dimanche 31 décembre 2017

Mon avis sur "Les Flamboyantes" de Robin Wasserman

Les flamboyantes est le dernier roman de Robin Wasserman. Il paraîtra le 17 janvier prochain. Bien que ne connaissant absolument pas cette auteure, c'est en premier lieu l'illustration de la couverture qui était à la une de la plateforme  NetGalley, qui a attiré mon attention. Le résumé a fini par me convaincre. Alors lorsque NetGalley m'a transmis en avant-première ce roman, c'est curieuse et intriguée que je me suis lancée dans cette lecture.
 
Battle Creek, 1991. Hannah Dexter est une jeune fille sage et solitaire, cible des sarcasmes de ses camarades de classe. Jusqu’au jour où le meneur de l’équipe de basket est retrouvé au fond des bois avec une balle dans le crâne et un revolver à la main. Cette tragédie, qui ébranle toute la ville, rapproche Hannah de Lacey, la nouvelle du lycée. Bientôt, Lacey et Hannah se jettent corps et âme dans les méandres d’une amitié exclusive, violente et toxique. Se croyant invulnérables, ces jeunes filles incandescentes, éprises de rébellion, s’enchantent du chaos qu’elles sèment derrière elles. Mais Lacey traîne un lourd secret qui menace de bouleverser leur amitié…

Les flamboyantes est un roman trash qui aborde l'adolescence et plus particulièrement l'amitié entre deux jeunes filles. C'est sur fond de Nirvana  et en référence au suicide de Kurt Cobain que l'auteure évoque le mal-être de ses héroïnes, leur besoin irrépressible de se mettre en danger et de réaliser toutes sortes d'expériences. Bien que l'état d'esprit de ces ados, leur émotions et leur mal de vivre soient parfaitement retranscrits, je dois bien avouer que je n'ai pas été emportée par cette lecture.

En effet, le fait qu'Hannah manque cruellement de personnalité, qu'elle voue une admiration sans discernement à son amie Lacey, que les situations se succèdent, qu'elles défilent sous nos yeux sans qu'il soit possible de savoir où l'auteure a voulu nous emmener, m'ont interrogé. Y avait-il seulement un message à saisir ? Si tel était le cas, il m'a complètement échappé. De surcroît, Les flamboyantes n'est pas sans rappeler Respire le film de Mélanie Laurent, qui n'est autre que l'adaptation du roman d'Anne-Sophie Brasme. Cette impression de déjà vu combinée à l'absence de message, a rendu ma dernière lecture de l'année 2017 plutôt poussive. Heureusement 2018 s'annonce sous de meilleurs  auspices.
 
Quoi qu'il en soit, je remercie NetGalley et vous souhaite de belles lectures à venir !
 

jeudi 28 décembre 2017

Mon avis sur "La promesse de l'aube" de Romain Gary

Il y a des adaptations cinématographiques qui donnent envie de lire ou relire les classiques. Tel est le cas du film d'Eric Barbier, La promesse de l'aube, l'adaptation du célèbre roman de Romain Gary avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg. Impossible de voir le film sans m'être replongée dans ce roman incontournable de la littérature.

Difficile de parler d'un tel monument. Que dire, si ce n'est que tout a  déjà été dit ? Ma chronique ne me permettra certainement pas de décrocher le prix Goncourt (encore que, avec un peu d'ambition...), mais elle a le mérite de rendre hommage à un Auteur ô combien talentueux.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, et bien que le récit soit ponctué d'anecdotes,  La promesse de l'aube n'est pas un roman autobiographique, c'est avant tout l'hommage d'un fils à sa mère. Et oui, La promesse de l'aube est un roman qui traite de l'amour inconditionnel qu'une mère voue à son fils unique. Une mère qui nourrit une ambition sans borne pour sa progéniture, qui lui promet un destin tellement exceptionnel, qu'elle est prête à tous les sacrifices pour qu'il se concrétise.  Si l'ambition que la mère de Romain Gary vouait à son fils a fait de lui un grand homme et l'auteur reconnu qu'il est devenu, son amour incommensurable le condamnera "à manger froid jusqu'à la fin de ses jours" puisque Romain Gary réalisera qu'aucune autre femme ne pourra égaler cet amour.

La promesse de l'aube est un roman à (re)découvrir ne serait-ce que pour la plume de son auteur, pour sa sensibilité, pour la déclaration d'amour d'une mère à son fils et inversement d'un fils à sa mère, pour l'amour tout simplement, pour l'ambition insensée qui pousse un homme à donner le meilleur de lui-même pour atteindre l'inatteignable. En deux mots, lisez-le !

La promesse de l'aube est un livre touchant, une œuvre magistrale. En dirais-je autant du film d'Eric Barbier ?


Belle lecture suivie d'une bonne toile !
 

jeudi 14 décembre 2017

Mon avis sur "Une chaise jaune au bout du couloir B" de Philippe Didier

Rares sont ceux qui ont le talent de pouvoir embarquer le lecteur dans un univers très singulier en quelques mots, quelques pages. Les  Éditions Border Line et Philippe Didier sont de ceux-là. Je les ai découverts à l'occasion du Prix Hors Concours en lisant un extrait de trois pages d'Une chaise jaune au bout du couloir B.  De suite j'ai été conquise par la plume de l'auteur, par l'atmosphère de cet hôpital psychiatrique. Un véritable coup de cœur ! Alors d'une lecture de trois pages, je suis passée à celle du roman...

