jeudi 16 mars 2017

Mon avis sur "Les filles des autres" d'Amy Gentry

Avec son horrible couverture jaune fluo, son titre rayé, impossible de ne pas le voir passer. De plus, il promettait de nous faire redécouvrir le sens de l'expression "roman à suspense", d'autres le qualifiait d'extraordinaire. On a beau être rompu au marketing, se méfier de l'usage de qualificatifs, à un moment, la curiosité l'emporte et vous cédez à la première occasion. C'est exactement dans ces circonstances que Les filles des autres, le premier roman à suspense d'Amy Gentry, a atterri entre mes mains. 

À 13 ans, Julie Whitaker a été kidnappée dans sa chambre au beau milieu de la nuit, sous les yeux de sa petite sœur, Jane. Dévastée, la famille a réussi à rester soudée, oscillant entre espoir, colère et détresse. Or, un soir, huit ans plus tard, voilà qu'une jeune femme pâle et amaigrie se présente à la porte : c'est Julie. Passé la surprise et l'émotion, tout le monde voudrait se réjouir et rattraper enfin le temps perdu. Mais Anna, la mère, est très vite assaillie de doutes. Aussi, lorsqu'un ex-inspecteur la contacte, elle se lance dans une tortueuse recherche de la vérité, n'osant s'avouer combien elle aimerait que cette jeune fille soit réellement la sienne...

Les filles des autres débute de manière très classique pour ce genre. Ce qui l'est moins ce sont les circonstances dans lesquelles la victime rentre chez elle. Après un rapide passage à l'hôpital, la vie de famille semble reprendre son cours, bon an mal an. L'histoire pourrait s'arrêter sur cet happy end, mais n'aurait strictement aucun intérêt. En revanche, faire douter la mère, voilà qui était ingénieux. Et si Julie n'était pas sa fille ? Pensant que l'identité de cette dernière a été usurpée, Anna va mener l'enquête et tenter de percer le secret de celle qui prétend être Julie.
 
Les filles des autres alterne présent et flashbacks. C'est alors que différents personnages, principalement des jeunes filles, Gretchen, Esther, Charlotte entrent en scène. Autant de pièces d'un puzzle qui vont certes alimenter le doute, mais surtout embrouiller le lecteur. C'est tellement vrai que j'ai cru qu'il me manquait des pages... Il m'aura fallu attendre la fin du roman pour comprendre et qu'enfin, tout s'éclaire. Si la construction de l'intrigue peut sembler intéressante, elle entraîne surtout beaucoup de confusion, ce qui de mon point de vue, va diviser les lecteurs. 
 
Par ailleurs, et malgré ce qu'annonce la quatrième de couverture, des invraisemblances m'ont vraiment gênées. Comment une jeune fille qui s'est fait kidnapper peut rentrer chez elle, sans subir une batterie d'interrogatoires ? Pourquoi, il n'y a pas un seul flic qui cherche à savoir ce que Julie a fait durant ces huit années ? Ce n'est que parce qu'un détective privé sème le doute dans l'esprit de la mère, que celle-ci se résout à mener  une enquête. C'est totalement incohérent et irréaliste, tout comme l'est la situation de la famille. Quelle famille pourrait vivre quasi normalement dans la maison où un de ses enfants a été enlevé ? Ou encore, qui serait à peine surpris que huit ans après sa disparition, cet enfant vienne sonner à la porte comme s'il était parti le matin même et avait oublié ses clés ? Je dois bien avouer que ces incohérences m'ont vraiment questionnées.
 
Ces réserves mises à part et parce que la fin est plutôt bien menée et est éclairante, je reconnais que pour un premier roman, Amy Gentry s'en tire plutôt bien. Quant à affirmer que Les filles des autres est extraordinaire et qu'il m'a fait redécouvrir le sens de l'expression "roman à suspense", ce serait mentir !

Belle lecture !

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