dimanche 15 janvier 2017

Mon avis sur "En attendant Bojangles" d'Olivier Bourdeaut

En attendant Bojangles, premier roman d'un illustre inconnu, Olivier Bourdeaut, est paru aux Éditions Finitude. Il a déjà été consacré par six prix littéraires : le Prix du Roman des étudiants France Culture-Télérama, le Grand Prix RTL-Lire, le Prix France Télévision, le Prix Emmanuel-Roblès, le Prix de l’Académie de Bretagne et le Prix Hugues Rebell. En attendant Bojangles est un roman incomparable aux autres. C'est une loufoquerie, une fable, un conte fantasque qui dès les premières lignes extrait le lecteur de son quotidien. Ce livre nous embarque vers un ailleurs ou tout est prétexte à la fête et à la légèreté.

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur Mr. Bojangles de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom. 

En attendant Bojangles souffle un vent de liberté et de folie. Olivier Bourdeaut nous raconte à deux voix, celle du père et du fils, l'histoire d'une famille bien singulière embarquée dans la folie d'une femme. Les parents s'aiment d'un amour fou et dansent jour et nuit dans leur immense appartement en sirotant des cocktails colorés. Ils en oublient tout le reste. Ils n'ouvrent pas le courrier pour mieux ignorer la banalité des contraintes sociales et le temps qui passe. En attendant Bojangles est un savoureux cocktail de mensonges à l'endroit et à l'envers qui se joue sur la musique des sentiments pour que la fête continue malgré la maladie.
D’elle mon père disait qu’elle tutoyait les étoiles, ce qui me semblait étrange car elle vouvoyait tout le monde, y compris moi. (p.12)  
A l'école, rien ne s'était passé comme prévu, alors vraiment rien du tout, surtout pour moi. Lorsque je racontais ce qui se passait à la maison, la maîtresse ne me croyait pas et les autres élèves non plus, alors je mentais à l'envers. Il valait mieux faire comme ça pour l'intérêt général et surtout pour le mien... Je mentais à l'endroit chez moi et à l'envers à l'école, c'était compliqué pour moi, mais simple pour les autres. (p.37)
C'est entre comédie et tragédie que l'auteur nous dessine les contours de la folie. L'écriture d'Olivier Bourdeaut semble simple, mais en réalité, elle est parfaitement maîtrisée. Olivier Bourdeaut joue des mots comme personne, d'ailleurs ne dit-on pas que seul celui qui maîtrise peut jouer ?  Et dire qu'il a longtemps hésité à se lancer dans l'écriture, se sentant tout petit face à sa bibliothèque... 

Vous l'aurez compris, En attendant Bojangles est un petit bijou de lecture, il a un je ne sais quoi de L'écume des jours de Boris Vian. En attendant Bojangles se lit, plus qu'il ne se décrit, alors lisez-le !

Allez, let's dance !

 

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