Il est reclus volontaire parmi les fous, confiné dans l’étroit couloir B de l’hôpital psychiatrique d’une ville de province sans nom. On ne sait pas quelle est sa part de folie, ou même si cette part de folie n’est pas également la nôtre… Il ne parle pas -ainsi l’a-t-il décidé- si ce n’est à lui-même. Son monologue, vibrant, nous livre, par petites touches imprécises, les raisons qui lui firent choisir l’asile plutôt que la vie, la vraie, celle qui grouille et vrombit au-delà du mur d’enceinte… Jusqu’au jour où, poussé par le souvenir toujours ardent de Sophie, il brise enfin ses chaînes, et retourne à la vie aussi soudainement qu’il s’en était extrait. Et c’est en homme libre et déterminé qu’il marche vers elle, pour tout recommencer, autrement…
 
Une chaise jaune au bout du couloir B n'est paraît-il que le second roman de Philippe Didier. Une sacrée performance ! Il explore la folie, cette douleur d’être avec une sensibilité et une profondeur comme on en rencontre rarement en littérature. Chaque pensée nous embarque un peu plus aux tréfonds de l'âme d'un homme torturé qui a choisi de s'enfermer dans son mutisme assourdissant. Il ne parle pas, mais il pense. Les jours, les années passent et il attend dans son couloir. Il attend de comprendre et comprend enfin, qu'il n'y a rien à attendre.  Rien à attendre, jusqu'au jour où il entend un prénom. Sophie agit tel un sésame. Sophie et soudain une porte de la mémoire de cet homme s'ouvre et qui sait, un avenir différent peut-être se dessine.
 
Une chaise jaune au bout du couloir B est un roman à la fois sombre et lumineux, tellement humain, tellement sensible qu'il est impossible de ne pas se laisser bercer par la voix intérieure de cet homme emporté par la folie. Quant à la plume de Philippe Didier, elle magnifie ce couloir B, cet univers fait de camisoles, d'isolement et de molécules destinées à endormir le fou qui sommeille en chacun de nous ce, jusqu'à la dernière page où tout définitivement bascule....
 
Une Chaise jaune au bout du couloir B est publié aux Éditions Border Line, cette maison d'édition qui depuis 2012 partage les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire, qui se démarque des autres parce qu'elle est sur le fil du rasoir. Elle prône la tolérance, le respect des différences, le développement par l’enrichissement dû à nos différences, la prise de risques pour se dépasser, l’humain à tous les étages pour évoluer ensemble. Par la culture, donc par la conscience de soi et de l’autre, elle n'a qu'une volonté, partager des connaissances et des émotions. Il suffit de regarder la première de couv superbement illustrée par Yann Lovato pour se rendre compte qu'au-delà du discours, il y a l'action. Aucun doute, chez Border Line, tous les arts se croisent.
 
Une Chaise jaune au bout du couloir B de Philippe Didier, c'est exactement tout cela et bien plus encore. Un conseil, lisez-le et soutenez cette maison d'édition tellement Borderline !
 
Belle lecture !
 

dimanche 3 décembre 2017

Mon avis sur "Le jour des morts" de Nicolas Lebel

C'était un de mes objectifs, découvrir l'univers de Nicolas Lebel. Et comme novembre rime avec Toussaint, rien de mieux que de lire Le jour des morts. Un polar de saison, mais pas que...
 
Paris à la Toussaint. Le capitaine Mehrlicht, les lieutenants Dossantos et Latour sont appelés à l'hôpital Saint-Antoine : un patient vient d'y être empoisonné. Le lendemain, c'est une famille entière qui est retrouvée sans vie dans un appartement des Champs-Élysées. Puis un couple de retraités à Courbevoie... Tandis que les cadavres bleutés s'empilent, la France prend peur : celle qu'on surnomme bientôt l'Empoisonneuse est à l'œuvre et semble au hasard décimer des familles aux quatre coins de France depuis plus de quarante ans. Les médias s'enflamment alors que la police tarde à arrêter la coupable et à fournir des réponses : qui est cette jeune femme d'une trentaine d'années que de nombreux témoins ont croisée ?
 
Dès les premières pages, nous voici embarqués aux côtés du capitaine Mehrlicht et son équipe aussi réduite que soudée. D’emblée, ce sont les personnages qui attirent. Ils ont tous de l'épaisseur, sont tous parfaitement travaillés, racés.  Mehrlicht est une espèce d'ours mal léché au grand cœur et à la répartie aux petits oignons. C'est un régal de lire les bons mots de cet épicurien. Quant au lieutenant Dossantos, c'est un flic érudit, passionné, capable pour chaque infraction de citer précisément l'article du Code pénal qui la sanctionne. Sophie  Latour est la touche féminine de l'équipe. Amoureuse d'un sans-papier, elle n'a qu'une obsession, le faire naturaliser. Et pour compléter ce fabuleux trio, voici que débarque un stagiaire, Lagnac. Un beau gosse insupportable, fils de... Une vraie caricature de sale type, qui sans le piston de son père ne serait bon qu'à faire le café. Et encore...

Côté intrigue, nous ne sommes pas en reste. Elle est parfaitement construite, rythmée. Tout commence à l'hôpital Saint-Antoine à Paris pour nous embarquer dans le limousin nous renvoyant à une époque sombre de notre histoire. Aucun temps mort, l'intrigue court sur plusieurs générations. En parallèle de l'enquête on croise un collectionneur amoureux de beaux livres anciens et son bouquiniste passionné, des hommes et femmes de pouvoir qui viennent alimenter l'intrigue sans oublier la référence au plaidoyer contre la peine de mort de Victor Hugo.

Le jour des morts est un polar de très bonne facture. Nicolas Lebel, linguiste et enseignant, nous propose une écriture riche, des personnages hauts en couleurs qui ont de l'épaisseur, une intrigue parfaitement ficelée. Tout est réuni  pour oublier la grisaille automnale et passer un très bon moment.
 
Belle lecture !