samedi 25 juin 2016

Mon avis sur "Dans la chaleur de l'été" de Vanessa Lafaye

Voilà l'été. On aperçoit le soleil, les nuages filent et le ciel s'assombrit. Si généralement l'été rime avec festivité et légèreté, il peut aussi s'avérer tourmenté. Pour son premier roman, Vanessa Lafaye nous embarque Dans la chaleur de l'été en Floride, en plein cœur de l'archipel des Keys.

Nous sommes en 1935, le 4 juillet. Sur la plage d'Heron Key, Noirs et Blancs dûment séparés, participent aux célébrations de l'Independence day. Les festivités battent leur plein jusqu'au moment où elles vont prendre une tournure tragique. La femme d'un notable blanc vient d'être sauvagement agressée. Un nom est sur toutes les lèvres, celui d'Henry. Henry est un vétéran noir parqué avec ses compères dans un camp insalubre depuis leur retour d'Europe. Il avait quitté la ville en 1917. Il a participé à la Première guerre mondiale, vécu l'horreur des tranchées françaises, puis a erré en Europe avant de rentrer à Heron Key où il retrouvera sa famille et celle qui n'a jamais cessé de penser à lui, Missy Douglas. Son retour est mouvementé. Coupable idéal, il sera accusé de l'agression de Mme Kincaid. Mais l'agitation à laquelle il devra faire face n'est rien comparé à l'ouragan qui se prépare...

Dans la chaleur de l'été est loin d'être un roman léger où les personnages papillonnent, butinent ça et là. De ségrégation et de spoliation il est question. Si la ségrégation raciale a largement été dénoncée  notamment à travers la littérature américaine, ce qui l'a moins été, ce sont les conditions dans lesquelles les vétérans de la Première guerre mondiale ont été attirés dans les Keys.  Spoliés du bonus promis par le gouvernement américain, ces hommes fortement empreints de ce qu'ils ont vécu durant la guerre, se sont vus proposer un travail. Ils ont été conduits dans l'archipel, parqués dans des baraquements insalubres et dédiés à la construction de route et d'une voie de chemin de fer. Comment pouvaient-ils s'insérer dans une petite ville isolée où les autochtones, surnommés les "Conchs", n'acceptaient déjà pas les Noirs ? Noirs et vétérans effrayaient les "Conchs". Alors quand l'ouragan le plus puissant d'Amérique s'est abattu sur les Keys, les autorités les ont laissés mourir par apathie et incompétence. 

Ayant grandi en Floride, Vanessa Lafaye n'avait pas connaissance de ces évènements. Et pour cause, ils ont juste fait l'objet d'une note en bas de page des livres d'Histoire. S'inspirant de faits réels, ce sont les conditions dans lesquelles les vétérans ont été accueillis par leur patrie et celles dans lesquelles ils ont péri, que l'auteure a voulu dénoncer.

Dans la chaleur de l'été débute lentement, puis au fil des évènements, le rythme s'accélère pour finalement être happé par les forces de la nature et le comportement de certains autochtones. Ce premier roman à l'écriture fluide, traite du racisme, de la difficulté de l'intégration, de celle de la cohabitation, de l'insolidarité, de l'inhumanité de certains et de l'humanité des autres. Dans la chaleur de l'été est à découvrir, pour son côté historique et ses pages descriptives de l'ouragan que l'on vit de l'intérieur. Un récit qui décoiffe, qui déshabille même !

Je remercie chaleureusement les Éditions Belfond et Babelio pour cette découverte et ce joli moment d'évasion.

Belle lecture !

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