dimanche 6 mars 2016

Mon avis sur "Serre-moi fort" de Claire Favan

Lorsque la parution d'un nouveau roman d'un auteur que vous appréciez est annoncée et que de surcroît, à peine paru, les critiques sont déjà dithyrambiques, vous ne pouvez que céder à la tentation. Le problème c'est que vous y mettez tellement d'espérance que vous risquez d'être déçu(e).
Bien que j'apprécie les polars de Claire Favan, je dois bien avouer que Serre-moi fort, n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Il a été annoncé comme étant son roman le plus abouti. J'y ai surtout vu dans la première partie, une redite de Miettes de sang, son avant-dernier roman. Heureusement, cette impression s'est par la suite, dissipée.

Serre-moi fort sonne comme un appel au secours désespéré.
Du jeune Nick, d'abord. Marqué par la disparition inexpliquée de sa sœur, il est contraint de vivre dans un foyer brisé par l'incertitude et l'absence. Obsédés par leur quête de vérité, ses parents sont sur les traces de l'Origamiste, un tueur en série qui sévit depuis des années en toute impunité.
Du lieutenant Adam Gibson, ensuite. Chargé de diriger l'enquête sur la découverte d'un effroyable charnier dans l'Alabama, il doit rendre leur identité à chacune des femmes assassinées pour espérer remonter la piste du tueur. Mais Adam prend le risque de trop, celui qui va inverser le sens de la traque. Commence alors, entre le policier et le meurtrier, un affrontement psychologique d'une rare violence...

Pour ne pas spoiler l'intrigue je m'en tiendrai au pitch officiel et m'attacherai plus à décortiquer "la recette Claire Favan" parce qu'il y a réel un savoir-faire de l'auteure. Outre tous les ingrédients que l'on trouve habituellement dans les polars (un serial killer, des cadavres, un flic qui n'a rien d'un super héros, un médecin légiste...) Claire Favan y rajoute une sacrée dose de psychologie. Je ne fais pas référence à la psychologie de comptoir, non je vous parle d'emprise psychologique, celle qui est violente, qui laisse des traces, celle qui manipule, qui dégouline, qui torture,  qui met le lecteur mal à l'aise. Je dois bien reconnaître que Claire Favan a un réel talent en la matière. Elle est machiavélique. La construction  de Serre-moi fort est scénarisée en conséquence. Trois parties qui ont chacune une fin mais qui sont diaboliquement liées. Elles s'emboîtent tel un puzzle. D'abord  frustré, le lecteur est déstabilisé pour mieux être surpris. 

Serre-moi fort débute avec Un peu. Nous sommes en août 1994, une jeune fille disparaît, la famille explose. Nick qui a toujours vécu dans l'ombre de sa sœur si parfaite, est la victime collatérale  de ce drame. (C'est cette première partie qui m'a étrangement rappelé Miettes de sang).
Serre-moi fort continue avec Beaucoup. Nous voici dix ans plus tard, en mai 2014. Adam Gibson est veuf. Il vient de perdre sa femme qui a été emportée par un troisième cancer après des années de maladies, de rémissions et de rechutes. Il a besoin d'occuper son esprit pour ne pas sombrer. Une macabre enquête va lui être confiée. Finalement, ce n'est pas dans le désespoir qu'il sombrera, mais dans beaucoup plus que cela...
Serre-moi fort se termine À la folie, nous sommes en novembre 2015 et assistons impuissants à un duel psychologique qui finira par nous mettre KO.

Un roman organisé en trois parties marquées par des scènes d'une puissance, d'une violence psychologique qui monte crescendo à en devenir insoutenable. Si le roman était adapté au cinéma certaines scènes deviendraient des scènes cultes. Je pense tout particulièrement à celle de la prison. Je n'en dis pas plus, mais ceux qui on lu Serre-moi fort ne pourront que partager mon point de vue. L'écriture de Claire Favan est fluide, parfaitement maîtrisée pour rendre l'ambiance noire et psychologiquement très pesante.
Au final, si vous ne connaissez pas les romans de Claire Favan,  que vous appréciez la littérature noire, vous ne pourrez qu'être emballé par Serre-moi fort. Et si comme moi, vous avez lu dernièrement Miettes de sang, un conseil, laissez passer un peu de temps avant de plonger dans la noirceur de ce dernier Favan.

Belle lecture !

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