'école. L'un s'en sortira grâce à son extrême intelligence, l'autre parce qu'elle ne captera pas tous les propos et sous-entendus des autres. Bien que tout semble les opposer, Déodat et Trémière finiront par se rencontrer pour ne plus se quitter...
Riquet à la houppe a beau être un conte du XVIIème siècle, il est vraiment d'actualité. Il faut dire qu'Amélie Nothomb l'a modernisé. Avec finesse,
subtilité et beaucoup d'humour elle égratigne notre société actuelle. Explorant les contrastes, Amélie Nothomb dénonce, à travers ce conte, le diktat de notre société, l'apparence. Mais attention pas n'importe laquelle, celle qui reste acceptable. Elle démontre qu'être différent de par sa laideur ou sa beauté est finalement un handicap qui produit les mêmes effets. Il met, celui qui en est porteur, au ban de notre société. Amélie Nothomb combat également les préjugés. Elle a fait de Trémière une jolie illustration du célèbre "Sois belle et tais toi". Une fille ne pourrait donc pas être à la fois belle et intelligente ? Mais heureusement l'auteure respecte les codes du conte...
Et parce qu'une telle première fois, en appelle forcément d'autres, je crois que je n'ai pas fini de me délecter...
Belle lecture !